Originaire de Tarragone, Tonet Sans est un joueur professionnel de padel habitué des tournois Premier Padel et FIP. Classé autour de la 80e place mondiale, il nous a accordé un entretien dans lequel il revient sur son parcours, les coulisses du circuit, les déséquilibres actuels, sa collaboration avec Pallap, et ses ambitions personnelles.

Pourquoi “Tonet” ? Une histoire de famille

Son surnom intrigue souvent, mais l’explication est simple : “Mon père, mon grand-père, mon arrière-grand-père s’appellent tous Antón, comme moi. En catalan, on m’appelait le petit Ton, donc ce qui se traduit en catalan par : Tonet”.

Un choix entre le foot et le padel

Comme beaucoup, Tonet a longtemps jonglé entre deux passions avant de faire un choix décisif.
“Je faisais à la fois du padel et du football, puis j’ai décidé de me consacrer au padel, parce que j’étais plutôt bon et que je prenais du plaisir.”
Après des études universitaires, il décide de se lancer dans l’aventure professionnelle : “Je me suis dit : j’ai un bon niveau, j’aimerais voir jusqu’où je peux aller dans le monde pro”. Depuis 2018, il sillonne les pistes, d’abord sur le World Padel Tour, puis sur Premier Padel.

Jouer à domicile : “Juste du bonus”

Alors qu’il s’apprête à jouer le P1 de Tarragone, Tonet évoque la saveur particulière d’un tournoi “à la maison” :
“Je me prépare comme d’habitude : entraînement, préparation physique, alimentation, repos… Mais jouer chez soi, c’est que du positif.”
Pas de pression supplémentaire ? “Non, au contraire. C’est une motivation en plus. Ta famille, tes amis viennent t’encourager. C’est émouvant”.

Une wildcard avec Marc Quilez

Aux côtés de Marc Quilez, Tonet sera wildcard à Tarragone.
“On a joué tous les P1 cette saison sauf Malaga. Ce tournoi est un de plus. On s’y prépare exactement comme les autres”.

Le malaise du début de saison : “Ce n’était pas un boycott, mais une protestation”

Tonet revient sans détour sur la fronde du début d’année entre joueurs et organisation :
“On nous a imposé des conditions différentes sans nous consulter. C’était comme choisir entre qu’il pleuve ou qu’il pleuve avec des éclairs. Dans tous les cas, c’était mauvais”.
Il regrette l’impact de cette crise : “Ça a pénalisé tout le monde : joueurs, promoteurs, circuit, spectacle. Et aujourd’hui, le classement est faussé”.

Le casse-tête des points FIP : “C’est absurde”

Sur la question du ranking, Tonet est très clair : le système actuel crée de véritables injustices.
“Gagner un premier tour en tableau principal d’un P1 te donne 45 points. Le finaliste d’un FIP Silver aussi. Et le vainqueur, 80. C’est absurde.”
Il déplore un modèle incohérent : “Un tournoi de sixième catégorie rapporte plus qu’un de deuxième catégorie. Aucun sport sérieux ne fonctionnerait comme ça”.
Et sur le plan économique ? “Les FIP rapportent très peu. C’est un mauvais rapport points-euros”.

Un calendrier trop chargé : “Tu vas te cramer”

Avec 24 tournois Premier Padel par an et un average basé sur les 22 meilleurs résultats, les joueurs sont contraints à une cadence infernale.
“Tu es obligé de tout jouer, même si tu es blessé ou fatigué.”
Et même les semaines de repos sont souvent occupées : “Les joueurs du top participent à des événements privés comme la Hexagon Cup ou la Pro Padel League. On veut tous Tapia, Coello, Galán dans sa ville…”
Sa conclusion est limpide : “Si tu ne réduis pas le nombre de tournois pris en compte, tu vas cramer les joueurs”.

Un équilibre économique fragile

Vivre du padel n’est pas une évidence, surtout pour ceux hors du top 30.
“Jouer un FIP, c’est perdre de l’argent, sauf s’il est dans ta ville. Premier Padel permet de s’en sortir un peu mieux, mais tu gagnes moins de points”.
Et quand on lui demande s’il est dans le positif en fin d’année :
“Oui, grâce à mes sponsors, mes contrats de raquette et un peu de prize money. Mais tu dépenses énormément. Et parfois, tu te demandes si tout cet effort en vaut vraiment la peine”.

Trouver le bon partenaire : “Comme une relation de couple”

Depuis le début de la saison, Tonet évolue avec Marc Quilez. Une stabilité qu’il apprécie, même s’il reconnaît la difficulté à durer :
“C’est comme une relation de couple. Si ça va bien, tu continues. Sinon, tu changes. Et parfois, même quand ça marche, tu as besoin d’un changement d’air”.
Concernant les séparations inattendues comme Di Nenno / Tello, il avoue ne pas comprendre :
“Ils avaient de bons résultats, ils étaient dangereux. Pour moi, c’est une erreur stratégique”.

L’importance de la communication et du respect mutuel

Pour Tonet, l’unité du binôme est primordiale, sur et en dehors du terrain :
“Il faut parler, dire ce qu’on ressent, partager avec le coach, avec le préparateur mental. Se taire, ça ne sert à rien”.
Et surtout, bannir les comportements toxiques :
“Je déteste voir un joueur faire la tête à son partenaire. On joue à deux. Tu ne gagnes pas en abaissant l’autre”.
Il cite en exemple les meilleures paires du circuit : “Coello, Tapia, Galán, Chingotto ne se critiquent jamais. Et regardez où ils sont”.

La pression, une question de perspective

Quand on lui parle de jouer contre les meilleurs mondiaux, Tonet distingue deux cas :
“Contre une paire un peu meilleure, il faut croire à la victoire. C’est là que tu progresses. Mais contre une top paire, tu n’as rien à perdre. Tu dois jouer relâché, essayer, profiter”.
Et de rappeler : “La pression est toujours sur le favori”.

Une aventure humaine avec Pallap

Depuis cette saison, Tonet joue avec une raquette Pallap, une jeune marque.
“J’ai connu la marque grâce à mon coach Mariano. J’ai rencontré Christopher, le fondateur, et j’ai été séduit par son projet et ses valeurs”.
Un travail commun s’est engagé pour créer la raquette idéale : “On a mis du temps à trouver la bonne, mais maintenant, j’en suis très content. Les raquettes ne cassent pas, le textile est top, et surtout, ce sont des gens sérieux et humains”.

Des pistes plus rapides ? “Pas bon pour le spectacle”

Tonet regrette que certaines pistes soient devenues trop rapides cette saison.
“Je pense que des conditions trop rapides nuisent au spectacle et à l’équilibre du jeu”.
Il prend l’exemple de Malaga : “La piste était parfaite : ni lente ni rapide. C’était juste”.
Il milite pour plus de cohérence : “Indoor ou outdoor, peu importe. Mais il faut de la stabilité, sinon on fausse le sport”.

Questions rapides

  • Coup préféré : “Sortie de vitre côté droit”
  • Tournoi préféré : “Le Major de Rome”
  • Passion hors padel : “Le golf”
  • Coup à voler à un autre joueur : “Le smash de Tapia ou Augsburger”
  • Grand rêve : “Je l’ai déjà réalisé : être professionnel. Maintenant, je veux retrouver le top 50. Si je devais rêver plus loin : jouer un Master Final”
  • Un joueur avec qui il aimerait jouer : “Ale Galán. J’ai déjà partagé un entraînement avec Tapia, alors pourquoi pas Galán ?”
Benjamin Dupouy

J’ai découvert le padel directement lors d’un tournoi, et franchement, je n’ai pas trop accroché au début. Mais la deuxième fois, ça a été le coup de foudre, et depuis, je ne rate plus un seul match. Je suis même prêt à rester éveillé jusqu’à 3h du matin pour regarder une finale de Premier Padel !