L’essor spectaculaire du padel ne se limite pas aux pays d’Europe du Sud. En Irlande, un conflit oppose depuis plusieurs semaines le Old Belvedere Rugby Football Club et la communauté du squash autour d’un projet de construction de courts de padel couverts… au détriment d’installations de squash présentes depuis plus de soixante ans.

Le média irlandais, Breaking News, est revenu sur ce club de rugby qui souhaite remplacer ses courts de squash, jugés sous-utilisés, par trois terrains de padel indoor, estimant que ce changement garantirait sa viabilité financière et répondrait à une demande croissante. Pour Squash Ireland, c’est un coup dur pour un sport historique qui comptait encore un club actif sur le site depuis 1962.

Un scénario qui résonne en France

Si cette bataille se joue à Dublin, elle trouve un écho direct dans l’Hexagone. Depuis plusieurs années, le squash recule face à la progression du padel, qui attire un public plus large et plus varié. Plusieurs complexes français ont déjà acté ce virage, parfois radical.

C’est le cas de Padel Horizon, en région parisienne, qui a mis fin purement et simplement à la pratique du squash dans ses installations pour libérer de l’espace au profit du padel. Une décision motivée par le même constat qu’en Irlande : taux d’occupation en baisse pour le squash, explosion de la demande pour le padel.

Le padel grignote du terrain : en Irlande comme en France, le squash recule

Un choc des disciplines

En Irlande, la polémique prend un tour politique : Squash Ireland a saisi l’instance nationale de l’urbanisme, estimant que la décision de la municipalité de Dublin allait à l’encontre de ses propres engagements en faveur du maintien des infrastructures sportives existantes. Les dirigeants du rugby club, eux, affirment avoir besoin de cette mutation pour survivre, évoquant un taux de remplissage de moins de 20 % pour le squash contre une estimation de 80 % pour le padel.

En France, le phénomène est moins médiatisé mais tout aussi réel : la montée en puissance du padel, dopée par des campagnes de communication, des événements internationaux et une image plus « loisir », pousse les gestionnaires d’infrastructures à repenser leurs priorités. Et, souvent, c’est le squash qui en paie le prix.

Un sport historique bientôt olympique

Ironie du calendrier, le squash fera son entrée au programme olympique lors des Jeux de Los Angeles 2028. Un symbole fort pour une discipline née à la fin du XIXᵉ siècle, qui a formé des générations de joueurs et marqué l’histoire des sports de raquette. Sport technique, exigeant et spectaculaire, le squash conserve un héritage et une communauté passionnée.

Face à la montée en puissance du padel, il serait dommage que cette reconnaissance internationale ne soit pas accompagnée d’un maintien de ses infrastructures. Plutôt que de se concurrencer, ces deux sports ont tout à gagner à coexister, chacun apportant une expérience et une culture différentes au paysage sportif mondial.

Franck Binisti

Franck Binisti découvre le padel au Club des Pyramides en 2009 en région parisienne. Depuis, le padel fait partie de sa vie. Vous le voyez souvent faire le tour de France en allant couvrir les grands événements de padel français.