Associés ce week-end au P2000 de Caen, Simon Boissé et Maxime Bourgoin ont accepté de répondre à quelques questions entourant leur point de vue sur le padel aujourd’hui. Les deux joueurs, ancien membres du Top 15 français, ont vu leur regard bien évoluer avec les années passées.
Que vient faire cette paire en qualifs d’un P2000 ?
Maxime Bourgoin : Ma femme a un appart’ à 30 minutes (de Caen), donc ça tombait très bien pour le week-end ! Simon était dispo’, et vu qu’on a prévu de faire les Championnats régionaux ensemble du côté du Pays de la Loire, chez Simon, ça tombait bien.
Simon Boissé : J’ai fait deux années sur Paris, mais sinon je suis attaché à cette région du Pays de la Loire. Je crois que j’ai perdu qu’une fois là-bas, donc j’ai toujours connu les Championnats de France depuis 2015. Avec Max on se rend compte que le téléphone sonne beaucoup moins qu’avant ! (rires) Mais on a un groupe Whatsapp avec des anciens, on est pas encore à mettre un post facebook “Recherche Joueur niveau 7-8”, parce là ça serait dur pour nous !
Que n’aimes-tu pas chez Simon Boissé, et pourquoi ne pas jouer avec lui plus tôt ?
MB : Il jouait toujours avec des joueurs plus forts que moi. Maintenant qu’il est capitaine en Seniors Plus, il veut bien jouer avec gens moins forts que lui (rires). Après, ce qui a changé pour moi depuis le Covid, ce sont deux naissances. Le padel aujourd’hui c’est avant tout du plaisir, sans pression, comme quand j’ai connu ce sport au début. Quand on est jeune, on a pas d’investissement , on pouvait partir plus loin.
Je pense qu’on se comprend bien sur ce point, on sait qu’on ne peut pas faire tous les tournois ensemble.
SB : Personnellement, je n’ai pas eu beaucoup de partenaires avec lesquels je suis resté dans la durée. Et puis moi je jouais souvent à gauche à ce moment-là.
L’évolution des tournois
MB : Ce qui a changé, c’est le nombre de tournois. Aujourd’hui il y a des P1000 tous les week-ends. Avant, il y avait tout le gratin français dans ces tournois, alors qu’ils sont sur le circuit professionnel aujourd’hui.
SB : Mais bon, il n’y a rien d’illogique à ce que l’élite aille à l’international, parce que ça s’est développé depuis deux ans. Il reste encore des évènements, comme les P2000, avec des beaux plateaux.
MB : On voit qu’en qualifs, même les joueurs de club se débrouillent bien, ce sont des bons matchs, il n’y a plus de 6/0 – 6/0 comme moi j’ai pu connaître en 2015/2016 où tu avais vraiment des joueurs débutants qui voulaient s’inscrire. Maintenant, tout le monde sait jouer.
Jouer à haut niveau après 40 ans
SB : Tout dépend d’où on se situe en termes de niveau de jeu. À ce niveau-là, la dimension physique reste un élément important, et si tu te fixes moins d’objectifs là-dessus, forcément ça fait une différence. Avec l’expérience, on a appris à mieux jouer avec nos forces, j’ai beaucoup développé ma dextérité à force d’enseigner, tu sais mieux te gérer etc… Je suis 75e (joueur français), si je veux accrocher Top 30, j’ai le bagage technique, mais il faudrait que je sois plus impliqué.
MB : Je trouve le nouveau système de classement t’oblige à jouer beaucoup de tournois. Moi j’ai huit tournois pris en compte, je suis bloqué 200e par rapport à mon ancien classement, mais si je voulais revenir dans le Top 100, il faudrait que je fasse 15-16 tournois dans l’année.
Personnellement, je ne suis pas fan parce que je joue pas assez pour arriver à douze, mais en même temps je pense que c’est bien de pousser les joueurs à faire plus de tournois, ça participe au développement du sport. De mon côté, ça m’intéresse de moins en moins ces histoires de classement, si je suis obligé de passer par les qualifs (ndlr : à cause de son classement) tant pis, si on est pris dans le tableau final tant mieux.
SB : On revient à l’intérêt de départ : le jeu, notre prestation, notre partenaire, ce qu’on espérait faire tactiquement dans une partie. Penser au classement, ça m’a porté préjudice il y a deux ans quand je voulais rentrer Top 15. Si je pouvais donner un conseil, dans cette course aux points et à la hiérarchie, il faut prendre le temps de se construire au niveau de son jeu et de sa progression individuelle.
Pour ou contre des paires « hybrides » mélangeant un très bon joueur et un joueur moyen ?
SB : Je pense que c’est un sujet qui ne devrait même pas être abordé. Je crois que chacun se donne les moyens d’atteindre ses objectifs, quel que soit la manière. En plus, ce genre de marché peut financer la saison du joueur pro ou semi-pro. Sportivement, ça dessert les deux joueurs, c’est évident. C’est une pratique plus ou moins courante, mais je ne pense pas que ça porte préjudice à l’ambiance d’un match en lui-même.
Pour le joueur moins bon, il ne pense généralement qu’au classement et non à progresser avec celui qu’il a la chance d’avoir à côté. Et une fois qu’il va arriver près de son objectif, il va retrouver des partenaires moins forts et il sera mis à contribution dans des P1000 face à des équipes homogènes et équilibrées… Il ne s’en sort pas.
Max Bourgoin, pas si vieux !
MB : Moi je suis né en 1990, j’ai 34 ans, je suis un vieux, mais pas tant que ça !
SB : C’est juste qu’il a commencé en même temps que moi, il y a dix ans ! Mais il va faire partie de ces joueurs qui vont passer en +35 ans, et je dois avouer que ça va être compliqué de faire une séelction parmi cette liste très large. Ou alors faut payer le capitaine ! (rires)
MB : Ou alors je joue avec lui, je le fais gagner et je lui montre ! En plus je le paye pour jouer, mais en bières à la fin du tournoi ! (rires)
Joueur de tennis en compétition, Martin découvre le padel en 2015 en Alsace et fait son apparition dans quelques tournois sur Paris. Aujourd’hui journaliste, il traite de l’actualité padel tout en poursuivant son ascension dans le monde de la petite balle jaune !