Si vous suivez le padel français, cela ne vous aura certainement pas échappé : les Championnats de France Interclubs de Nationale 1 de padel ressemblent de plus en plus à ceux de tennis, avec des clubs qui n’hésitent pas à payer des joueurs pour former une équipe compétitive. Une bonne ou une mauvaise chose ?
Une course à l’armement
A la base, on voyait les Championnats de France de Nationale 1 comme un moyen offert aux joueurs français de représenter leur club de cœur et de s’affronter au travers d’une compétition conviviale, avec un petit esprit de clocher, si cher au sport amateur. Mais deux ans seulement après leur création, les Interclubs ont complètement changé de dimension et s’apparentent davantage à une course à l’armement.
C’était déjà un peu le cas la saison passée, avec des joueurs français qui rejoignaient des clubs très excentrés de leur lieu de résidence ou avec lesquels ils n’avaient aucune attache et des Espagnols qui commençaient à renforcer les équipes. Il faut dire que pour les semi-pros du padel, le billet qui peut être offert par certains clubs pour les Interclubs a de quoi faire réfléchir. En effet, les voyages, les hôtels et les entraînements représentent des dépenses énormes pour les joueurs qui ne font pas partie du gratin du padel mondial, et selon nos sources, nombreux sont ceux qui ont du mal à boucler les fins de mois sur le FIP Tour. Mais cette année, les équipes devraient être encore plus garnies avec des noms comme Osoro ou Ayats déjà évoqués.
Autrement dit, c’en est plus ou moins fini des rivalités entre clubs et des joueurs voulant représenter leur région ou leur club de cœur. Et ce malgré ce que certains peuvent dire, comme Teo Zapata qui déclarait il y a un mois qu’All In était “un groupe de copains”, mais qui pourrait porter les couleurs d’une autre équipe en 2024…
Quel retour sur investissement ?
Concrètement, qu’ont ces clubs qui payent les joueurs à gagner ? Difficile à dire. Les Championnats de France de Nationale 1 sont une compétition qui se joue sur un week-end, dans un club, devant un public forcément restreint, et qui ne donne aucune récompense financière. On est loin des paillettes des tournois professionnels. Pourtant, certains clubs veulent absolument briller lors de cette compétition et faire parler d’eux. Quel retour sur investissement peuvent-ils espérer ?
Certains estiment qu’en faisant venir des étrangers dans leur équipe et en recrutant des membres de l’équipe de France, ils permettent au public de voir des joueurs d’une qualité supérieure et ainsi de faire monter le niveau, de promouvoir l’activité et de potentiellement faire naître des vocations. En outre, via la médiatisation supposée par une victoire lors de cette compétition, leur centre bénéficie d’un certain coup de pub. Mais un week-end est-il suffisant pour atteindre ces résultats ?
Difficile à dire là encore. En Espagne et en Italie, on a retrouvé les stars du padel mondial dans les Interclubs lors des dernières années, pourtant ces compétitions, organisées dans des clubs, et donc ne bénéficiant pas d’un rendu télévisuel parfait, n’ont pas été particulièrement suivies. Chez nos amis de la péninsule ibérique, en raison notamment d’un calendrier très chargé, les meilleurs étaient absents de l’édition 2023, mais il se murmure qu’ils pourraient faire leur retour cette année. Si les clubs continuent de s’attacher les services du gratin du padel mondial, c’est qu’ils y trouvent certainement au moins un petit intérêt…
Pourrait-on donc un jour voir les Coello, Tapia, Lebron ou encore Galan aux Interclubs en France ? Cela aurait au moins le mérite de faire passer la compétition dans une toute autre dimension au niveau médiatique.
Faut-il prendre des mesures ?
Quoi qu’il en soit, afin de faire réellement monter le niveau en Hexagone, il faudrait que les joueurs présents aux Interclubs participent à d’autres compétitions durant l’année. Une mesure demandée par certains fans serait d’autoriser la participation aux Interclubs uniquement aux joueurs qui ont joué un certain nombre de tournois en Hexagone. Ainsi, pour pouvoir jouer les Championnats de France de Nationale 1, les Espagnols et autres joueurs de l’équipe de France devraient se rendre en France plusieurs fois au cours de la saison, pour jouer des P2000 ou P1500 par exemple.
Le fait d’interdire tout simplement les étrangers lors de ce Championnat semble contraire à l’arrêt Bosman pour ce qui est des Espagnols et pourrait donc être attaqué devant la Cour Européenne. Dans le rugby, on retrouve malgré tout des mécanismes visant à privilégier les joueurs nationaux, il se pourrait donc que le padel s’en inspire, en forçant les clubs à avoir un minimum de joueurs français dans leurs équipes. Par exemple, la FFT pourrait exiger aux clubs d’avoir au moins autant de joueurs français que de joueurs étrangers dans leurs équipes. Mais cela changerait-il vraiment quelque chose pour ceux qui aimeraient voir de vraies rivalités entre joueurs du cru ?
Aujourd’hui, une chose est sûre, dans le microcosme du padel français on évoque beaucoup les Interclubs et la présence de joueurs de haut niveau et d’étrangers. Les gros noms annoncés dans certains clubs ont le mérite de faire réagir et de faire parler de notre sport, c’est une chose que l’on ne peut pas leur enlever.
Chez les fans, certains sont plus conservateurs et préfèreraient voir des joueurs locaux se battre pour leur maillot de cœur, quand d’autres rêvent déjà de voir les stars du padel mondial porter les couleurs de leur équipe et s’affronter dans un club français le temps d’un week-end. Et vous, comment souhaitez-vous voir évoluer les Championnats de France Interclubs ?
Xan est un fan de padel. Mais aussi de rugby ! Et ses posts sont tout aussi punchy. Entraîneur physique de plusieurs joueurs de padel, il déniche des posts atypiques ou traite de sujets d’actualité. Il vous donne également quelques conseils pour développer votre physique pour le padel. Clairement, il impose son style offensif comme sur le terrain de padel !