We Are Padel, un des plus gros centres privés de padel en Europe, risque de fermer la moitié de ses clubs en Suède…
La Suède serait-elle le miroir de la future France du padel ? La question vaut d’être posée, alors qu’on apprend que la franchise suédoise We Are Padel (WAP) pourrait fermer environ la moitié de ses quelque 80 complexes. En cause, une rentabilité insuffisante et des pertes de 1,4 million d’euros par mois à l’échelle du pays, soit près de 17 millions par an.
Cette information est issue du site suédois Padelfeber, et reprise par PadelAlto en langue anglaise. WAP emploie environ 300 personnes en Suède, dont une partie pourraient perdre leur travail. La cause des pertes financières ? Une offre en terrains qui a explosé courant 2021, avec notamment des clubs “publics” aux tarifs inférieurs et qui ne sont pas soumis aux mêmes impératifs de rentabilité que le privé. Aujourd’hui, on compte environ 3500 courts de padel en Suède, soit une piste pour 3000 habitants ! En France, c’est plutôt une piste pour 50 000 habitants…
Energie trop chère, loyers trop élevés
Un autre coup de massue est lié à la guerre en Ukraine et à l’explosion des coûts de l’énergie, le plus souvent indispensable pour chauffer les salles de padel, dans ce pays où il fait très froid. WAP est d’ailleurs en train de tenter de renégocier à la baisse les prix des loyers de ses salles de padel.
We Are Padel appartient au groupe LeDap (ou Padel en verlan). Comme nous l’indiquions dans cet article, ce groupe exploitait plus de 90 centres et 600 terrains de padel fin 2021, sous les marques We Are Padel (Suède), Just Padel (Norvège), Padel Club Finland, Padel Tampere, ProPadel (Finlande), Padel Zone (Autriche), etc. LeDap prévoyait même de doubler son activité en 2022, avec plus de 200 sites et 1700 pistes de padel.
Dans un post Facebook, notre collègue Romain Taupin évoque “un séisme dans le monde du padel”, estimant que “la concurrence des clubs de tennis publics en Suède a créé une trop grande offre par rapport à la demande”. Il y voit à la fois “une mauvaise et une bonne nouvelle”, de nature à convaincre “les entrepreneurs privés qu’il faut un développement du padel intelligent et groupé, qui suive une logique économique stricte, loin des fantasmes de devenir millionnaire”.
Romain Taupin, Padelonomics
En France, attention à la casse
Le revers financier qui touche We Are Padel en Suède montre bien qu’aussi vif soit l’essor mondial du padel, son développement ne peut pas faire l’économie d’une réflexion sur le nombre de terrains, les lieux où ils sont implantés et le modèle économique privilégié.
Avec quelque 1400 terrains aujourd’hui, la France est en retard sur la Suède. Mais compte tenu de la coexistence historique entre les opérateurs privés et les clubs associatifs – où de l’argent public finance en partie les infrastructures – il est indispensable que la FFT et le ministère des Sports encadrent et régulent les futures constructions et le développement de ce sport. Sans cela, en France aussi, il y aura de la casse !
Après 40 ans de tennis, Jérôme tombe dans la marmite du padel en 2018. Depuis, il y pense tous les matins en se rasant… mais ne se rase jamais pala en main ! Journaliste en Alsace, il n’a d’autre ambition que de partager sa passion avec vous, que vous parliez français, italien, espagnol ou anglais.