Marie Rondot nous fait un retour sur sa participation avec sa partenaire Steffi Merah au P1500 de Bordeaux et au FIP Rise Gothenburg II. Découvrez aussi les aspirations de ces deux jeunes qui rêvent de gagner un P1000 en France.
Des difficultés à gérer les points importants
Lors du P1500 de Bordeaux, je pense que ce qui nous a manqué c’est la gestion des points importants parce qu’on a tendance à être systématiquement à 30-0, 40-30 ou 40-15 dans les jeux. Je trouve qu’on a une bonne concentration sur les premiers points mais lorsqu’on est sur un point important je pense qu’on ne prend pas en compte le fait que c’est plus difficile à gérer pour ceux qui sont en train de finir les jeux que pour ceux qui sont en train de perdre le jeu. Sur cet aspect là, c’est vrai que nos adversaires Mélanie Ros et Marie Maligo avaient des schémas de jeu très simples et elles étaient concentrées sur le fait de ne pas faire la faute. Nous on a tendance à perdre un peu en concentration et à ne pas être assez rigoureuses.
Face à ces filles-là, qui jouent depuis longtemps et qui sont plus expérimentées que nous, je trouve qu’on n’a pas forcément saisi les opportunités sur les points importants étant donné que dans le troisième set on mène quand même 3/1, ensuite on mène 4/3, on a deux balles de 5/3 qu’on ne finalise pas, et elles reviennent à 4/4. Ça je pense que c’est vraiment dommage.
Après au niveau du jeu, il y a justement des moments où on cherche des choses trop compliquées, notamment à vouloir finir trop vite. Sachant que ce sont deux filles qui sont capables de remettre la balle quarante fois dans le terrain… Elles ne nous faisaient pas forcément très mal, on arrivait à défendre, en revanche, on a tendance à vouloir faire des choses trop compliquées, trop rapidement. C’est quelque chose dont on parle beaucoup avec Steffi.
Le padel, un sport de patience
Le padel c’est un sport de construction et de patience, et que finir encore une fois avec les conditions qu’on avait là-bas, ce n’est pas forcément facile. Je pense que c’est un aspect qu’elles maîtrisent et arrivent à tenir sur la durée. Nous on arrive à le faire, mais pas trop sur la durée. C’est encore un petit peu des hauts et des bas : on n’est pas forcément habituées aujourd’hui à faire des matchs de 1h30/2H, où il faut savoir, sur chaque point, remettre quinze ou vingt fois la balle dans le court. C’est une très bonne expérience d’avoir vécu ça parce que petit à petit c’est le niveau qu’on a envie d’avoir et c’est sur des matchs comme ça que l’on peut voir nos axes de progression.
Ça paraît bête mais il y a beaucoup de fois où par exemple on fait un lob pas très bien, ou un lob court parce qu’en fait on n’est pas concentrées sur cette balle et on n’a pas forcément bien regardé la balle, on n’a pas forcément bien mis les jambes, bien monté le bras pour bien lober. Toutes ces petites choses-là pour l’instant ne sont pas forcément des automatismes pour nous et à chaque fois on se dit vraiment que sur chaque balle qu’on frappe on doit être concentrées au maximum pour faire le meilleur coup possible et ça, ça demande une concentration et une rigueur dans le jeu qui sont énormes.
C’est pour ça aussi, je pense, que le match nous a pas mal fatiguées, et pour moi il y a vraiment ces deux sujets-là sur lesquels on se rend compte que ce sont des filles qui ont plus d’expérience sur la gestion des points importants et que nous de notre côté on doit vraiment travailler sur cette gestion-là. Et deuxièmement, on doit être capables d’être lucides et de tenir la balle quinze ou vingt fois s’il le faut pour gagner le point. Ensuite on doit travailler sur ce côté mental, de concentration pour éviter que notre régularité ne fluctue autant sur un match.
Son ressenti sur son premier tournoi international
C’était vraiment incroyable ! Honnêtement, je pense qu’on a eu beaucoup de chance pour notre premier tournoi parce qu’on est arrivées dans un cadre en Suède où les gens sont adorables. Le club était magique. Je pense que j’ai rarement vu un club comme celui-ci. L’expérience même avant d’avoir commencé à jouer était vraiment incroyable.
Avec Steffi, je pense qu’on est deux compétitrices. Mais surtout on est des personnes avec vraiment cette âme et cette mentalité de sportives. Même en France ou même dans la façon de fonctionner au quotidien, on est des personnes très professionnelles et très rigoureuses. Dans tous les domaines, on recherche tout le temps la performance et on a vraiment retrouvé cette mentalité chez les autres joueurs et joueuses de Suède. Il y a des gars par exemple qui perdaient leur match et tout de suite après, ils venaient retravailler à deux ce qui n’avait pas fonctionné. Ce sont vraiment des choses qui nous ont choquées et on s’est dit que c’était très agréable de voir des gens comme ça, qui sont un peu comme nous.
Et ce sont des choses que pour le coup je ne retrouve pas sur les tournois français où je trouve que ce n’est pas du tout les mêmes états d’esprit. Et l’état d’esprit international, on l’a vraiment adoré pour le coup, on s’est senties vraiment à notre place. D’un côté, les joueurs sont gentils entre eux et de l’autre, ils sont chacun dans leur truc, concentrés dans leur projet dans un but de performance et ça, on a vraiment beaucoup apprécié. Je pense qu’on s’est vraiment senties à notre place, à tous les niveaux.
Ensuite sur le terrain on joue notre premier match de qualifications face à une paire avec une joueuse de gauche un peu plus forte que celle de droite. On était vraiment dans une optique d’y aller à fond parce que ce n’est pas parce que ce sont des Espagnoles et qu’elles sont classées mondialement que nous n’avons pas notre place. On travaille aussi au quotidien donc on va juste donner le maximum de ce qu’on sait faire et je trouve qu’on a pour le coup très bien joué. Mentalement on a été super fortes parce qu’au deuxième set c’était plus serré, et les filles sont remontées et on a essayé de comprendre un peu par nous-mêmes ce qu’il fallait faire. On était vraiment dans un bel état d’esprit et les filles étaient en plus vraiment adorables, le match était vraiment dans le fair-play.
On était très contentes d’avoir gagné le match, c’était vraiment un soulagement à la fin. Et le lendemain on a affronté deux filles qui nous ont vraiment montré que le padel, c’est avant tout de la tactique. On s’est rendu compte que nous pour l’instant on était un peu des novices tactiquement. On avait l’impression que la fille de gauche jouait en marchant, mais finalement elle n’était jamais en difficulté.
En fait elles étaient très patientes, mais en même temps, elles étaient agressives au bon moment quand il fallait rentrer dans leurs volées. Pour moi c’était une assez belle leçon de jeu de padel et de tactique qui nous a permis de voir qu’on a progressé sur ces sujets-là, ça nous a éclairées sur beaucoup de choses. Également au niveau de l’attitude, parce qu’au deuxième set, on s’est un peu lâchées en matière de concentration et un peu en termes de force d’équipe et ça a mené ensuite à une discussion assez longue toutes les deux, qui je pense va nous faire bien avancer.
De plus en plus de tournois internationaux ?
On va essayer de faire le maximum de ce qu’on peut au niveau des tournois. On aspire vraiment à faire de plus en plus de tournois internationaux, les FIP et on aimerait potentiellement pouvoir faire quelques UPT. Et ensuite, en France, on a un P1000 là Angers ce weekend. On aimerait bien cette année gagner un P1000 et potentiellement faire 4èmes ou 5èmes sur un P1500 ou un P2000, et faire un bon résultat aussi au Championnat de France bien sûr.
Moi je sais que je vais mettre un gros accent sur le physique parce que comme je ne peux pas tout faire, pour moi c’est vraiment une partie hyper importante la prépa physique. Je m’entraîne avec le coach de Martin Di Nenno et Claudia Jensen, il me suit depuis l’Espagne et m’aide aussi au niveau tactique parce que c’est un ancien joueur. Je vais vraiment mettre un accent sur ça pour vraiment progresser physiquement, parce que je sais que finalement sur le terrain de padel, il y a plein de choses que je ne fais pas trop bien. Par exemple la volée, parce qu’en fait c’est une mauvaise connaissance de mon corps, et de mon corps dans l’espace, et de comment je me projette vers l’avant.
J’ai vraiment envie de mettre un fort accent sur ça pour essayer d’améliorer mes qualités physiques et mes déplacements sur le terrain. Sinon je suis actuellement en dernière année d’école d’ingénieurs à l’ESILV, je suis en alternance à la Direction innovation d’Orano, dans le nucléaire, ce qui fait que pour le moment je concilie comme je peux le padel et la fin de mes études. Pour l’année prochaine, je souhaiterais structurer un projet padel haut niveau pour deux ou trois ans afin de pouvoir jouer à l’international et passer un cap. C’est un point sur lequel je travaille. J’espère que ça se fera, j’y crois en tout cas !
Nouvel adepte du padel, je suis fasciné par ce sport dynamique qui allie stratégie et agilité. Je trouve dans le padel une nouvelle passion à explorer et à partager avec vous sur Padel Magazine.