La meilleure joueuse française, Alix Collombon, 23e mondiale, nous a donné sa position au sujet de la « guerre des circuits » et les négociations en cours pour que les joueurs professionnels soient mieux rémunérés.
Alix, que penses-tu du fossé énorme entre l’exigence de professionnalisme et l’entraînement requis pour jouer à ton niveau et les gains encore très faibles que vous obtenez ?
Alix Collombon : « En matière de rémunération, il y a déjà un mieux par rapport à avant, mais c’est vrai que c’est sur ce point que l’on négocie actuellement, d’où les problèmes avec Premier Padel, le World Padel Tour, etc.
Il est évident que le padel connaît aujourd’hui un boom total dans de nombreux pays, donc il est normal que les joueurs soient récompensés à un moment donné parce qu’il y a plus de télés, plus de sponsors… Mais il faut aussi être patient parce que, mine de rien, ça fait encore peu de temps que le padel connaît un tel essor et se professionnalise autant.
C’est encore plus vrai chez les filles, car les garçons sont professionnels depuis plus longtemps, ils sont plus nombreux à pouvoir se permettre de ne faire que ça, alors que chez les filles, beaucoup doivent encore travailler à côté.
Il faut évidemment que les filles soient récompensées, mais aussi qu’elles soient patientes. D ans les années à venir, ça va vraiment exploser et ce sera très bien pour nous, mais c’est sûr qu’à l’heure actuelle, ça reste dur.
Le fait que vous soyez plus « loyales » en honorant votre contrat avec le WPT, ne permet-il pas que vous soyez mieux rémunérées ou un peu plus mises en avant ?
Je pense que la rémunération est forcément proportionnelle à l’écho médiatique qu’on génère. C’est vrai qu’on suscite davantage d’intérêt qu’avant, mais quand même moins que les garçons. Je suis ravie qu’on aille vers une égalité des rémunérations, mais je ne revendique pas forcément une égalité totale en tous points, parce qu’en réalité, les garçons génèrent plus. Et nous les filles, on ne pourrait pas se permettre d’avoir un circuit uniquement féminin. Je pense qu’on est obligées d’être avec les garçons, car si le World Padel Tour ne devait continuer qu’avec les filles, ce serait compliqué. Ce serait un pas en arrière, un retour vers le Moyen-Age et ce serait très dommage.
Ce qui est sûr, c’est que QSI veut attirer les filles, ne serait-ce que pour permettre au padel de venir un jour un sport olympique. Beaucoup de joueuses pensent – comme moi – que c’est bien d’être avec les garçons. Maintenant, le World Padel Tour a fait un effort financier cette année, alors que la proposition de QSI, en dehors des Major, est moins intéressante à ce jour pour les tournois de moindre catégorie.
On est donc dans ce moment où nous pouvons négocier les meilleures conditions pour nous, ce qui prend un peu de temps. Mais on essaie de faire les choses différemment par rapport aux garçons, où ce sont les dix mieux classés qui ont décidé pour tout le circuit.
Les filles ont préféré consulter celles qui jouent en previas et en preprevias. Et surtout aussi nous avons choisi d’honorer le contrat que nous avons signé avec le WPT. Que ce contrat soit abusif ou non, ce n’est pas à nous d’en décider, c’est une question juridique. S’il faut honorer ces contrats jusqu’à la fin 2023, on le fera.
En tout cas, en ce moment, on est en train de négocier les meilleures conditions possibles pour nous. »
Après 40 ans de tennis, Jérôme tombe dans la marmite du padel en 2018. Depuis, il y pense tous les matins en se rasant… mais ne se rase jamais pala en main ! Journaliste en Alsace, il n’a d’autre ambition que de partager sa passion avec vous, que vous parliez français, italien, espagnol ou anglais.