Chez Padel Magazine nous aimons les belles histoires et les rencontres intéressantes. Nous avons eu la chance de pouvoir converser le temps d’un instant avec Cécilia Baccigalupo, pionnière du padel en Argentine depuis les années 1980.
L’ex championne du monde et numéro 1 est revenue pour nous sur ses débuts, son parcours et s’est confiée sur sa vision du padel actuel.
Numéro 1 pendant presque 10 ans
Padel Magazine : Raconte nous tes débuts dans le monde du padel et comment as tu découvert ce sport ?
Cécilia Baccigalupo : “Pour la faire courte, j’ai débuté le padel en 1986 lorsque j’étais en vacances à Punta del Este, en Uruguay. Il y avait un terrain sur la plage où j’allais et on m’a invitée à essayer ce sport. J’ai trouvé cela génial et je me suis dit que c’était fait pour moi. Durant toute ma vie j’ai pratiqué le tennis et j’adore par dessus tout jouer en double. De plus il m’arrivait de jouer à la pelote basque, ce qui m’a permis de me familiariser avec les murs.
Ensuite j’ai participé à ma première compétition dans la catégorie masculine car il n’y avait pas assez de dames et avec mon partenaire nous l’avons remportée. Depuis ce jour je suis devenue la promoteur du padel féminin aux côtés d’Adriana Costagliola. Je me suis mise en relation avec le président de l’association de Madrid et c’est ainsi que le premier tournoi féminin s’organisa en 1989.
Pour moi dès ses débuts le padel était dédié à tout le monde sans distinction. En Argentine tout le monde jouait et c’est dès les années 1990 que le padel a explosé là-bas. A tel point que nous avons pu comptabiliser jusqu’à deux millions de pratiquants à un certain moment. De plus en plus de tournois masculins et féminins voyaient le jour. C’était réellement un sport pour tous. Néanmoins les prix ainsi que les contrats avec les sponsors étaient bien plus avantageux pour les messieurs mais ça ce n’est pas nouveaux et nous le voyons dans presque tous les sports.”
P.M : Parle-nous de ton évolution dans le padel
CA: “J’ai commencé à donner des cours de padel, j’étais professeur d’éducation physique aussi et je fus membre de l’association de padel argentine. Nous avons ainsi organisé avec d’autres professeurs le premier mondial jeunes. En 1989 nous avons également joué et gagné avec Adriana Costagliola le tout premier Master à Madrid et trois ans plus tard j’ai remporté le mondial à Séville avec China Mazzuchi. En 1994 nous réitérons l’exploit à Mendoza en Argentine avec Adriana Costagliola et deux ans après nous obtenons un troisième titre mondial dans la capitale espagnole.
J’ai été numéro 1 pendant presque 10 ans. J’ai pris ma retraite en tant que joueuse professionnelle lorsque je suis tombée enceinte mais je suis restée très active dans le développement du padel.
Après toutes ces années j’ai décidé de créer une fondation pour les personnes handicapées mentales, pour qu’elles puissent faire du sport. Nous avons commencé par le padel et ensuite nous avons ajouté d’autres disciplines comme le football, le tennis, le hockey ou encore le basket.”
P.M : Pourquoi le padel explose-t-il maintenant et pas avant ?
C.B : “Je pense que le fait que le padel soit devenu un sport un peu plus télévisé et médiatisé via les réseaux sociaux aide énormément à son développement. De plus c’est un sport assez spectaculaire et agréable à regarder. Les matchs sont un véritable spectacle. C’est pour cela que j’aimerais remercier toutes ces personnes qui ont ajouté leur petite pierre à l’édifice et qui ont fait que le padel soit maintenant où il en est aujourd’hui. Mon rêve serait que cette discipline soit olympique.“
Nous unir pour harmoniser les règles
P.M : Imaginais-tu voir un jour du padel à Roland-Garros ?
C.B : “Lorsque je fus appelée en 1990 pour développer le padel en France, je suis allée à Toulouse pour un évènement avec des journalistes et des sportifs. La personne qui m’avait contactée me disait que si le padel prenait son envol en France, un jour nous le verrions à Roland-Garros. Trente ans plus tard j’ai eu la chance de pouvoir assister au premier tournoi à Roland-Garros et ce fut incroyable.“
P.M : Pour toi, qu’est ce qui a évolué dans le padel au cours des 20 dernières années ?
C.B: ” Déjà à l’époque les règles étaient différentes. Quand nous jouions en Espagne ou en Argentine certains points du règlement pouvaient varier en fonction du pays, par exemple le service. En Espagne les joueurs servaient a hauteur d’épaule alors qu’en Argentine ce n’était pas comme ça. Mais nous avons réussi à tous nous mettre d’accord pour harmoniser les règles.
De plus si nous prenons la partie physique, les joueurs à l’époque étaient moins préparés que maintenant. Ils n’accordaient pas autant d’importance à leur préparation physique que les joueurs professionnels aujourd’hui. Ajoutons également qu’à l’époque, les pratiquants commettaient plus de fautes directes que maintenant.
Le padel d’aujourd’hui est bien plus technique et tactique avec les viboras, bandejas ou encore les “par3” que les joueurs réussissent à récupérer en dehors de la piste. Nous n’avions pas de professeur pour nous apprendre tous ces aspects là.
Je pense que chaque étape du padel est intéressante et que l’évolution est positive. Aujourd’hui nous pouvons assister à de merveilleux matchs, chez les messieurs comme chez les dames.“
P.M : Quel est ton avis sur le boom du padel mais aussi sur ses côtés plus négatifs comme les conflits entre circuits. Y avait-il déjà des tensions au niveau des institutions ?
C.B : “Pour être honnête je suis très contente de voir mon sport devenir une discipline grandement connue au niveau mondial. Concernant les conflits il y en a toujours eu mais je pense sincèrement que nous devons tous nous unir entre joueurs, associations, circuits pour grandir ensemble. C’est la meilleure solution pour le sport.“
P.M : Aujourd’hui que fais -u ?
C.B : “Je vis en Argentine mais je développe des formations à travers le monde. Cette année par exemple j’étais à Milan et l’an prochain je serai très probablement en France et en Espagne. J’aimerais beaucoup me rendre dans d’autres pays dans lesquels le padel grandit de plus en plus comme la Suède ou le Qatar. Je suis passionnée et je veux pouvoir transmettre tout mon savoir et mon expérience à tous ces nouveaux joueurs, que ce soit des hommes, des femmes ou encore des enfants.
Mais ce qui me plairait encore plus serait d’apporter ma connaissance du padel à toutes les personnes souffrant d’handicap pour qu’elles puissent elles aussi profiter sur le 20×10.
J’aimerais aussi ajouter que nous allons ouvrir une fondation en Espagne et que nous allons réaliser des formations et des tournois en vue de reverser les fonds à cette association.”
Instagram : Fundacion Baccigalupo
Futur naturopathe et passionné de padel, Seb est le monsieur santé / alimentation de Padel Magazine. Il jongle entre pala, quinoa et huiles essentielles. Depuis bientôt deux ans maintenant il traite l’actualité de la petite balle jaune avec toujours la même passion.