Thomas Mitjana et le jeune Nathan Courrin ont décidé de s’associer pour la saison 2023. Dans une interview croisée, les deux joueurs nous racontent la naissance et les ambitions de cette nouvelle paire.
Malgré un bon départ au Padel Campus Arena, la paire Courrin/Mitjana a quelque peu raté son P2000 à Bordeaux avec une défaite d’entrée face au duo qui a surpris tout le monde : Rouanet/Dumartin. Thomas et Nathan se sont servis de cette défaite pour rebondir et rectifier leurs erreurs. Après une troisième place au P1000 d’Amiens, le duo semble de plus en plus réglé et affiche un visage à la hauteur de ses ambitions.
Padel Magazine : Comment avez-vous découvert le padel ?
Nathan : C’était dans mon club de tennis, en 2015, je jouais encore au tennis à fond et petit à petit, j’ai découvert ce sport. Ça m’a tout de suite plu et je m’y suis mis à 100%.
Thomas : Je viens du tennis, on se connaissait tous avec Adrien Maigret, Yann Auradou, Ben Tison, on partait déjà en vacances ensemble à 16-17 ans. Quand ils ont commencé le padel, ils m’invitaient de temps en temps, sauf qu’ils étaient trop fort et je n’accrochais pas trop. Finalement, j’ai commencé à aimer le padel en 2018 quand j’ai joué avec des mecs comme moi qui étaient encore à fond dans le tennis et qui débutaient tout doucement le padel. Là je prenais plus de plaisir.
“Je cherchais un gaucher”
Padel Magazine : Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Thomas : Avec Nathan, on s’était croisés sur des tournois mais on ne s’était jamais vraiment joués. Finalement on a pu s’affronter au Championnat de France et j’ai trouvé que Nathan jouait vraiment bien. On l’a d’ailleurs beaucoup évité sur la face offensive parce qu’il nous posait énormément de problèmes. À chaque fois que je le voyais sur des étapes, il progressait. Vu que je m’étais séparé de Mat (Armagnac) et que je recherchais un gaucher, le profil de Nathan m’intéressait beaucoup. C’était presque une évidence.
Padel Magazine : L’un est à Lyon, l’autre à Paris, comment faites-vous pour vous entraîner ?
Nathan : Pour l’instant c’est un peu compliqué, le week-end, Tom travaille donc chacun s’entraîne de son côté et nous jouerons ensemble pour les tournois.
Thomas : Je n’ai jamais eu l’habitude de m’entraîner avec mon partenaire. Ce qui est important c’est surtout de bien travailler chacun de son côté et si on peut s’entraîner en paire c’est mieux. Très peu de joueurs en France ont la chance de s’entraîner ensemble. Je sais que Nathan s’entraîne beaucoup, moi aussi de mon côté. C’est ça qui est plaisant, on a tous les deux un projet où on est très sérieux. Si on est sur la même longueur d’onde, c’est le plus important selon moi.
Padel Magazine : Au P1000 du Padel Campus Arena, c’était votre premier tournoi ensemble, vous avez réalisé une grosse demi-finale contre Armagnac et Coirault. Vous sauvez trois balles de matchs dans le deuxième set et on a vraiment senti que vous étiez plus libérés dans le troisième. Qu’est-ce qui vous a marqués durant cette première ?
Nathan : On peut parler d’un déclic. Je n’ai pas l’habitude de jouer contre des joueurs de ce niveau-là. Faire une finale pour un premier P1000 ensemble, c’est quand même génial. Renverser la situation en ayant été dans la difficulté, ça prouve qu’on n’a rien lâché et qu’on s’entend bien sur le terrain.
Forces et faiblesses
Thomas: Je me suis tout de suite bien senti avec Nathan sur la piste. Un petit résultat au P1000 n’aurait rien changé. Pour moi, nos objectifs sont inscrits sur la durée, j’ai confiance en notre projet. Finalement on fait une finale dans un tournoi qui ne nous avantage pas trop, c’est évidemment un bon résultat. Premier tournoi de séparation avec Mat, forcément on se rencontre juste après, la classique. J’étais stressé, j’étais parti sur un petit changement technique sur lequel je suis revenu, ce qui fait que je suis passé complètement à côté du premier set. Nathan a été dans la bonne attitude, il m’a bien porté pour qu’on reprenne ensemble. A partir du moment où on a sauvé les trois balles de matchs, on est devenu injouables et la situation s’est inversée.
Padel Magazine : Qui dit première, dit forcément premier état des lieux de votre paire ! Quelles sont selon vous vos forces et vos faiblesses ? Est-ce que vous en avez déjà parlé entre vous ?
Nathan : En haut, sur les smashs on est tous les deux très à l’aise, on peut toucher toutes les zones. En faiblesse, on est un peu trop décalé, je suis trop devant et Tom est trop derrière moi.
Thomas: Il va falloir qu’à l’avenir, on arrive à être un peu plus patients et agressifs ensemble. Il faut que je me rapproche un peu plus de son côté offensif et inversement, que Nathan se rapproche de mon côte défensif.
Padel Magazine : Dans le live de la finale, Mario Cordero parlait d’un point faible de votre équipe, Nathan aurait tendance à coller trop vite au filet, et Tom tu aurais du mal à suivre, ce qui crée un déséquilibre. Est-ce que vous l’avez remarqué sur le terrain ?
Nathan : Complétement. A l’entraînement Johan Bergeron me dit souvent que je me colle trop au filet. J’essaie de le faire un peu moins, ça va se corriger avec le temps.
Thomas: J’avais tendance à rester beaucoup trop au fond. Je suis très à l’aise de derrière et j’essaye de venir bloquer pour varier. L’objectif cette année, en attaque comme en défense, c’est d’être imprévisible face à l’adversaire. J’ai vraiment envie d’être dans la variation que ce soit dans les coups ou le choix des zones. Je vais devoir progresser, aller plus vite vers l’avant pour rejoindre Nathan au filet. Je tiens à souligner qu’il a fait un très bon tournoi défensivement et ça m’a vraiment plu.
Padel Magazine : Tom qu’est-ce que Nathan pourrait t’apporter dans ton jeu ?
Thomas : Nathan va pouvoir m’apporter beaucoup de variations dans le jeu. Là, dans ma tête je me sens comme un joueur de droite qui joue à gauche. C’est-à-dire que Nathan va beaucoup terminer de points et beaucoup frapper. Quand je jouais avec Mat, j’avais ce rôle de finisseur et des fois je m’enfermais à jouer un peu à la même vitesse. Le fait de jouer avec Nathan, qui lui termine énormément de points, ça va me permettre de me reposer et prendre un peu de recul dans le jeu. Avec ça, ce sera plus simple de varier et créer de l’incertitude. Je sais que Nathan peut arriver à n’importe quel moment pour terminer le point.
Objectif top 15 ?
Padel Magazine : Même question, Nathan qu’est-ce que Thomas peut t’apporter ?
Nathan : Tom peut m’apporter de la confiance, c’est quelqu’un qui défend beaucoup, et moi c’est ce qui me manquait un peu, je suis quelqu’un qui va très vite vers l’avant et est très agressif. Et j’ai l’habitude que les gens avec qui je joue fassent pareil, donc il n’y a personne qui défend. Avoir quelqu’un au fond, qui peut défendre 15 frappes d’affilée, qui varie son jeu, forcément je me sentirai plus à l’aise. J’ai beaucoup joué avec des partenaires qui n’acceptaient pas mon agressivité sur les points. Tom, là-dessus, va m’apporter beaucoup. Je sais que c’est quelqu’un de sérieux, de confiance et il peut m’apporter plein de qualités. On peut bien se compléter je pense.
Padel Magazine : Thomas tu disais dans une interview que le top 15 était un objectif. Avec Nathan est-ce que les objectifs sont les mêmes pour cette saison ?
Thomas : Aller le plus loin possible sans se fixer de limite. Le top 15, j’ai envie qu’on soit dedans. Quand j’étais top 18, je me suis blessé pendant quatre mois et je pense que j’aurais pu l’atteindre. On n’a rien à défendre mais tout à prendre. Atteindre le top 15, ce serait la cerise sur le gâteau, l’objectif ça va être d’avoir un bon niveau de jeu ensemble et battre des bonnes paires.
Nathan : Monter dans le classement français pour commencer. Si on peut gagner un P1000 ou même un P2000, ce serait géant. Si on fait de la compétition, c’est qu’on aime ça. Maintenant on verra jusqu’où on peut aller ensemble.
Fan d’ovalie, de ballon rond mais aussi de sport de raquette, il a été piqué par le padel lors de son adolescence en Galice. Aussi à l’aise devant la caméra que derrière un micro, Vince saura apporter sa vision et son expertise de passionné de la petite balle jaune.