18e joueuse française de padel (meilleur classement 17) et ancienne -4/6 au tennis, Marie-Amélie Dardaine, 22 ans, est plutôt discrète. Pourtant c’est la joueuse du Top 20 qui a disputé le plus de tournois cette année (27) !
Si bien qu’aujourd’hui, la gauchère originaire de la région PACA se lance à 100% dans le padel. Elle nous raconte ses débuts, ses doutes, ses succès et ses ambitions.
Du tennis au padel presque sans transition
J’ai commencé le tennis à 3 ans et j’y ai joué jusqu’à mes 20 ans. J’ai fréquenté le Pôle France de Boulouris près de Saint-Raphaël dans le sud de la France dans la catégorie 12 / 13 ans. Je faisais partie des meilleures joueuse françaises de ma catégorie.
Jusqu’au premier confinement, j’étais à fond dans le tennis, même si j’avais déjà testé un peu le padel en 2020. Avec mon frère, nous nous sommes achetés une pala et nous avons participé à un tournoi. J’ai bien aimé mais j’ai poursuivi le tennis. Ensuite, je dirais que le Covid a cassé ma dynamique et mon évolution dans le tennis. J’avais peut-être aussi un peu moins de motivation.
On peut dire que je me suis mise sérieusement au padel en 2021. Et en à peine deux ans j’ai réussi à atteindre le top 20 français. Donc pour l’instant, je suis dans une très bonne dynamique, d’autant que j’ai récemment battu pour la première fois des joueuses de l’équipe de France. Donc ça motive pour continuer dans cette direction.
Le COVID a été le déclencheur
En mai 2020, j’ai repris le tennis après le Covid, mais j’ai senti une perte de motivation. Je cherchais un nouveau challenge et le padel est devenu une évidence. Je me suis mise à jouer énormément, et principalement en tournoi.
Il est vrai que je suis plutôt une compétitrice et j’ai orienté mes débuts dans le padel directement sur de la compétition. Dans ma région, j’ai la chance d’avoir accès à de nombreuses épreuves de padel. Ce sont souvent des P100 ou P250, et c’était parfait pour se lancer et pour progresser.
Un jeu aérien, une volée qui m’aide
J’ai un jeu aérien. Dans le tennis, j’ai toujours eu un bon service et une bonne volée. Je pense que ces atouts sont décuplés dans le padel. Ce jeu agressif, on ne le retrouve pas vraiment dans le padel. Et c’est ce qui me permet d’évoluer positivement pour l’instant.
On ne va pas se voiler la face. Il n’y a pour l’instant malheureusement que peu de joueuses compétitrices dans le padel, ou pas suffisamment tout du moins. Ce serait bien qu’il y en ait plus d’ailleurs.
Mais du coup, lorsqu’on joue un peu et qu’on a la main du tennis, je pense qu’on peut rapidement évoluer au classement. D’ailleurs, les exemples ne manquent pas.
Notre 1er P1000 avec Louise Bahurel
Avec Louise, c’était seulement notre deuxième tournoi ensemble, et nous avons réussi à remporter notre premier P1000 ensemble, un peu à la surprise générale dans le sens où nous avons affronté deux joueuses de l’équipe de France qui sur le papier étaient favorites.
Lors du premier set, on leur a infligé un 6/1. Et elles se sont réveillées. Mais surtout je me suis dit “C’est possible : on peut les battre !”
Louise y croyait à fond dès le début. Avant le match, elle me disait qu’elles étaient à notre portée. Mais secrètement, j’avais un peu du mal à y croire. J’avais plus de réserve au départ car je me disais que la marche pour l’instant était encore un peu haute.
A terme l’objectif est d’être à ce niveau et même essayer d’aller encore plus loin. On sait que chez les filles, il y a deux joueuses françaises qui sont au-dessus à savoir Léa Godallier et Alix Collombon. En revanche, derrière, c’est plus jouable, et cette victoire dans ce P1000 nous permet d’espérer accrocher une place dans l’équipe de France.
Le déclic avec le stage de la Team France
Quand Robin Haziza, le capitaine de l’équipe de France féminine, m’a appelée pour faire ce stage, il y a eu un déclic. Cela a été l’élément déclencheur.
J’ai fait le stage de sélection en octobre dernier et Robin m’a dit que si je voulais aller plus loin, il fallait que j’y aille à fond. J’ai donc lâché mon travail en novembre dernier. J’étais responsable de secteur dans une structure d’aide à la personne. J’ai tout arrêté pour me consacrer à fond au padel. Aujourd’hui je suis à 100% au padel.
Et je ne vais pas me cacher, clairement, aujourd’hui mon objectif est d’essayer d’obtenir une place dans cette équipe de France en 2023.
Ma partenaire officielle cette année est Tiffany Phaysouphanh. On devrait faire une majorité des gros tournois ensemble, mais quand elle ne pourra pas à cause de son travail, je jouerai avec d’autres joueuses, comme cela a été le cas avec Louise.
On m’a encouragée à me lancer
J’ai 22 ans. On m’a dit lance-toi, tu as de bonnes capacités et il y a encore peu de concurrence chez les dames.
Je fais des stages en Espagne, à Barcelone, pour compléter les entraînements réalisés au Tennis Padel Club de Bandol qui au passage passera de 4 à 7 pistes de padel prochainement.
Par ailleurs, une académie de padel s’est mise en place au club, l’Académie Generation One, avec les coachs Aurélien Grandmont et Alexandre Rusovan. Nous sommes plusieurs joueuses à nous y entraîner dont Laura Clergue, Marianne Vandaele et Adeline Nadal.
Les gauchères sont recherchées…
A part Marie Lefèvre, il y a peu de gauchères en France et on sait à quel point les gauchères sont recherchées. J’ai un profil offensif, et forcément mes points forts ce sont les volées et mon physique.
D’ailleurs actuellement la priorité c’est de travailler la défense, notamment avec la vitre latérale. Mon physique pourrait justement m’aider en défense où je pense avoir encore une bonne marge de progression.
On retravaille mon service aussi. C’est le grand chantier. Cela paraît basique, mais avec un bon service on peut réussir à faire des points ou au moins à bien démarrer un point dès la première balle.
Peur du jugement des autres
J’avais un peu peur du jugement des autres lorsque je me suis lancée dans le padel. J’avais peur qu’on me juge en pensant que je perdais mon temps. Je craignais au départ qu’on puisse penser que j’étais un peu prétentieuse parce que je voulais me lancer à fond dans le padel et que j’avais l’espoir de faire partie des meilleures joueuses.
Maintenant, après les différents succès et au vu de mon évolution qui a été rapide, je me sens plus légitime.
Quand je vois les joueuses partir en Espagne, je me sens plus à l’aise car je ne suis pas la seule au final à partir à l’aventure.
Je me suis lancée à 100% dans le padel malgré les doutes de certains et je pense qu’aujourd’hui je suis sur la bonne route. Je veux devenir professionnelle. On n’est pas encore comme dans le tennis sur le plan des aides, sponsoring, partenariat, mais je suis à l’écoute de toutes les opportunités qui pourraient se présenter venant de ceux qui croient en mon projet.
Franck Binisti découvre le padel au Club des Pyramides en 2009 en région parisienne. Depuis, le padel fait partie de sa vie. Vous le voyez souvent faire le tour de France en allant couvrir les grands événements de padel français.