Patrick Guérin évoque pour nous le modèle de développement du padel que privilégie sa Ligue des Pays de la Loire. Le président de cette ligue préconise également de tirer parti des erreurs commises avec le tennis et d’aider en priorité les joueurs locaux dans leur progression.
Padel Magazine : Présentez-nous le développement du padel dans votre ligue.
Patrick Guérin : « Aujourd’hui, nous avons un centre de ligue particulièrement performant avec quatre pistes de padel dont deux terrains semi-indoor qui permettent de jouer toute l’année. Le plus important n’est pas de construire des pistes, mais surtout de les animer. Et nous essayons à travers la ligue de montrer l’exemple avec la mise en place de nombreuses animations padel, grâce notamment à notre équipe pédagogique. Dorine Rabas gère la partie padel et elle réalise un très bon travail à la ligue. »
Le padel peut aider le tennis à retrouver ses valeurs perdues
« Je pense que nous avons plus que jamais répondu aux objectifs sur la partie padel. En deux ans, nous sommes passés de 0 à 490 licenciés padel. C’est dire le succès de cette discipline au centre de ligue alors qu’il est historiquement ancré dans le tennis. L’ambiance, l’environnement padel me fait penser à celui du tennis il y a 40 ans. Je pense que c’est l’une des raisons de son succès. L’après-padel est très important. C’est un esprit que le tennis doit retrouver impérativement. Et je pense que le padel peut l’y aider. Le tennis aide le padel à se développer. Le padel peut également aider le tennis à retrouver ses anciennes valeurs perdues dans les clubs. »
« L’autre conséquence de cette émulation que crée le padel, ce sont les partenariats que nous créons avec les entreprises. Au padel, on attire des gens. Par exemple, nous travaillons et collaborons avec Décathlon. Cela apporte un surplus de dynamisme, ce qui est très appréciable. »
P.M. : Quels sont les chiffres du padel dans les cinq départements de votre ligue ?
P.G. : « Aujourd’hui nous avons 15 clubs et 38 pistes sur le territoire, en comptant les structures habilitées [Ndlr : les clubs privés]. On a 1050 joueuses et joueurs classés et on a enregistré 141 compétitions homologuées en 2022. Sur le papier, je pense que nous sommes donc sur une très bonne pente. Sans compter les championnats par équipe qui sont en train de se mettre en place avec deux divisions. »
P.M. : En quoi consiste votre politique de développement ?
P.G. : « Notre politique de développement comporte quatre axes.
En matière de compétition, nous allons notamment voter six bourses en faveur de nos meilleurs jeunes. On va aussi organiser des rassemblements, avec détection sur nos cinq départements (Loire-Atlantique, Maine-et-Loire, Mayenne, Sarthe et Vendée) et réaliser une tournée d’une semaine pour les jeunes. Nous allons également organiser un stage encadré par des Espagnols pendant deux jours.
Le FIP RISE proposé au tennis club d’Angers sera certainement relancé. Car les tournois internationaux sont importants. C’est bon pour le dynamisme de la région. »
Dans le cadre de nos aides au développement, on a alloué 8000 euros pour la partie padel.
« L’objectif est de développer les interclubs, les championnats régionaux et l’organisation d’un P1000 courant 2022/2023.
Une fois les pistes construites, ne pas oublier l’encadrement
En matière de haut niveau, la ligue va également apporter son soutien aux joueurs et joueuses qui ont l’intention de se professionnaliser. C’est déjà le cas avec Marie Lefèvre (n°8), Mélanie Ros (n°10) et Laura Buteau (n°16), pour qui on va définir une aide financière afin de les aider à s’entraîner. »
« Dans le domaine de la formation, on va créer quatre bourses pour les moins de 18 ans les plus méritants, pour les aider à percer dans le padel en France et peut-être à l’international. Il est prévu aussi d’organiser une journée découverte dans chaque département et de développer le Titre à finalité professionnelle pour favoriser un enseignement padel. Nous avons d’ailleurs six stagiaires dont j’espère qu’ils obtiendront ce titre. »
P.M. : Quels sont les écueils à éviter en matière de padel ?
P.G. : « On ne doit pas construire des terrains de padel sauvages. Il faut que ce soit pensé en amont. Une fois qu’on a des pistes, il faut des encadrants. Ce que je veux dire, c’est que nous devons faire attention à où mettre des terrains et ensuite à l’après, une fois que ces terrains sont construits. Avoir des pistes partout en France, c’est bien, mais si ces pistes sont abandonnées au bout d’un certain temps faute d’encadrement, ce serait refaire les erreurs commises avec le tennis. »
Faire les choses comme dans une fusée
« On doit aussi tenir compte de ce qui a fonctionné et moins bien fonctionné avec le beach-tennis pour éviter certaines erreurs dans le développement du padel. Je propose de faire les choses étape par étape, comme dans une fusée : débuter par la base avant d’aller plus haut. »
P.M. : Vous avez dénoncé une « dérive » concernant certains joueurs que l’on peut qualifier d’opportunistes…
P.G. : « Je ne suis pas favorable à ce que des joueurs d’autres ligues viennent profiter d’une ligue peut-être moins développée, lors d’un championnat régional par exemple. Sur le long terme, la ligue ne sort pas gagnante de ce genre de stratégie. Chaque ligue doit avoir sa propre trajectoire. Certaines ligues sont en avance et ont de nombreux très bons joueurs, comme c’est le cas en Occitanie ou en PACA. Mais ça me gêne que des joueurs de ces ligues viennent nous voir, changent de ligue puis demandent des aides qui sont plutôt destinées aux joueurs originaires de notre ligue. C’est une dérive, on doit y être vigilant et donner la priorité aux joueurs locaux. »
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