Le tennis est un sport qui était socialement marqué jusque dans les années 1970. Mais à partir de la fin des années 1970 et dans les années 1980 cette pratique va se démocratiser en se diffusant dans les grandes villes, dans les moyennes puis dans les petites. Cette diffusion majeure entraîne un élargissement du public pratiquant. Une fois la pratique diffusée, l’effet de mode ne dure qu’un temps. Un phénomène de reflux de licenciés se déroule alors à la fin des années 1980 et dans les années 1990. Ce phénomène pousse la Fédération à proposer de nouvelles offres et à développer une politique fédérale en direction des jeunes. Grâce à cette nouvelle politique le nombre de licenciés se stabilise voire progresse dans les années 2000.
Programmes d’enseignement
De 1930 à 1970 l’enseignement du tennis se faisait essentiellement en leçon individuelle et était majoritairement pratiqué par des adultes. C’est à partir du boom du tennis (dans les années 1970 et 1980) que les techniques d’apprentissage ont évolué passant notamment aux cours collectifs, même si les leçons individuelles perdurent. Entre 1970 et 1990 l’âge des pratiquants en clubs diminue continuellement jusqu’à arriver aux 5-6 ans. D’ailleurs la proportion de licenciés de moins de 18 ans a significativement augmenté en 30 ans puisqu’elle est passé de 35% en 1970 à 51,5% en 2007. Au fil des années de nouveaux programmes d’entraînement sont proposés par la FFT. Il s’agit du Club junior, du Programme Tennis Adultes et de l’Ecole des femmes. Chaque programme visant un public bien défini et ayant des caractéristiques bien précises.
Par exemple, le mini-tennis pour les 5-7 ans mis en place dans les années 1980/1990 se caractérise par les attentes et les besoins des parents qui sont les prescripteurs et par les attentes et besoins des enfants qui sont les pratiquants. Pour les parents (prescripteurs), une éducation psychomotrice avec un encadrement formé et compétent dans un lieu de pratique sécurisé est mise en place. L’activité doit être non-traumatisante pour protéger l’intégrité physique des enfants et surtout elle doit être ludique. Pour les enfants le but est de les faire bouger, de les faire jouer, de les laisser s’exprimer, prendre confiance et progresser.
En fonction de chaque tranche d’âge et de chaque public ce qui est proposé par les enseignants diffère, c’est ce qui est appelé le Tennis Evolutif. Cette manière d’enseigner est apparue à la fin des années 1990 et existe toujours aujourd’hui. Le sport doit donc évoluer en fonction de la société et de ses pratiquants. La FFT l’a bien compris et le montre en utilisant son concept de Tennis Evolutif. Ce concept touche aussi la compétition et les animations sportives.
Depuis 2005 la Direction Technique Nationale a mis en place un programme permettant aux jeunes de se familiariser avec la compétition. Il porte le slogan de « Chacun son plaisir » et se décline dans différents secteurs qui sont les tests des balles (évaluation et chronologie de l’apprentissage), les compétitions homologuées (8, 9, 10 ans) et les Tournois Multi-Chances (9, 10 ans). Dans chacun de ces domaines les conditions de jeu sont adaptées en fonction des formats. Le format rouge est un terrain de 12 mètres de long sur lequel est utilisée une balle en mousse. Le format orange est un terrain de 18 mètres de long sur lequel est utilisé une balle souple. Enfin le format vert est un terrain de 23,77 mètres sur lequel est utilisé une balle intermédiaire.
Depuis 2014 a été lancée La Galaxie tennis. C’est un programme d’enseignement destiné aux enfants moins de 12 ans pratiquant dans une école de tennis. Il permet de faire évoluer les enfants en fonction de leur âge et de leur niveau de jeu. Il existe plusieurs formats de jeu qui sont appelés : le blanc, le violet, le rouge, l’orange et le vert. Chaque format se distingue par la couleur de la balle et les dimensions du terrain. Le niveau blanc avec un terrain de 8 mètres de long sans filet et un ballon de 20 cm de diamètre. Le niveau violet avec un terrain de 11 mètres, un filet de 0,50 mètres et une balle violette de 15 centimètres de diamètre. Le niveau rouge avec un terrain de 12,80 mètres, un filet de 0,80 mètres et une balle rouge de 7,5 centimètres de diamètre. Le niveau orange avec un terrain de 18 mètres, un filet de 0,80 mètres et une balle orange. Le niveau vert avec un court traditionnel de tennis et une balle verte. Ce programme comprend cinq journées match par an. Ces journées permettent de valider les progrès de chacun réalisés lors des entraînements. Ces journées sont organisées sous la forme de petits matchs entre enfants évoluant sur le même terrain. A la fin de chaque année tennistique chaque enfant reçoit un bracelet éponge de la couleur correspondant à son niveau. Les critères d’évaluation du niveau sont techniques et tactiques mais comportent également des points sur les notions d’arbitrage et sur le comportement adopté sur le terrain. C’est l’enseignant qui décide du passage d’un élève d’un niveau à un autre. Cette manière-là permet aux enfants de goûter à la compétition sans le stress et en s’amusant.
Jessica Garcia, ancienne conseillère sportive départementale de la Haute-Garonne (ligue Midi-Pyrénées de tennis), explique (tennisfeminin23) que « les filles cherchent davantage le copinage dans la pratique du tennis, tandis que les garçons cherchent plus la confrontation. Ceci a une explication physiologique due à l’influence des hormones : la testostérone (hormone masculine) qui développe l’agressivité et la progestérone (hormone féminine) qui développe l’anxiété. » Cette explication nous permet de mieux comprendre pourquoi les garçons sont beaucoup plus motivés par la compétition que les filles. De plus d’après son expérience elle pense que « l’enseignement auprès des jeunes filles doit être adapté par rapport à celui des garçons ». Elle précise qu’il ne faut pas modifier sa manière d’entraîner mais plutôt adopter une approche féminine car « les petites filles ont besoin de se sentir rassurées, sécurisées, valorisées ». Cela s’explique par le fait qu’elles cherchent en premier lieu le copinage et non la confrontation. Pour ces raisons l’enseignement du tennis vers les petites filles nécessite un encadrement prioritairement féminin. De plus, d’après elle il est préférable de faire évoluer les petites filles entre elles jusqu’à l’âge de 8-9 ans. Ensuite elles peuvent s’intégrer dans des groupes avec des garçons. Par la suite le risque est qu’elles se découragent à cause des garçons qui sont beaucoup plus « compétition ».
En ce qui concerne la compétition pour les filles il est difficile de faire d’une fille qui ne possède pas les prédispositions à la compétition une « matcheuse ». Soit la compétition est innée chez elle soit il sera compliqué d’en faire une compétitrice. L’entraîneur a donc un rôle primordial puisque c’est à lui de détecter chez les plus jeunes filles ces qualités de
« matcheuse ». Ainsi des groupes compétition et des groupes de filles dits « loisir » peuvent être constitués. Cela permet de les satisfaire et donc d’éviter qu’elles ne se découragent et qu’elles abandonnent le tennis.
Pour les adultes, les groupes ne recherchant pas la compétition peuvent être constitués de manière mixte car ce qu’ils rechercher dans le club est « le sport bien être, la convivialité et la dépense d’énergie ». Bien sûr lorsque que des groupes mixtes sont composés il est nécessaire que le niveau de jeu soit homogène de façon à ce que tous les pratiquants se dépensent et s’amusent.
Pour finir Jessica Garcia loue les bénéfices des programmes d’enseignement du tennis évolutif avec les formats adaptés à tous les niveaux (terrains et balles) qui permettent de satisfaire les différents publics.
Animations
Concernant les animations sportives, la Direction des Activités Fédérales propose notamment les Raquettes FFT. C’est une compétition par équipe destinée aux femmes NC, 40, 30/5, 30/4 qui se joue depuis 2005 sur le format vert, elle est non-homologuée. Elle permet de s’initier à la compétition dans une ambiance à la fois sportive et conviviale.
Cette évolution des pratiques n’en est peut-être qu’à ses débuts, d’autres adaptations spécifiques à différents publics peuvent être envisagées comme pour les seniors de plus de 60 ans ou encore les personnes en situation de handicap. Si le tennis veut maintenir son nombre de licenciés voire l’augmenter c’est en direction des publics peu pratiquants qu’ils doivent se diriger. D’ailleurs les objectifs de la FFT sont de rendre la pratique du tennis accessible à tous les publics avec le slogan « Le tennis, un sport réservé à tous ! », de créer une compétition passerelle entre une compétition qui serait non-homologuée et une compétition homologuée (exemple des Raquettes FFT). Cela car la compétition est un moyen de fidélisation à long terme. La FFT a aussi d’autres objectifs qui sont de donner du temps de jeu à tous les pratiquants en club et de présenter le tennis sous un angle festif et convivial.
Pour le tennis féminin, il y a aussi les TMC. Ce sont des tournois multi-chances organisés sur un ou deux jours qui permettent de faire plusieurs matchs quel que soit les résultats. Cette compétition est organisée sous format court et selon les clubs, diverses activités animent l’événement (exemple : œnologie, manucure, zumba, fit tennis, …).
Outre les Raquettes, la FFT organise deux autres événements majeurs qui sont le Trophée BNP Paribas de la famille et La Fête du tennis.
Le Trophée BNP Paribas de la famille a été créé et organisé pour la première fois en 1996. C’est un tournoi de doubles joué entre membres d’une même famille qu’ils soient père, fils, fille, frère et sœur, mère, etc. La seule règle est que les deux partenaires doivent être membres de la même famille. Cet événement est considéré comme l’événement majeur du tennis loisir. Il se déroule dans soixante villes en France.
La fête du tennis a été lancée en 2015. Pendant un ou deux jours et durant le tournoi de Roland Garros près de 1300 clubs ouvrent leurs portes à tous ceux qui souhaitent découvrir et essayer le tennis.
En dehors des animations que proposent la Fédération ou les ligues, les clubs en créent eux aussi. La plupart des animations réalisées dans les clubs vise l’entourage de leurs adhérents. C’est-à-dire leur famille avec des animations telles que « Amène tes parents », « Doubles en famille », et leurs amis avec des opérations comme « Amène ton copain, amène ta copine ».
« Amène tes parents » et « Doubles en famille » se déroulent sur une journée. La première consiste, pour les enfants de l’école de tennis, à amener leur(s) parent(s) à découvrir leur sport le temps d’une après-midi. La seconde permet à deux membres d’une même famille (père et fille, frère et sœur, …) de partager un bon moment de sport et faire découvrir à l’un des deux le tennis. Enfin, l’opération « Amène ton copain, amène ta copine » permet à chaque élève de l’école de tennis d’inviter un ami(e) à participer à sa séance d’entraînement hebdomadaire. De fait cette opération dure une semaine. Généralement ce sont des animations qui fonctionnent bien et qui permettent de récupérer de nouveaux licenciés.
Grâce à la mise en œuvre de ces programmes d’enseignement et de développement la FFT est parvenue à maintenir son nombre de licenciés voire même à l’augmenter en 2008. Mais entre 2014 et 2015 la FFT a perdu 29123 licenciés qui sont des jeunes de moins de 18 ans.
Nouvelles licences
Pour relancer la progression du nombre de licenciés la FFT a lancé en 2016 deux nouveaux types de licence. Il s’agit de la licence D (licence découverte) et de la licence S (licence périscolaire). La licence D permet aux personnes de plus de 15 ans de prendre une licence valable trois mois. Seules les personnes n’ayant jamais été licenciés peuvent la prendre. Chaque individu peut donc découvrir le tennis puis continuer en prenant la licence club en cours d’année sportive, ou ne pas poursuivre au-delà des trois mois. Aucun renouvellement n’est possible pour cette licence l’année suivante. La licence S vise les jeunes de moins de 12 ans ayant participé à un cycle de tennis dans le cadre des activités périscolaires. Cette activité doit être déclarée à la ligue par le club. Comme la licence D, elle est valable trois mois ne pouvant pas aller au-delà de la fin d’année sportive. Elle est bien sûr transformable en licence club durant l’année en cours. Mais surtout, contrairement à la licence D elle est renouvelable l’année suivante. Ces deux licences ne coûtent que 3€ chacune.
Chaque club est libre d’associer ces licences à des journées découverte, des stages, des séances individuelles avec un enseignant, des tarifs préférentielles pour les entraînements, etc
Diplômé d’un Master management du sport et passionné de tennis, j’ai réalisé une étude sur le développement du tennis féminin. Pratiquant de ce sport depuis vingt ans et aujourd’hui dirigeant de mon club (TC Morlaàs dans les Pyrénées-Atlantiques), je suis toujours à l’affût de nouvelles idées visant à améliorer l’environnement de pratique des adhérents. Je suis donc ravi de pouvoir partager ce travail.