Padel Magazine s’entretient avec Alexis Salles, qui est désormais l’ancien sélectionneur de l’équipe de France de padel masculine.
“Je reste connecté”
Padel Magazine : Alexis, comment vas-tu ? Quelle est ton actualité padel ?
Alexis Salles : Tout d’abord, je te remercie de me consacrer un peu de temps et je profite de l’occasion pour féliciter Padel Magazine pour son travail et son omniprésence sur tous les sujets padel !
Pour répondre à ta question, je vais très bien et je profite de cette période pour soigner mon dos qui me fait toujours pas mal souffrir. J’espère vraiment pouvoir retrouver le chemin des terrains cet été, les parties de padel me manquent tellement !
Pour l’instant je n’ai pas de projet particulier dans le padel mais je reste très connecté et je continue à suivre l’actualité avec assiduité, notamment grâce à Padel Magazine !
Lors du Human Padel Open au mois de juin, sous la houlette de Robin et en lien avec la ligue Occitanie, je vais aider l’organisation pour la coordination des bénévoles. C’est un magnifique projet porté par Robin (Haziza, ndlr) de main de maître, qui va éblouir notre ville rose pendant dix jours et je suis très heureux de pouvoir y contribuer.
Une évolution fulgurante en cinq ans
Padel Magazine : Revenons sur cette fin d’année 2021, tu décides de ne pas poursuivre avec la team messieurs. Quelles en sont les raisons ? Une certaine lassitude ?
Alexis Salles : J’ai décidé de ne pas poursuivre mon aventure au sein de la sélection masculine principalement pour une question de temps. En 2021, qui certes a été une année exceptionnelle avec deux compétitions internationales, j’ai été en déplacement plus de 40 jours. Mais le plus prenant est le temps consacré quasi quotidiennement tout au long de l’année aux joueurs du groupe France mais également à ceux qui y aspirent, à certains coachs – préparateurs physiques et mentaux de joueurs et évidemment les relations avec la FFT et Robin.
L’évolution en 5 ans a été fulgurante et j’arrivais à mes limites pour assumer pleinement ce rôle. Comme tu le sais, je suis parallèlement associé du cabinet d’expertise comptable ASB CONSEIL avec la responsabilité d’une vingtaine de collaborateurs et j’ai accessoirement une femme et… trois enfants adorables mais très prenants ! (rires) C’est en cela que mon poste de capitaine de l’EDF devenait difficilement compatible avec ma vie professionnelle et personnelle.
De plus, j’ai senti que c’était la fin d’un cycle et qu’il pouvait être top pour les joueurs de passer sur une autre dynamique avec un coach professionnel qui puisse amener l’équipe encore plus haut. J’espère que Pablo Ayma va apporter sa compétence et son expérience pour aider l’équipe à monter sur le podium !
Padel Magazine : Est-ce que les Europe à Marbella et le mondial au Qatar ont été les éléments déclencheurs ?
Les championnats d’Europe à Marbella ont été particulièrement difficiles car on était dans une période post Covid difficile à gérer émotionnellement. Lorsque nous avons fait le rassemblement au club du MAS à Perpignan, je n’avais pas revu les joueurs depuis presque un an… D’autre part, beaucoup de joueurs étaient en manque de compétition et certains en manque de confiance.
Si on rajoute une organisation de la compétition très décevante et des conditions de jeu difficiles, cela a entraîné des rencontres très dures et la semaine a été très éprouvante nerveusement. Mais le groupe s’est accroché et on a tout de même réussi à décrocher la 3ème place de ces championnats en ne perdant que contre l’Espagne.
Les championnats du monde à Doha ont été très différents dans le sens où c’est la sélection qui a été très difficile pour moi car j’ai eu des choix compliqués à faire… C’est la partie la plus dure du poste de sélectionneur car il faut tenir compte de multiples critères : le niveau des joueurs, leur investissement, leur état d’esprit et j’en passe… Il y a quelques joueurs qui sont incontournables en équipe de France mais le niveau se resserre et beaucoup sont susceptibles d’intégrer le groupe.
Lors de chaque sélection, j’essaie d’avoir l’équipe la plus harmonieuse, en terme de niveau mais également d’état d’esprit. Il faut également réfléchir aux différentes combinaisons possibles en cours de compétition, et cela en fonction de la forme du moment des joueurs. Bref, c’est une équation pas évidente à résoudre et une grande responsabilité. Et la difficulté est que l’on doit prendre ses décisions seul. Bien sûr, j’ai eu le soutien de la Fédération dans chacun de mes choix lors de ces cinq années mais il n’en reste pas moins que l’on est en première ligne et c’est parfois pesant car seuls huit joueurs sont sélectionnés…
En revanche, les championnats à Doha ont vraiment été réussis grâce à une organisation exceptionnelle. Les joueurs ont su se souder autour d’un objectif, ont été très professionnels et ont accepté mes choix de changement de composition d’équipe. Au final, nous avons réalisé de très beaux championnats en atteignant la quatrième place de ces championnats du monde. Je les remercie sincèrement pour leur investissement et le bonheur qu’ils m’ont procuré pour mes derniers championnats.
“L’espoir fait vivre !”
Padel Magazine : Allons-nous te retrouver d’une manière ou d’une autre avec des fonctions dans le padel ? L’idée de créer un club de padel a toujours été dans les tuyaux, notamment avec Laurent Imbert, où en es-tu ?
Alexis Salles : Pour le moment je me donne un peu de temps… Mais je reste en contact avec les acteurs du padel et j’espère que j’aurai l’occasion de participer à d’autres aventures dans les mois ou années à venir !
C’est vrai que c’est un projet qui nous tient à cœur avec Laurent mais la difficulté est de trouver le bon emplacement à un prix cohérent… D’ailleurs, n’hésite pas à nous rencarder si tu as une info !
Laurent et moi sommes amis depuis 25 ans, passionnés de padel et tous les deux très attachés à notre ville, Toulouse. Donc ce serait évidemment à la fois une grande fierté et un vrai challenge de créer un club de padel ensemble… Et puis, l’espoir fait vivre !
Padel Magazine : Quand on voit le boom du padel que nous connaissons, quels sont les éventuels freins à son développement ?
Alexis Salles : C’est vrai que le padel connaît un essor incroyable et rien ne semble arrêter son développement. il est évident qu’il va y avoir besoin de structures dans les années à venir. Les freins éventuels sont à mon sens à deux niveaux :
- La difficulté pour les investisseurs privés de trouver des emplacements permettant une rentabilité économique et la pérennité de leurs clubs
- L’entente entre les investisseurs privés et les clubs de tennis qui sont en train de développer l’activité padel au sein de leurs structures. Il faut éviter la concurrence déloyale entre une association qui n’a aucune fiscalité (TVA – IS) et les clubs privés qui sont des entreprises commerciales… La Fédération a un rôle majeur à jouer et il faut que cette transition s’organise au mieux car il ne faut pas oublier que le padel est né en France grâce à des initiatives privées.
Padel Magazine : Quels sont tes plus beaux souvenirs de padel ?
Alexis Salles : Mon plus beau souvenir reste notre titre de champion d’Europe en 2015. OK il n’y avait pas l’Espagne mais les équipes avaient un niveau similaire et toutes les rencontres se sont gagnées au match décisif. J’étais alors joueur – capitaine et les émotions ont été incroyables !
Ensuite j’ai un souvenir mémorable de notre victoire en quart de finale contre l’Uruguay lors des championnats du monde au Paraguay en 2018. Ce fut une rencontre complètement dingue qui s’est terminée dans la nuit avec quelques anecdotes croustillantes.
Je garde aussi un super souvenir de mon capitanat avec les jeunes lors des championnats du monde à Castellon. Les jeunes étaient tellement émerveillés et motivés par l’évènement, cela donnait beaucoup de fraicheur ! Notre accompagnement était très différent de celui des adultes, il fallait tout vérifier : leur alimentation, leur sommeil, leur échauffement et j’en passe… La semaine a été ultra physique mais ils nous ont rendu tellement de plaisir et d’émotion que cela reste inoubliable !
Enfin j’ai de supers souvenirs de nos retours en camion avec Laurent Imbert et souvent Bastien Blanqué après les étapes du My Padel Tour. Ces quatre années à développer notre circuit ont été passionnantes. Elles nous ont souvent poussés dans nos limites et ont été tellement enrichissantes sur le plan humain ! Je suis très fier de ce que nous avons accompli avec très peu de moyens et à une période où le padel n’avait pas encore la renommée qu’on lui connaît aujourd’hui…
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