Après l’Espagne, la France est le pays d’Europe où le padel-fauteuil connaît le plus vif succès. Respectivement n°1 et 5 du classement des joueurs tricolores en fauteuil, Sébastien Husser-Walter et Tony Boval sont deux des artisans de cet essor et des habitués des tournois : ceux en fauteuil et parfois ceux pour les joueurs valides, où ils impressionnent leurs adversaires.
Aujourd’hui, Seb l’Alsacien (*) et Tony le Nordiste (et alsacien d’adoption) caressent un rêve : celui de voir le padel en fauteuil débarquer dans l’enceinte magique du stade de Roland-Garros, à l’occasion du prochain Greenweez Paris Premier Padel Major, en septembre prochain.
Un développement fulgurant en un an
Nous leur avons demandé ce qui plaide pour que le padel-fauteuil déploie ses roues sur les pistes de la Porte d’Auteuil :
“Du padel-fauteuil à Roland, ça irait dans la lignée du développement fulgurant de cette discipline en France, en à peine plus d’un an, estime Sébastien. Les joueurs sont présents, motivés et l’esprit padel est vraiment orienté vers l’inclusion et le partage. On le voit à travers l’attitude des joueurs valides, dont beaucoup sont volontaires pour jouer avec nous. On voit aussi que les partenaires sont accueillants envers le padel-fauteuil, mais aussi les clubs : beaucoup de structures, y compris privées, m’appellent car elles veulent développer les choses, mettre en place des entraînements et organiser des tournois.”
“C’est par exemple beaucoup moins le cas dans le tennis. L’esprit padel favorise cette inclusion beaucoup plus facilement, on le constate. J’ai moi-même eu l’occasion à plusieurs reprises de participer à des tournois en catégories P100 et P250, et j’ai toujours été bien accueilli par mes adversaires… mêmes ceux que j’ai battus (rires).”
Une exhibition lors du Human Padel Open de Toulouse
“Accueillir du padel-fauteuil à Roland-Garros permettrait à la France d’être une nouvelle fois pionnière en la matière, comme elle l’a été l’an dernier en organisant le premier tournoi international de padel-fauteuil au Mans. C’était la première fois qu’un pays réunissait autant de nationalités dans cette discipline : même en Espagne, ça n’avait jamais eu lieu. Et en juin prochain à Toulouse, il y aura également une exhibition de padel-fauteuil dans le cadre du Human Padel Open, une première lors d’une épreuve française du World Padel Tour.”
“Faire entrer le padel-fauteuil dans un lieu aussi mythique que Roland-Garros, ce serait vraiment un rêve. Ça irait dans la lignée du développement de notre discipline. J’ai de plus en plus d’appels de dirigeants de clubs qui me disent “On veut faire un tournoi”. Déjà cette année, on aura entre 15 et 20 tournois de padel-fauteuil en France, certains couplés à des tournois de tennis mais de plus en plus 100% padel. Ces tournois sont homologués en tant que P100 et donnent lieu à l’attribution de points selon le même barème que les tournois pour les joueurs valides.”
Concrètement, comment se déroulerait la compétition ?
“Les deux derniers jours de Roland-Garros, expliquent Seb et Tony, il n’y a que quatre demi-finales à jouer dans le tournoi pro le samedi et les deux finales le dimanche. Seul le central sera occupé par les matchs les deux derniers jours, les terrains annexes seront donc libres. C’est pourquoi il est vraiment possible de faire un tournoi en fauteuil sur deux jours, avec une journée de qualifs sur les courts annexes pour huit ou seize équipes et une journée dédiée aux matches de classement et à la finale, qui pourrait même se jouer sur le central.”
L’avenir du padel-fauteuil en France
“Pour la pratique en elle-même, notre souhait d’ici 5 ou 10 ans est qu’il y ait de plus en plus de pratiquants qui jouent régulièrement. Aujourd’hui, on est 70 joueurs en fauteuil dans le classement français. Mais souvent, ce sont des joueurs de tennis qui jouent au padel à l’occasion d’un tournoi de tennis-fauteuil. Et beaucoup d’entre eux ne jouent pas au padel en dehors de ces compétitions.”
“L’objectif serait qu’il y ait davantage de joueurs dans notre classement mais aussi qu’ils jouent et s’entraînent de leur côté, avec la mise en place de structures d’entraînement. Il faudrait aussi un calendrier de compétitions encore un peu plus étoffé, avec des épreuves spécifiques padel. Certaines ont déjà lieu sur deux jours, c’est mieux pour les joueurs qui viennent de loin que de faire un aller-retour pour une seule journée.”
“On peut aussi imaginer des événements parallèles avec d’un côté un tournoi valide – auquel les joueurs en fauteuil peuvent participer – et de l’autre un tournoi en fauteuil, imagine Tony. L’idée c’est de mélanger tout le monde pour que nous puissions voir jouer les valides et qu’eux nous voient jouer et connaissent ainsi notre discipline.”
Une Coupe du monde en mai à Madrid
“Comme nous sommes des compétiteurs, on aimerait aussi voir se développer la compétition et le haut niveau pour des joueurs en fauteuil, avec même un circuit international, pourquoi pas ? Et si un jour le padel-fauteuil est intégré à la FFT – ce que nous souhaitons – cela suppose une délégation ministérielle qui aurait plusieurs implications : que la fédération organise un circuit, un classement, une sélection nationale, des stages, un budget spécifique, etc. Cela nous permettrait de participer à des compétitions internationales comme des championnats d’Europe ou du monde s’ils sont mis en place un jour.”
“D’ores et déjà, une équipe française composée de trois paires va participer mi-mai de cette année à la première Coupe du monde officieuse de padel-fauteuil. Cette compétition se fera à l’invitation de l’Espagne, et réunira à Madrid des joueurs de sept pays : l’Espagne, l’Argentine, la France, le Costa-Rica, le Chili, la Belgique et les Pays-Bas – ces deux derniers pays formant une seule équipe.”
“On aurait aimé que la FFT nous subventionne pour cet événement, mais ce n’est pas possible car il n’y a pas eu de qualifications pour sélectionner les équipes, regrette Sébastien Husser. Ce n’est pas un événement officiel, donc cela ne peut pas être considéré comme une “Coupe du monde”. Pour cela, il faudrait aussi que ce soit organisé par la Fédération internationale de padel. Mais ça viendra un jour, en tout cas on l’espère !”
Rendez-vous à Casa padel fin août
Autre événement majeur à venir pour les joueurs de padel-fauteuil, la seconde édition du tournoi international né l’an dernier au Mans.
“Cela aura lieu cette année à Casa Padel, en région parisienne. L’objectif est de doubler le nombre de paires admises en passant de 12 à 24. On espère réunir des Espagnols, des Néerlandais, des Belges, des Britanniques, des Italiens, des Suédois, mais aussi des Sud-Américains. Le tournoi est prévu du 30 août au 1er septembre, la semaine avant Roland-Garros. Il y aura notamment, à cette occasion, une exhibition avec Mélissa Martin et normalement Cyril Hanouna, qui a accepté de nous parrainer ; ils joueront avec deux joueurs en fauteuil. Et on aimerait aussi qu’il y ait des joueuses en fauteuil et pas uniquement des joueurs. Elles sont peu nombreuses mais il y en a quelques-unes. On cherche d’ailleurs des partenaires pour boucler le budget de ce tournoi.”
(*) Sébastien Husser et Tony Boval sont membres de l’Union Handisport Wittelsheim, une association alsacienne.
Après 40 ans de tennis, Jérôme tombe dans la marmite du padel en 2018. Depuis, il y pense tous les matins en se rasant… mais ne se rase jamais pala en main ! Journaliste en Alsace, il n’a d’autre ambition que de partager sa passion avec vous, que vous parliez français, italien, espagnol ou anglais.