Cancel/Grué : “franchir les étapes petit-à-petit”

Franck Binisti rencontre Ludovic Cancel et Benjamin Grué, respectivement 17ème et 19ème au classement de padel de la FFT de novembre 2021.

Deux anciens tennismen classés 0

Franck Binisti : Racontez-moi votre parcours, votre cheminement jusqu’au padel ?

Ludovic Cancel : Je viens, comme beaucoup de joueurs, du tennis. J’étais classé 0 à mon meilleur classement il y a quatre ans. C’est d’ailleurs à cette date que j’ai commencé le padel et depuis je perds un classement par an ! Un ami du tennis, Valentin Massé, m’a fait découvrir le sport sur un “Happy Hour” au Toulouse Padel Club et j’ai tout de suite accroché avec ce sport. J’étais de toute façon dans une phase où je décrochais avec le tennis et le padel est ainsi apparu dans ma vie comme cela. Les premiers mois, je ne jouais presque pas car je ne connaissais pas les joueurs et pour moi le padel ne venait qu’en second plan par faute de temps car je préparais mon concours de professeur de physique-chimie. Puis petit-à-petit, j’ai joué de plus en plus, le padel est devenu une passion pour moi et dès la deuxième année, quand j’ai eu plus de temps, j’ai pu m’entraîner plusieurs fois par semaine et continuer à progresser jusquel-à.
A la base je suis Toulousain mais je suis maintenant à Perpignan depuis un an et je peux dire que j’y ai été extrêmement bien accueilli par la communauté padel !

Benjamin Grué : J’ai été joueur de tennis pendant vingt ans jusqu’au classement 0 et enseignant de tennis (titulaire du DES mention entraînement) pendant 10 ans au club de Léognan (dans la région bordelaise). Voulant pratiquer une autre activité plus ludique, j’ai essayé le padel début 2016. Étrangement je me suis vraiment pris au jeu six mois après mes débuts en commençant la compétition.

Je m’investis aujourd’hui pleinement depuis 18 mois sur le circuit français car j’ai arrêté mon activité d’enseignement de tennis, ce qui me permet de me déplacer le week-end.

“Aller le plus loin possible ensemble”

Franck Binisti : Votre association était naturelle ? On voit beaucoup de paires se séparer, se remettre… Vous, c’est différent, vous êtes toujours ensemble. Votre ambition est de vous construire ensemble ?

Benjamin Grué : J’ai connu trois partenaires depuis que j’ai commencé. D’abord Julien Castaing, la personne avec qui j’ai commencé, nous sommes montés 40 français ensemble. Puis Maxime Vian, un ami d’enfance avec qui j’ai joué 6 mois. Puis désormais Ludo avec qui j’ai commencé le projet en janvier 2021.

Nous avions fait notre premier tournoi en novembre 2019 et nous l’avions remporté (un P500 à La Teste), puis il m’a demandé de m’associer avec lui. Ne pouvant pas m’engager à cause de mon travail (pas disponible le week-end),
nous n’avons pu faire que 3 P1000 ensemble lors de l’année 2020, pendant les vacances scolaires. Nous avons très bien joué (3e à Perpignan, 3e à Vence et 5e à Nîmes).

Une fois sa collaboration finie avec Mathieu Armagnac, notre association était plutôt naturelle au vu de nos résultats et de notre entente. En un an, nous avons franchi certains paliers tous les deux et nous en sommes très fiers. Nous avons l’ambition de nous construire ensemble tant que notre projet est commun et partagé. Mais on se laisse aussi l’opportunité de jouer avec d’autres joueurs pour progresser sur certains tournois P1000 ou internationaux.

Ludovic Cancel : Notre association s’est plutôt faite naturellement. Notre premier tournoi ensemble s’est fait il y a deux ans où chacun avait son partenaire respectif qui commençait à lever le pied. On avait gagné ce tournoi en battant de bonnes paires bordelaises et je pense que nous nous sommes bien sentis tous les deux sur les terrains naturellement. Après cela, on a essayé de jouer le plus possible ensemble mais benjamin était moins libre que moi. J’avais donc joué avec Matthieu Armagnac sur les tournois les plus importants puis nous avons décidé de jouer ensemble l’année dernière sur le plus de tournois possibles. En fait, ça a été tous les tournois.
Je pense que nous avons compris tous les deux que le padel est un sport d’équipe, que 1 + 1 = 3 et que c’est seulement grâce à cet état d’esprit d’équipe que nous avons réussi à progresser et à monter en puissance ensemble au cours de ces derniers mois.
Pour moi l’ambition est évidemment d’aller le plus loin possible ensemble. Et je pense que Benjamin est exactement dans la même démarche. Nous discutons tous les deux franchement sur nos résultats et nos tournois et nous nous remettons toujours en question pour continuer nos progrès. Donc oui, l’ambition est de continuer ensemble le plus loin possible pour ma part.

Franck Binisti : Que pouvez-vous vous reprocher en tant que partenaires ?

Ludovic Cancel : Disons que le thème de l’été est le petit coup de mou au début/milieu du second set.

Benjamin Grué : De manger trop de Burgers ! (rires)

L’équipe de France dans le viseur ?

Franck Binisti : Vous avez un jeu assez offensif. C’est quelque chose que vous travaillez, qui vient d’une volonté particulière ?

Benjamin Grué : Nous savons que c’est une de nos forces, on est capable de percuter tous les deux en attaque. Nous souhaitons garder cette identité de jeu en progressant dans notre jeu de défense. On souhaite jouer un padel offensif tout en construisant avant de finir les points.

Ludovic Cancel : On nous donne très souvent cette image de jeu offensif et il faut avouer qu’à la base nous n’avions que ce plan A. Être offensif était naturel chez nous. Mais dorénavant, nous avons travaillé notre défense et je nous place tous les deux comme des joueurs polyvalents, pouvant évoluer à droite comme à gauche, et c’est ce qui fait notre force. L’objectif est d’avoir deux vitesses de jeu contrôlées. Une très rapide lorsque nous sommes en position d’attaque et une très lente lorsque nous sommes en défense.

Franck Binisti : Quelles sont vos ambitions ? L’équipe de France est dans le viseur ? Qu’est-ce qui vous manque pour faire partie des tous meilleurs en France ?

Ludovic Cancel : Mes ambitions sont de continuer à prendre du plaisir tout d’abord et de continuer à progresser continuellement comme je l’ai fait jusqu’à présent. La Team France est un rêve que j’ai en tête depuis deux ans pour être honnête. Mais jusqu’à présent, en restant lucide et surtout en évoluant plutôt du côté gauche, je ne pouvais qu’espérer être dans la short-list des remplaçants au mieux. Aujourd’hui je m’étonne moi-même de me sentir “presque” au niveau des meilleurs et je me dis : “pourquoi pas”. Mais la Team France n’est pas quelque chose que je peux maitriser donc je ne préfère pas y penser. Déjà, être présent aux stages équipe de France sera très bien. D’abord le plaisir, les progrès, les résultats et advienne ce qui adviendra. Restons lucides, j’ai encore une bonne grosse année de travail avant de pouvoir prétendre à être sélectionné.
Il me manquerait un gros smash je pense ou arriver à être plus décisif en un coup. Sinon, il faut que je bascule à droite.

Benjamin Grué : Mes ambitions en termes de résultats pour 2022 seraient de participer à un stage en équipe de France, rentrer dans les 10 premiers français, faire une demi-finale en P2000 et prendre de l’expérience sur des tournois internationaux.

Mes objectifs en terme de progression c’est de continuer mon développement physique avec l’appui de mon préparateur Physique Guillaume Pigache, progresser techniquement et tactiquement avec mon entraîneur Philippe Baget du Central Padel à Saint-Jean-de-Luz et des stages d’entraînement à Santander (Santander) pour continuer à apprendre.

Pour l’instant les joueurs en équipe de France sont au dessus mais je travaille au quotidien pour m’en rapprocher.
Aujourd’hui pour mériter notre place nous devons battre des joueurs du top 10 régulièrement.

Je suis très jeune sur le circuit, seulement 18 mois que je le joue a fond. Il faut franchir les étapes petit-à-petit. Il me manque de l’expérience sur les gros matchs pour arriver à être lucide et serein sur les moments importants. De plus cela ne fait que deux mois que je m’entraîne avec un coach padel, j’ai vraiment plein de choses à apprendre.

Des crampes dans l’avion et un bon souvenir !

Franck Binisti : Votre plus beau souvenir ? Votre plus gros match ?

Ludovic Cancel : Avec Benjamin, je dirais le match où l’on perd 6/4 au dernier contre Maigret/Scatena à Toulouse. On était vraiment en phase sur le terrain.

Benjamin Grué : Pour moi le plus beau souvenir c’est notre 5e place aux championnats de France en gagnant des gros matchs au combat. Le plus gros match contre Pech/Theard à Toulouse en juillet : 2h30 de jeu où nous avons tous fini avec des crampes en gagnant 6/3 au troisième.

Franck Binisti : Une anecdote insolite sur un match, un comportement, un point ?

Benjamin Grué : A Vence en août 2020, je fais une déshydratation à 7/6 4/0 contre Mitjana/Toniutti pour la troisième place. J’essaie de m’accrocher comme je peux. On finit par gagner par miracle. Le retour en avion à été compliqué pour moi…Ça reste des bons souvenirs maintenant.

Ludovic Cancel : Oui, on perdait 7/6 4/0 et il a sorti deux retours exceptionnels comme “la technique de l’homme ivre en kung-fu”. Derrière, le match se renverse on les tire au tie break où Tom Mitjana fait un smash gagnant, croit avoir gagné le match, et en fait il y a 6 à 3 pour eux. Je glisse à l’oreille de Ben que je suis sûr qu’on va gagner le match ! On s’en sort dans ce tie-break et ensuite après un super tie où chacun a eu des balles de matchs, on finit par gagner. Après retour en Uber puis avion et Benjamin avait des crampes généralisées continuellement aux abdos et tout son corps. Je lui portais ses affaires et je revois dans ma tête encore la boule de crampe sur ses abdos quand il était coincé dans l’avion. On a bien rigolé et c’est un super souvenir pour moi !

Quelques tournois internationaux dans le futur ?

Franck Binisti : J’aimerais avoir votre avis sur le développement du padel en France, mais aussi international ? On vous verra un jour sur le circuit WPT / APT / FIP ?

Benjamin Grué : Aujourd’hui avec la nomination d’Arnaud Di Pasquale, le padel est sur la bonne voie, on voit une réelle envie d’aller de l’avant. Construction de terrains, formation des enseignants, développement chez les jeunes, organisations de gros tournois internationaux…Il faut prendre le train en marche car on voit un fort développement dans les pays en Europe comme la Suède ou l’Italie.

De plus la diffusion du WPT sur Canal et des championnats du monde au Qatar sur Bein Sport aide considérablement à faire connaître notre sport.

L’an dernier nous avons fait notre premier FIP à Canet et ce fut une superbe expérience. Cela m’a donné envie de recommencer l’expérience, soit sur un FIP ou sur le circuit APT en fonction des possibilités et des disponibilités.

Ludovic Cancel : Je suis heureux que le padel prenne beaucoup d’ampleur ces derniers temps car c’est un sport qui le mérite. Niveau compétition à notre échelle, je trouve très dommage que plusieurs P1000 puissent être faits le même week-end. Je pense qu’il va y avoir trop de P1000, qu’ils vont être décrédibilisés et que cela risque de trop bouleverser l’échelle des classements. Sur les P2000, il serait intéressant que tout le monde commence en seizièmes comme aux France, pour éviter les points gratuits qui entretiennent trop facilement les têtes de listes en haut du classement. Un premier tour gagné par une tête de série équivaut au minimum à un P1000 quand même !

WPT/APT/FIP, pour le moment c’est compliqué avec mon travail mais je n’exclue pas l’idée d’une petite pause scolaire si un jour j’arrive à prétendre à ce niveau-là !

Team Padel Mag

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