Alors que les appels à un allègement du calendrier se multiplient dans le monde du padel professionnel, un paradoxe saute aux yeux : certains des meilleurs joueurs continuent de multiplier les engagements en dehors du circuit officiel Premier Padel. Entre exhibitions, ligues privées et compétitions alternatives, l’élite semble prise dans une spirale d’événements toujours plus nombreux… parfois en contradiction avec ses propres discours.

Une saison surchargée… et des larmes à Bordeaux

L’émotion a atteint son paroxysme au Premier Padel Bordeaux P2, où les deux numéros 1 mondiaux, Ariana Sánchez et Agustín Tapia, ont craqué en public.
La première, diminuée physiquement, a quitté le court en larmes après une défaite surprise. Le second, vidé nerveusement, a fondu en larmes après un combat de plus de deux heures.

Ces scènes marquantes ont relancé le débat sur la surcharge du calendrier professionnel. Certains joueurs, comme Tapia lui-même, ont déjà pointé la cadence infernale du circuit. Pourtant, dans le même temps, nombre d’entre eux s’engagent sur d’autres événements parallèles, et parfois même plutôt éprouvants.

Des circuits alternatifs en plein essor

La Pro Padel League (PPL)

Née aux États-Unis, la Pro Padel League propose un format de compétition par équipes, à mi-chemin entre sport et entertainment. Elle attire des stars comme Tapia, Chingotto ou Ari Sánchez, qui y participent pour des matchs médiatisés et bien rémunérés, malgré un calendrier déjà saturé.

L’Hexagon Cup

Organisée à Madrid, cette compétition par équipes mixtes mêle joueurs stars, juniors et célébrités issues d’autres sports (Rafa Nadal, Lionel Messi ou Andy Murray y sont associés). Elle se veut festive et populaire, mais ajoute une nouvelle date imposée à des joueurs déjà épuisés.

Les nouvelles initiatives de la FIP

La Fédération Internationale de Padel a lancé :
– Une FIP Continental Cup, inspirée des formats Laver ou Ryder Cup, opposant les meilleurs joueurs d’Amérique et d’Europe. Initialement prévue pour 2025, elle a finalement été reportée à 2026, en raison d’un calendrier déjà surchargé.

Les autres compétitions en développement

Plusieurs nouveaux circuits ou tournois sont actuellement en gestation, notamment en Espagne, avec pour ambition de séduire les meilleurs joueurs mondiaux. Ces projets s’ajouteraient à un calendrier déjà complexe, rendant encore plus difficile une vraie période de repos pour les têtes d’affiche.

L’A1 Padel (ex-APT)

Longtemps considéré comme le circuit alternatif majeur au Premier Padel, l’A1 Padel a suspendu ses activités en 2025. Un coup d’arrêt temporaire à priori, mais révélateur de la difficulté à faire coexister plusieurs circuits d’élite.

Un paradoxe assumé ?

Ce double discours interroge : comment dénoncer la fatigue… tout en ajoutant des dates à son agenda ?

D’un côté, les joueurs revendiquent une meilleure gestion du calendrier, un équilibre entre performance et récupération, voire la création de vraies périodes de repos. De l’autre, ils acceptent – ou recherchent – des contrats sur des compétitions secondaires, souvent motivés par des considérations financières ou médiatiques.

Un modèle à repenser ?

Ce phénomène révèle une tension croissante entre professionnalisation du padel et sur-exposition de ses stars. Les sponsors, les organisateurs et les circuits multiplient les propositions, et les joueurs se retrouvent au cœur d’un système qui repose aussi sur leur image.

Faut-il encadrer davantage les engagements hors circuit officiel ? Premier Padel doit-il instaurer des temps de repos obligatoires ?

Franck Binisti

Franck Binisti découvre le padel au Club des Pyramides en 2009 en région parisienne. Depuis, le padel fait partie de sa vie. Vous le voyez souvent faire le tour de France en allant couvrir les grands événements de padel français.