Le padel reste encore un sport très largement méconnu sur le continent africain et particulièrement au Sénégal où le football et la lutte sont rois. Mais cela pourrait prochainement changer grâce aux initiatives de l’association “Tennis Padel sans frontières“, qui oeuvre pour le développement du sport auprès des jeunes.
Padel Magazine a pu s’entretenir avec Philippe Apack, qui porte ce projet avec enthousiasme.
“J’ai découvert le padel au Sénégal”
Padel Magazine : Pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre histoire avec le padel ?
Philippe Apack : “Je suis Franco-Sénégalais et cela fait plus de 25 ans que je transite entre les deux pays. J’ai habité sur place plus d’une quinzaine d’années et connais parfaitement les moeurs et coutumes locales.”
“Joueur occasionnel de tennis à la base, j’ai découvert le padel au Sénégal, plus précisément au club de Saly (station balnéaire située à 70 kms au Sud de Dakar), le premier du pays à ouvrir ses portes il y a six ans. J’ai tout de suite accroché et je ne suis pas le seul, preuve en sont les trois autres clubs qui ont ouvert dans la foulée et qui rencontrent un franc succès auprès de la population expatriée.”
“95% des joueurs de padel sont expatriés”
Padel Magazine : Qu’est-ce qui vous a poussé à mettre en place l’association ? Quelles sont vos ambitions ?
Philippe Apack : “Cet hiver, lors d’un séjour de plusieurs mois à Aix en Provence, je me suis inscrit au club municipal de padel de l’Aix Université Club où j’ai fait la connaissance de deux professeurs de tennis, Mathias et Thibault, qui sont également créateurs de l’association Tennis sans frontières. Ils ont notamment organisé des actions caritatives en Amérique du sud et au Sénégal. Nous étions sur la même longueur d’onde et partagions une vision du sport qui serait accessible à tous et pour tous.”
“Au Sénégal par exemple, 95% des joueurs de padel sont expatriés, la population locale n’ayant pas les moyens financiers de pouvoir s’offrir des abonnements et du matériel adapté à la pratique. Cela semble terriblement injuste, et j’ai donc mûri le projet d’une structure adaptée dans laquelle je pourrais m’investir et qui changerait la donne. De là est partie la mise en place de Tennis Padel sans Frontières.”
“Notre ambition est bien sûr de créer une académie qui servira tout d’abord la jeunesse africaine, et si notre projet plaît au plus grand nombre, il y a aussi du padel au Gabon, en Guinée Equatoriale, au Maroc, en Tunisie et en Egypte, où Tennis Padel sans frontières pourrait intervenir.”
Vulgariser la pratique du Padel en Afrique
Padel Magazine : Quels sont vos objectifs pour 2021 ?
Philippe Apack : “Notre but est de vulgariser la pratique du Padel en Afrique et plus précisément au Sénégal dans un premier temps, en permettant à des jeunes sportifs en herbe mais en manque de moyens de pouvoir accéder aux clubs (tous privés) et à du matériel divers.”
“Notre programme est simple. Trouver des financements et des bailleurs de fond qui pourraient nous soutenir, et permettre à un maximum d’enfants sénégalais démunis d’avoir accès aux cours, aux entraînements, avec du matériel adéquat : raquettes, chaussures, vêtements etc…”
“Pour ce faire, j’ai approché le club de N’gaparou et son propriétaire, Pascal. Enchanté par l’idée et à 100% de notre côté, il est le premier à avoir permis à deux jeunes locaux de s’entraîner gratuitement chez lui. Ils font maintenant des étincelles lors des tournois nationaux et sont un exemple de réussite à suivre pour la jeunesse.”
“Le padel reste encore un sport totalement anecdotique dans le paysage sportif Sénégalais. Les autres clubs suivront s’ils en montrent l’envie.”
“Nous n’oublierons pas les filles, trop souvent cantonnées dès leur jeune âge aux tâches ménagères et familiales. C’est un problème culturel et religieux et nous allons essayer de trouver des solutions pour faire comprendre aux familles l’utilité de laisser les filles faire du sport. Ça prendra un peu de temps mais nous ne manquons pas de patience ni d’énergie.”
“Nous allons avoir une année 2021 pleine de projets et de beaux moments de partage. Selon les moyens que l’association aura, nous espérons qu’une trentaine de jeunes au moins pourront commencer à s’initier au padel. On peut toujours se prendre à rêver n’est-ce pas !?”
Avec le padel nous espérons leur donner un espoir en l’avenir
Padel Magazine : À l’heure actuelle, combien y’a-t-il de clubs de padel au Sénégal ? Comment cela se traduit-il en termes de pratiquants ?
Philippe Apack : “Il y a trois clubs tous privés dans la zone de Saly, plus un à Dakar :
- Padel N’gaparou
- Padel Saly
- La Palmeraie sporting club (NDLR: Club vainqueur de la première édition de la Coupe Intercontinentale de Padel en 2019)
- L’olympique sport (Dakar)”
“Pour l’instant le nombre de pratiquants tous clubs confondus ne doit pas excéder les deux-cents membres, mais ce nombre devrait exploser quand les Sénégalais auront accès aux cours. Leur motivation, conjuguée à leurs capacités physiques étonnantes, devrait donner de beaux spectacles dans les compétitions internationales d’ici les prochaines années.”
“Par contre, nos poulains auront une obligation à respecter. Tant que durera leur accord avec notre association, ils devront rester à l’école et tout faire pour avoir une bonne moyenne et penser pourquoi pas à faire des études supérieures. Ici, les jeunes se déscolarisent très tôt par manque de perspectives ou de moyens. Avec le padel nous espérons leur donner un espoir en l’avenir, leur faire pratiquer une activité saine et ludique tout en leur faisant comprendre l’importance d’étudier. À ce sujet, là aussi nous essaierons de les appuyer avec les moyens nécessaires.”
Si le tennis est un sport qui rend fou, alors multipliez cette folie par 2 et vous obtiendrez le padel.
Expatrié à Malaga, passionné de sports et de photographie, Malick craque immédiatement pour le padel. Si vous ne le trouvez pas sur un court à travailler sa “bandeja”, il sera surement en train de faire une rando, GoPro à la main.