Le président du circuit A1 Padel Fabrice Pastor a répondu aux questions du quotidien El Mundo à l’occasion du partenariat signé avec les Yankees de New York. Cet accord, qui va permettre à l’homme d’affaires monégasque d’être au coeur du développement du padel professionnel aux États-Unis, est symbolique de la guerre livrée dans les coulisses entre les acteurs principaux du padel.
Tandis que le sport est en pleine expansion mondiale au niveau amateur, les trois circuits professionnels (World Padel Tour, Premier Padel et A1 Padel) ne cessent de se mettre des bâtons dans les roues à tous les niveaux : conflits entre joueurs, marques, managers, promoteurs autour des questions d’argent et de pouvoir.
“Je ne comprends pas le sectarisme, déclare Fabrice Pastor. Ils disent maintenant qu’il n’y a pas d’exclusivité, mais les joueurs signent des contrats de 25 ans avec un circuit. Quelle est cette stupidité ? Un joueur signe parce qu’il y a de l’argent à gagner rapidement, c’est la culture du dollar. Nous faisons les choses différemment, je n’empêche pas mes joueurs de participer à d’autres tournois.“
Dans cette interview, le président d’A1 Padel s’en prend notamment à Nasser Al-Khelaïfi, président du Paris-Saint-Germain, mais aussi et surtout principal promoteur de Premier Padel, le circuit financé par le Qatar aux prize-money incomparables : “Nous n’avons pas eu besoin d’acheter quelqu’un ou d’annoncer des prix démesurés. L’année dernière, Premier a annoncé 12 tournois et en a joué 4 (NDLR : 8). Cette année, ils en ont annoncé 15 et leur calendrier en compte 8. Parce que j’essaie de construire, les autres n’ont fait qu’essayer de maintenir le monopole et le monopole n’existe plus.“
À noter que, si on en croit les rumeurs d’absorption du World Padel Tour par Premier Padel, cela signifierait que le président de QSI et celui de A1Padel représenteraient le padel professionnel. Pour l’instant, les relations entre les deux hommes n’ont pas l’air d’être placées sous le signe de la discussion.
“C’est la mafia de la rue !”
L’homme d’affaires monégasque a une position claire sur la situation actuelle du padel professionnel : il souhaite unifier les circuits pour aboutir à un classement général des joueurs, avec un Top 10 mondial qui serait incontestable, contrairement à aujourd’hui. Cependant, il dénonce les manœuvres utilisées par ses adversaires pour garder le contrôle des joueurs :
“Comment pouvez-vous empêcher un joueur de faire une exhibition ou d’avoir un sponsor ? Ils essaient de nous faire taire et nous ne sommes pas à vendre pour quelques pesos. Certains joueurs de mon circuit se sont vus proposer un contrat qui correspondait à trois loteries, et ils ont refusé.“
Le Monégasque demande aux joueurs de réagir en créant une association globale qui pourrait parler à tout le monde, mais il précise que ce n’est pas possible à cause de la pression que les marques et les contrats exercent sur ces femmes et ces hommes qui ne sont pas libres de leurs choix de carrière selon lui :
“Certaines marques vont en Argentine, prennent les garçons les plus humbles, les emmènent à Madrid, les paient une misère, 300 euros, et si demain quelqu’un vient les chercher, elles demandent des clauses de sortie de 100 000 euros. C’est une honte. Ils ne sont pas libres.“
10.000 terrains de padel aux États-unis
La colère du président d’A1 Padel est palpable, malgré l’accord en or qu’il vient de signer avec la Yankee Global Entreprises, le groupe en charge des New York Yankees en MLB. Ce partenariat va faciliter l’implantation prioritaire d’A1 sur le territoire américain avec notamment un tournoi à New York et un à Miami en hiver.
Fabrice Pastor prévoit également de construire environ “5.000 à 10.000 terrains de padel à travers le pays […] Ils auront la NFL, la MLB et ils auront ‘A1Padel’“. Les ambitions du Monégasque n’ont pas de limite puisqu’il compte maintenant “sauter dans un avion pour l’Asie et être le meilleur, ou le seul circuit au monde“. La lutte promet d’être acharnée dans les prochains temps à coup de dollars, de stratégies de développement, d’influence en coulisses, mais surtout de dollars…
Retrouvez l’intégralité de l’entretien sur le site d’El Mundo.
Joueur de tennis en compétition, Martin découvre le padel en 2015 en Alsace et fait son apparition dans quelques tournois sur Paris. Aujourd’hui journaliste, il traite de l’actualité padel tout en poursuivant son ascension dans le monde de la petite balle jaune !