Ce sont peut-être des petits faits anodins, voire inconscients, tout comme il peut s’agir de signes que la suite se prépare déjà dans la tête de Fernando Belasteguin et son partenaire Arturo Coello.
A l’issue de leur défaite en finale, l’ex-n°1 mondial de 43 ans a rendu hommage aux vainqueurs, au public, et aux “jeunes de 21 ans” avec qui il joue : “Je veux continuer à faire tous les efforts pour pouvoir continuer à disputer de tels tournois devant vous et à le faire aux côtés de garçons de 21 ans, ce que j’apprécie énormément”.
Gravir les marches de la gloire
Même si, en prononçant ces mots, il a désigné de la main son coéquipier espagnol, Belasteguin n’a pas nommé Arturo Coello au micro. Et il a utilisé un pluriel, “chicos de 21”, comme s’il englobait dans cette catégorie un de ses précédents partenaires, Agustin Tapia, et peut-être aussi la ou les futures jeunes pépites à qui il permettra de gravir en accéléré les marches de la gloire.
Prenant la parole brièvement ensuite, Arturo Coello a rendu un hommage appuyé à Lima (“un ancien n°1 mondial) et à Stupa (“un grand joueur”), puis il a estimé que “tous les quatre ont joué un grand match”. Mais il n’a ni remercié ni rendu hommage, ni même cité son coéquipier, qui a baissé les yeux pendant ces propos. Evidemment, cet oubli peut s’expliquer par la jeunesse du natif de Valladolid, qui a eu d’autres occasions d’honorer son légendaire mentor durant leur semaine folle à Mendoza.
On peut aussi y voir la frustration encore présente après être passé si près de la victoire. Coello a notamment dû compenser, dans le premier set, les défaillances d’un Bela qui a souffert le martyr dans sa diagonale face à Stupa, avant de se ressaisir.
Une semaine de rêve, mais une défaite frustrante
Surtout, à 7-6 pour Bela/Coello dans l’ultime tie-break, on retiendra l’image forte d’un Coello se tenant la tête de désespoir et tombant presque à la renverse après leur balle de match ratée. Ce geste a fait suite à un smash lifté de Stupa frappé depuis très loin et passé au-dessus de la tête de Belasteguin, pourtant bien placé au filet. A la place de Bela, Coello (ou un autre jeune joueur) aurait sans nul doute sauté à la verticale et réalisé un par 4 imparable.
Mais Belasteguin, 43 ans, n’a peut-être plus la détente et l’explosivité nécessaires pour ce genre de défense, surtout après trois heures de match. Sur ce smash si important, la légende de Pehuajó a fléchi les jambes mais a renoncé à sauter, ne décollant pas d’un centimètre. Pour une fois, il a fait mentir sa fameuse maxime : “Un Belasteguin ne renonce jamais”.
Quatre points plus tard, le match était plié, mais en faveur de Stupa et Lima. La suite – “les deux méritaient de gagner ce match” – est du story-telling émanant de joueurs élégants, qui se connaissent et s’apprécient. Mais pour Bela et encore plus pour Coello, Mendoza restera comme une semaine de rêve, conclue par une défaite frustrante.
Plus jeune, plus puissant, plus rapide
Ils sauront évidemment se relever et sûrement gagner d’autres titres, ensemble ou séparément. Mais à Mendoza, Arturo Coello a parfois joué sur un nuage, battant les meilleurs et s’approchant comme jamais du firmament du padel. Un jour prochain, il cessera d’être le garçon timide qui s’excuse de ses erreurs auprès de son illustre et légendaire coéquipier, n°1 mondial pendant 16 ans. Ce jour-là s’approche où Coello prendra pleinement conscience de sa valeur et voudra sortir de l’ombre de Belasteguin pour voler de ses propres ailes.
Bela, pour continuer à briller, a besoin d’un équipier plus jeune, plus puissant, plus rapide que lui et sautant plus haut. Avec son mètre quatre-vingt-dix, ses “bras de 17 mètres” (l’expression est du Français Thomas Leygue), sa détente incroyable et sa patte surpuissante de gaucher, Coello a le profil idéal. Il sera donc difficile à remplacer, même si les jeunes joueurs talentueux ne manquent pas.
Combien de temps Bela parviendra-t-il à le retenir ? Pour combien de temps Coello aura-t-il encore besoin de la science et de l’aura de Bela ?
Après 40 ans de tennis, Jérôme tombe dans la marmite du padel en 2018. Depuis, il y pense tous les matins en se rasant… mais ne se rase jamais pala en main ! Journaliste en Alsace, il n’a d’autre ambition que de partager sa passion avec vous, que vous parliez français, italien, espagnol ou anglais.