Nous espérions ces Championnats d’Europe à la hauteur de l’évènement, dans le pays du Padel, avec ses 4 millions de pratiquants.
Les nations ont offert un beau spectacle, mais les organisateurs ont manqué leur rendez-vous.
Benjamin Tison, membre de l’équipe de France, poursuit son témoignage très instructif sur les coulisses des Euro 2021 en revenant sur des thèmes qui ont beaucoup fait parler.
Des étranges droits TV…
“La veille de la compétition, les joueurs, les médias apprennent que les droits d’images sont cédés à Padel View.
Une entreprise, que nous ne connaissons pas, impose des droits d’images à toutes les nations, tous les joueurs et tous médias présents à ces Championnats d’Europe.
Surprise et stupeur pour de nombreuses nations et les très rares médias présents lors de l’événement qui sont totalement pris de courts.
En clair, nous ne pouvons plus faire de stories Instagram ou Facebook, enregistrer des matchs, faire des live et plus globalement communiquer sur cet événement via des petites vidéos. Les « trop » rares journalistes présents lors de l’événement sont également bloqués.
Pour travailler, ils doivent payer ! Un comble.”
Les organisateurs font la chasse aux portables
“Les organisateurs font la chasse aux téléphones portables, aux ordinateurs, aux trépieds.
Une chose est certaine, pas un chat pendant l’événement alors que nous sommes au cœur du padel mondial et que la ville est bondée. Triste à voir.
Heureusement, nous avons eu la chance d’avoir Padel Magazine qui s’est battu avec nos amis Belges (ndlr. et notamment Jérémy Gala) pour réussir à communiquer sur cet événement mais en acceptant de payer (avec la FFT et Padel Belgium) et en achetant les droits pour la France et la Belgique.
Un miracle quand on voit à quel point tout a été fait pour éviter toute communication sur cet événement.”
Quelle précarité !
“Payer pour quoi ? pour voir une organisation générale calamiteuse ?
On a vu les médias, dont l’équipe de Padel Magazine, sans électricité, sans espace pour travailler, sans wifi, sans eau. Les journalistes étaient obligés de travailler sur des poufs ou à même le sol ! Des conditions de travail incroyables et indignes d’un tel évènement. On devrait déballer le tapis rouge aux médias. On les fait fuir.
Payer pour quoi ? Je rappelle que la majorité des joueurs ne sont pas professionnels. Il reste encore tout à construire, tout à faire. Il faut totalement libérer la communication et permettre ainsi à un maximum de monde de découvrir ce superbe sport.
Est-ce que ce type de comportement durant une compétition internationale donne une bonne image de notre sport ? J’en doute.
Payer pour quoi ? Ne faudrait-il pas plutôt commencer par rendre professionnel nos compétitions au lieu de faire la chasse aux téléphones portables ou de faire payer des droits d’images ?”
Où était le public ?
“La communication globale a été incroyablement défaillante.
Où était le public ? La communication a été totalement absente. Pourtant, les touristes étaient présents, Marbella était bondée. Les bars, restaurants et discothèques étaient ouverts. Et nous sommes au pays du padel.
Le comble : pas suffisamment de chaises pour les rares spectateurs venus de loin le plus souvent pour soutenir leur équipe.
Sans compter une interdiction à la dernière minute pour les accompagnants de voir les matchs à l’intérieur. Sympa pour ceux qui ont fait l’effort financier de venir nous supporter.”
L’organisation du tournoi défaillante
“Les tournois français n’ont pas à rougir lorsqu’on voit une telle pagaille.
- Des horaires de rencontre jamais donnés avant 22 heures la vieille des matchs,
- Une absence de tableaux pour les scores,
- L’impossibilité pour les joueurs de sortir sur les smashs, en-dehors du central
Soyons indulgents, je préfère arrêter là car la liste est très longue. Et je suis certain que ma voix n’est pas la seule.”
Le COVID a bon dos
“Le COVID n’a certainement pas aidé même si Marbella pouvait profiter à nouveau de ses touristes avec une ville qui revivait. Mais la compétition n’a pas pu en profiter.
Comment oser demander alors le moindre centime de droits d’images aux nations et aux médias qui ont investi pour venir participer et promouvoir cette compétition ?
Comment oser demander quoi que ce soit au vu des prestations livrées sur le site ?
Après les championnats d’Europe de padel à Rome, ces championnats ont souffert de la comparaison.
Heureusement, les nations ont été solidaires pour vivre pleinement cet événement.
Nous avons loupé une superbe occasion de faire briller ce magnifique sport. L’erreur est humaine, j’espère que la FIP saura faire son autocritique et qu’elle nous proposera la prochaine fois un spectacle digne de ce magnifique sport.”
Franck Binisti découvre le padel au Club des Pyramides en 2009 en région parisienne. Depuis, le padel fait partie de sa vie. Vous le voyez souvent faire le tour de France en allant couvrir les grands événements de padel français.