Première partie de l’interview XXL réalisée avec Benjamin Tison, désormais Responsable haut niveau et sportif à la direction padel de la Fédération Française de Tennis. Il revient ici sur ses grands débuts au sein de la FFT, sur l’esprit qu’il souhaite impulser, et nous donne quelques anecdotes avec l’humour qu’on lui connaît.
Une décision difficile
“Tout le monde sait que cette décision a été très difficile à prendre, j’étais à un moment où je rejouais très bien. Mon dernier match sur le circuit pro sera cette défaite 7/6 7/6 face à Ruiz / Tello ce qui restera un bon résultat.
À la FFT, on a beaucoup de travail, on a une super équipe, et au final, je n’ai pas trop le temps de penser à tout ça. Le rythme est assez élevé, je me déplace beaucoup, je fais toutes les compétitions jeunes et adultes.
Forcément, quand je suis sur les tournois, ça me manque un peu, mais je suis passionné par ce que je fais, il y a beaucoup de choses à faire pour le padel donc je ressens de l’excitation, pas la même que sur le terrain, mais je pense que je gère tout ça plutôt bien.”
Un retour peut-être un jour…
“J’aurais préféré avoir l’offre de ce poste à la FFT dans deux ans. Évidemment, si j’avais pu choisir le timing, j’aurais joué deux ans de plus. Cela aurait été mon idéal, mais la vie n’est pas un rêve, il y a des choix à faire, j’ai eu cette proposition, on ne m’a pas mis le couteau sous la gorge, et j’ai choisi de l’accepter.
J’ai toujours l’habitude de dire que quand on fait un choix, il faut l’assumer et aujourd’hui, je suis épanoui dans mon rôle, j’ai de la chance d’avoir une belle équipe, j’arrive à un moment où la fédération met des moyens pour développer le padel. C’est bien d’être au début d’une page blanche entre guillemets, même s’il y a déjà des choses qui ont été faites, mais on a commencé un tour des Ligues, et tout le monde me connaît, je suis dans l’échange, je ne vais pas prendre des décisions de haut en bas et imposer ma vision. J’ai envie de construire avec les clubs à la fois privés et associatifs.
La partie joueur me manquera toujours, mais on peut jouer jusqu’à tard au padel, donc peut-être qu’un jour, je rejouerai… Dans la vie, il ne faut jamais dire jamais.”
Je n’ai pas fait une “Johan Bergeron”…
“J’essaye de ne pas me peser car ça va faire mal… Non pour le moment, je m’en sors bien, je n’ai pas fait comme Johan Bergeron l’année dernière (rires) !
Je n’ai pas trop le temps de jouer, mais je vais m’organiser autrement sur les prochaines semaines pour essayer de me dégager un peu de temps pour taper la balle. J’aimerais pouvoir faire quelques P1000 voire un P1500 avec des amis, je ne veux pas qu’il y ait de conflit d’intérêt en jouant avec des joueurs de l’équipe de France par exemple, mais avec des joueurs qui sont entre la 50ème et la 150ème place, il n’y a aucun problème. J’ai tout à fait le droit de le faire, il n’y a rien qui m’empêche de participer à des tournois.
Sur les P2000 en revanche, on ne me verra pas puisque je viens avec ma casquette de représentant de la FFT, donc là, c’est impossible. En revanche, je ne m’interdis pas de faire un FIP pour m’amuser sur une semaine de vacances.”
Un vivier de joueurs en France
“Chez les garçons, le niveau est très homogène. Sans vouloir manquer de respect aux filles, on remarque que dans les tableaux féminins, il y a encore des premiers tours faciles pour certaines paires. Chez les hommes, ça n’arrive quasiment plus, il y a un gros vivier de joueurs avec des jeunes de moins de 25 ans qui jouent très bien, même des moins de 20 ans comme Nathan Courrin, Yoan Boronad et Timéo Fonteny qui ont carrément 16 ans. Je peux citer des joueurs comme Pierre Vincent, Arthur Hugounenq, Dylan Guichard, Philémon Raichman, Thomas Leygue…
On a des jeunes chez les garçons, chez les filles, c’est un peu plus dur car derrière Louise Bahurel on a Kimy Barla et Lou Lambert-Agosti mais qui ont un peu de mal à passer le cap chez les adultes pour l’instant. On a un groupe de filles avec Wendy Barsotti, Carla Touly, Fiona Ligi, Tiffany Phaysouphanh et Camille Sireix qui poussent mais qui sont la génération au-dessus.
Les jeunes en force au P1500 de Bordeaux
“J’ai vu les deux finales, j’ai trouvé que Timéo jouait à un niveau très élevé, il m’a fait forte impression. Malgré son jeu assez risqué, il a fait peu de fautes, il a tenu la baraque. Maintenant le plus dur va être de confirmer. L’erreur serait de croire qu’il est arrivé, mais il est très prometteur
Louise a ce côté très tranquille, elle défend très bien à droite comme à gauche. Je suis exigeant avec elle, je lui ai déjà dit, je trouve qu’elle manque d’intensité encore pour atteindre le plus haut niveau que ce soit physiquement ou dans les choix. Cela va avec le fait qu’elle est talentueuse, on a toujours les défauts de ses qualités.
Je suis tous ces jeunes avec attention, mais aussi les moins jeunes ! On échange beaucoup avec Pablo Ayma et Robin Haziza, c’est une partie de mon travail qui prend beaucoup de temps, mais c’est aussi celui qui me passionne le plus. En tant qu’ancien joueur, j’ai l’impression de revivre un peu le terrain donc c’est une partie qui me tient à cœur.”
L’attitude compte
“Aujourd’hui, je pense que le niveau est tel chez les hommes, qu’il n’est plus possible pour un joueur d’être top 10 français en trois mois. C’est la preuve que le niveau a évolué et c’est tant mieux. Chez les filles en revanche, ce n’est pas un manque de respect, mais cela reste plus facile. On voit par exemple que Carla Touly, après un an ou un an et demi de pratique, est aux alentours de la 100ème place mondiale.
Chez les filles, il y a une grosse vingtaine de joueuses que j’ai identifiées, cela ne veut pas dire que je ne suis pas les autres, on regarde tout avec Pablo et Robin, mais on fera attention à l’âge, au projet en lui-même, mais aussi à l’attitude. Pour moi, le combat est la manière de se comporter sont à valoriser et je voudrais que ceux qui rejoignent le groupe France soient tous exemplaires.”
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