Après une année 2023 riche en enseignements, Camille Sireix (225 FIP) s’exprime sur son parcours, les côtés positifs et négatifs du padel en Espagne et son opinion sur les Championnats de France Interclubs de N1. Son regard est tourné vers 2024, une année qu’elle aborde avec des objectifs clairs : intégrer l’équipe de France et améliorer son classement, tout en continuant à parfaire son jeu.
Son bilan 2023 et ses axes d’amélioration
“Sur l’année 2023, la première chose que j’aurais pu améliorer, c’est de prendre un peu plus soin de moi et notamment de mon corps. De cette façon j’aurais peut-être évité trois mois d’arrêt à cause d’une blessure au pied. Je ne me suis pas écoutée. J’avais mal et j’ai continué à jouer parce que j’avais envie de progresser. En réalité, j’ai vu un peu trop à court terme, j’ai poursuive malgré la douleur et me suis retrouvée avec une déchirure à la voûte plantaire et à devoir faire des injections de plasma riche en plaquettes (PRP). J’ai été arrêtée en plein été, à une période où j’aurais pu enchaîner les matchs, les tournois : ça m’a donc bien coupée dans cette saison.
Sinon sur le plan positif, je ne savais pas si j’allais aimer m’engager comme une joueuse professionnelle, m’entraîner tous les jours, m’investir autant, et finalement j’ai réalisé que j’adorais ça et que j’avais vraiment envie de continuer dans cette voie-là. Ça, c’est très positif, parce que je pense qu’il faut vraiment voir à moyen/long terme pour des projets comme ça.
Concernant les résultats purs, j’aurais voulu faire mieux. Après, je n’ai pas joué tant de tournois que ça finalement. Je pense que stratégiquement je me suis peut-être trompée aussi. J’ai voulu commencer rapidement sur les FIP, faire la course aux points alors que je n’avais pas beaucoup d’expérience en match. Après coup, je me dis que j’aurais dû commencer par faire plus de tournois d’entraînement, comme les catalans, pour gagner en expérience sur le terrain et en compréhension du jeu. Je pense que je me suis un peu plantée là-dessus, je me suis rendu compte trop tard que la plupart des matchs que je perdais, c’était dû à un manque de compréhension stratégique de ce sport. Je me suis fait beaucoup de fois dominer stratégiquement et assez logiquement au vu de mon passé de joueuse de tennis et non de joueuse de padel.
“Au début, dans ma structure d’entraînement, j’ai privilégié pas mal les cours individuels pour développer mes coups. Je faisais aussi des cours collectifs avec des garçons à cause d’un manque de filles, mais être en situation de match avec des filles qui jouent vraiment “padel”, ce n’est pas pareil. Après, ça a été aussi une année très positive dans le sens où j’ai pu trouver des axes de travail. J’ai changé pas mal de fois ma manière de m’entraîner. Je me suis posé beaucoup de questions et maintenant j’ai une structure qui est plus stable et qui me correspond plus.
Je pense que l’année 2023 m’a permis de mettre certaines bases en place pour essayer de trouver ce qui me convient le plus, que ça soit sur le padel, sur la manière de m’entraîner, sur le physique, sur la récupération, et sur les « à cotés ». Je pense avoir appris de mes erreurs, ce qui est forcément positif pour la suite.”
Un manque de filles un peu partout…
“Je suis dans une académie à Barbera qui s’appelle Air Club et je m’entraine avec Xavi Figols. Je suis très contente d’y être. Au début, je m’entraînais avec Élodie Invernon et Wendy Barsotti. Élodie est partie pendant que j’étais blessée en juin 2023. Actuellement je m’entraîne en partie avec Wendy. On a essayé de jouer ensemble sur quelques tournois en fin d’année 2023, mais finalement on a décidé d’arrêter parce que nos jeux ne se complémentaient pas si bien que ça sur le terrain, ça arrive, ça fait partie du jeu.
Mais on continue de s’entraîner ensemble, ça se passe très bien. J’ai l’impression de continuer à progresser et d’évoluer dans une direction qui me plait. Le seul point négatif dans notre académie, c’est le manque de filles mais bon malheureusement, c’est un peu le cas partout.”
Points positifs et négatifs en Espagne
“L’énorme point positif, c’est les entraîneurs et la qualité des entraînements. Je pense qu’elle est aujourd’hui en général meilleure qu’en France dans le sens où les entraîneurs espagnols ont une expérience sur le padel qui est bien plus élevée. D’un point de vue technique et stratégique, je ressens vraiment la différence. Je pense qu’à l’instant T si tu veux progresser et vraiment comprendre ce qu’est le padel, tu dois aller en Espagne. Cela étant, il n’y a pas que des avantages, je pense qu’en France on a des profs qui sont peut-être plus structurés, un peu plus professionnels.
En Espagne, c’est à toi de mener ton projet de A à Z, il n’y a personne qui va te prendre et te dire : “Dans trois mois je te vois ici, dans six mois là, dans deux ans ici et on va faire ça et ça”. Quand on arrive en Espagne, il faut construire son projet, poser des questions et vraiment s’investir. C’est au joueur de tout construire de A à Z, et ça ce n’est pas évident. Surtout quand on ne connaît pas trop le padel et qu’on ne sait pas trop comment ça fonctionne. Je dirais que c’est un peu le point négatif.
Après le point positif aussi, c’est qu’ici il y a un circuit catalan où il y a vraiment des joueurs de très haut niveau, que ce soit chez les filles ou chez les garçons. Pour faire des matchs d’entraînement et pouvoir se confronter aux meilleures, c’est incroyable. Moi je trouve que je n’en ai pas assez profité, je pense que je vais essayer d’en faire un peu plus. Un autre point positif c’est que quand tu pars pour l’Espagne, tu pars pour un projet vraiment professionnel où tu t’investis à fond et du coup, tu en apprends sur toi tous les jours. Quand tu y es, tu sais pourquoi tu es là et forcément tu dédies ton énergie à trouver des solutions face aux problématiques que tu rencontres.
Autre point positif, tu es dans une culture padel qu’il n’y a pas encore en France aujourd’hui même si elle se développe très vite et c’est génial d’ailleurs. Le mieux c’est de venir voir sur le circuit catalan le nombre de joueurs qu’il y a. Forcément quand tu baignes un peu dans cette culture-là, tu vois aussi plein de matchs hyper intéressants, donc tu apprends en regardant, en discutant et tu rencontres des nouvelles personnes. Il y a quand même beaucoup de monde qui joue au padel donc si tu es passionné, c’est vraiment là que tu dois être je pense. J’espère qu’on dira dans quelques années qu’il faut être en France pour progresser au padel, ça serait incroyable. Mais pour le moment, c’est sûr que les Espagnols ont une avance sur nous.”
Son avis sur la Nationale 1
“Alors même si j’ai joué pour Palavas durant les Interclubs avec une Argentine et une Espagnole, j’avoue que je suis mitigée sur la question. Mon premier ressenti quand tu me poses la question, j’ai envie de te répondre que je suis plus pour un Championnat de France qui reste uniquement Français. Je pense qu’il y a d’autres moments où on peut faire venir des Espagnols. Peut-être qu’il faudrait créer un autre championnat par exemple.
Je te dis ça et en même temps pour moi en tant que joueuse, jouer avec une espagnole de ce niveau, c’était génial. J’ai joué avec Andréa Ustero et c’était incroyable sur le terrain, c’est une expérience que je n’aurais jamais vécue si Palavas n’avait pas pris ces joueuses donc ça c’est top. Même pour celles qui étaient en face, je pense que c’est hyper formateur !
Et forcément pour le public, les gens qui sont passionnés de padel, qui voient des joueurs et des joueuses de ce niveau là c’est incroyable, ça donne tellement envie. Cependant, c’est un Championnat de France et bien que tout le monde dise : “Oui mais au tennis on prend des étrangers, pourquoi pas au padel ?”, pour moi c’est un argument qui ne tient pas la route.
Moi, je suis un peu plus pour que l’on reste avec des Français et qu’on essaie de se battre avec l’équipe qu’on a. Parce que sinon, personnellement, je trouve que si tu es un club qui a de l’argent, tu achètes des étrangers et c’est le club qui a le plus d’argent qui va gagner le Championnat. Bon et à la fois, tu peux aussi acheter des Français donc mon argument ne tient pas vraiment la route (rires). Et d’ailleurs, les Espagnols ont montré un état d’esprit top sur le terrain et en dehors, ils ont bien mis l’ambiance, donc on est quand même loin de l’ « esprit mercenaire » qui pouvait me déranger au tennis.
En fait, dans mon utopie, je préférerais que les clubs forment des joueurs et puis derrière regardent plutôt à moyen long terme et se disent : “On forme nos joueurs et maintenant on a gagné ce titre grâce à la valeur de notre formation”. Pour moi ça a plus de valeur à mes yeux, mais c’est personnel.
Et d’un autre côté, c’est le début des Championnats de France Interclubs, le padel est en plein développement en France, c’est quand même hyper récent, ça fait aussi une belle promo. Ça a ramené énormément de monde à Padel Horizon on ne va pas se mentir. Le monde qu’il y avait, je pense que c’est dû également au fait qu’on savait que les Espagnols allaient être-là, et le niveau était incroyable. Franchement, tout le monde avait envie de rester pour voir les matchs.”
Ses objectifs 2024
“Mes objectifs en 2024, c’est forcément l’équipe de France. C’est quelque chose qui me plairait énormément parce que ce sont des émotions de dingue, et représenter son pays dans son sport c’est quelque chose d’incroyable. Également, aller jouer sur les tournois internationaux, gagner plus de points et monter dans le classement international. C’est mon objectif en parallèle des Championnats de France. Après je suis vraiment sur un objectif de contenu parce que j’ai plein d’axes de progression et je pense que les résultats vont venir par la suite.”
Nouvel adepte du padel, je suis fasciné par ce sport dynamique qui allie stratégie et agilité. Je trouve dans le padel une nouvelle passion à explorer et à partager avec vous sur Padel Magazine.