Jérôme Bécasset, figure emblématique du padel en France, de ses débuts dans un petit club de Lyon à l’organisation des premiers Championnats de France.
Il nous fait part de ses anecdotes marquantes, dont une avec Yannick Noah et Gaël Monfils, ses ambitions en tant que juge-arbitre, et sa vision du développement du padel, y compris son potentiel aux JO.
Son histoire avec le padel
“Alors moi, j’ai découvert le padel en 2012, dans un camping en Espagne, et je suis devenu dingue de ce sport en seulement deux parties. En rentrant en France, je cherche où jouer, mais je ne trouve rien, car ça n’existait pas encore. À Lyon, un club installe une piste de padel un an plus tard, à Écully, mais à part ça, rien. Une seule piste extérieure, avec très peu de joueurs.
Huit mois plus tard, je fais partie d’une association de poker, et un jour, un gars à la table parle de padel. Il mentionne qu’il va ouvrir un club, et c’est de là que commence l’aventure Padel Central. J’ai commencé comme bénévole, en m’occupant de créer un club affilié à la FFT. Nous avons été le premier club FFT à Padel Central, et dès que cela a été possible, après l’Assemblée générale de la FFT en 2014, nous avons organisé les premiers tournois FFT dans notre club. C’est ainsi que je suis devenu le président du premier club 100% padel en France.
Padel Central était un club qui a malheureusement fermé trois ans plus tard, en 2017. Cela fait donc exactement 10 ans que Padel Central a été créé, ce mois-ci. Nous avons été le premier club et avons organisé les premiers Championnats de France FFT en 2015. Nous avons également eu un grand tournoi où Gaël Monfils est venu jouer, attirant 400 personnes au club, ainsi que de nombreux médias. Malheureusement, à la fin de 2017, le club a dû fermer en raison de problèmes de gestion. Le club a fermé en décembre et, en janvier, Esprit Padel a ouvert à 20 km de là, de l’autre côté de Lyon.
Naturellement, je me suis retrouvé là-bas. Après des discussions, j’ai pris en charge l’organisation de tous les tournois et compétitions pour Esprit Padel. Le club a commencé à grandir petit à petit. Il y a trois ans, nous avons organisé 50 à 60 tournois par an, puis nous sommes passés à 120 tournois par an. L’année dernière, après une discussion avec le patron, Sébastien Cornet, nous avons convenu que cela prenait beaucoup de temps sur ma vie personnelle et professionnelle. C’est alors que nous avons décidé que je deviendrais salarié à plein temps pour m’occuper de tout ce qui concerne les compétitions et l’animation du club.”
Son anecdote avec Monfils et Noah
“Je me souviens d’un tournoi que nous organisions à Padel Central avec Gaël Monfils, dans mon petit club de 50 licenciés. Ce qui devait être un événement local s’est transformé en quelque chose de beaucoup plus grand. Je me suis retrouvé à faire une conférence de presse dans notre modeste salle de réunion, entouré de 5 ou 6 journalistes et de deux caméras de télévision. C’était surréaliste, et tout ça, c’est en partie grâce à Yannick Noah, même si c’était indirect.
Ce vendredi-là, à midi, la Coupe Davis se jouait au Japon. Yannick Noah, qui ne sélectionnait plus Gaël Monfils à l’époque, était constamment interrogé sur l’absence de Gaël. Puis, à 12h05, en direct sur RMC INFO et BFM, Noah lâche : “Oui, j’ai vu que Gaël Monfils participe à un tournoi de padel à Lyon ce week-end. J’espère qu’il ne va pas se blesser.” Il sous-entendait clairement que Gaël prenait des risques inutiles.
Et là, tout a basculé. À partir de 12h10, mon téléphone n’a pas arrêté de sonner. Tous les médias sportifs de France voulaient en savoir plus. Je n’ai raccroché qu’à 18h00, après avoir parlé à toutes les rédactions sportives du pays. Ce moment restera gravé dans ma mémoire.
Parmi mes grands souvenirs, il y a les premiers Championnats de France de padel en 2015, où Robin Haziza et Laura Clergue sont devenus champions de France. Ce sont vraiment des moments marquants. Plus récemment, avec Esprit Padel, nous avons organisé cette année les premiers Championnats de France des plus de 45 ans.
J’ai un peu réalisé un “Grand Chelem” : les Championnats de France seniors dans mon club, les Championnats de France des plus de 45 ans également dans mon club et le championnat des jeunes en tant que juge arbitre.”
Ses ambitions
“Mes ambitions, c’est d’abord de passer mon niveau JAP 3 cette année pour pouvoir prétendre aux plus grandes compétitions françaises en tant que juge-arbitre principal, et non plus seulement en tant qu’adjoint. Ensuite, je ne me fixe pas de limites : devenir juge-arbitre international, officier sur les tournois FIP, ou sur les compétitions du circuit, pourquoi pas.
J’aimerais continuer à innover et à développer de nouveaux formats d’animations et de tournois au sein des clubs Esprit Padel…”
Le développement du padel
“Ce que j’ai constaté, c’est que l’implication fédérale a été croissante avec le développement de notre sport. D’abord pendant des années, un peu sur la pointe des pieds, mais avec un responsable historique et motivé que je salue ici : Stéphane Berrafato. Depuis la fin du Covid, tout s’est accéléré aussi bien dans nos clubs qu’à la FFT. Ce qui est en place aujourd’hui, ou en train de se mettre en place, est très positif. La direction du padel, avec un nombre accru de salariés, beaucoup de personnes compétentes aux postes clés, impliquées et motivées, c’est quelque chose que nous réclamions depuis des années. Cela se met en place depuis deux ans, et c’est vraiment déjà très efficace au présent et une très belle promesse pour l’avenir.”
Le padel dans 10 ans
“Dans 10 ans, aurons-nous atteint le fameux plateau en termes de nombre de terrains et de joueurs ? Pour moi, les seules limites à ce sport sont liées aux possibilités d’installation de terrains et à la disponibilité des investisseurs. Les clubs de tennis ont très peu de moyens ; lorsqu’ils parviennent à installer 4 pistes, c’est déjà énorme. Mais le véritable développement du padel repose sur les structures privées qui construisent 10 ou 12 pistes à chaque fois. C’est là que le sport bénéficie de véritables coups d’accélérateur. C’est ce modèle qui est essentiel pour un développement massif du padel.”
Le padel aux JO
“Je ne sais pas, car il y a de nombreux sports qui essaient d’y entrer depuis des dizaines d’années sans succès. On verra bien. Il y a beaucoup de sports en compétition, comme le squash et le pickleball. Beaucoup de disciplines bougent. Tout dépendra de la volonté politique et des capacités de la FIP à s’imposer.”
Nouvel adepte du padel, je suis fasciné par ce sport dynamique qui allie stratégie et agilité. Je trouve dans le padel une nouvelle passion à explorer et à partager avec vous sur Padel Magazine.