Line Meites est l’une des grandes joueuses du padel français. Faisant partie du top 10 français depuis de nombreuses années, elle marque le padel par sa régularité, mais aussi par son caractère très combatif. C’est une battante. On aime ou on n’aime pas, mais elle ne laisse personne indifférent. Joueuse de tennis, historienne, licence à Brighton, maîtrise d’histoire contemporaine à Grenoble et Paris, banquière un temps et brevet d’état de tennis 1er et 2e degré, Line : Le couteau suisse à la française ?
- On a l’impression que tu fais partie intégrante du paysage padel depuis toujours ?
Le padel et moi : C’est une grande histoire d’amour. Je découvre ce sport en été 2012 grâce à un terrain éphémère sur le port de Canet-en-Roussillon. J’ai adoré. Quelques semaines après, direction Aix et mon premier tournoi de padel. Je suis arrivée à ce tournoi sans raquette ni partenaire et avais joué 30 minutes dans ma vie.
Sur place j’apprends qu’il s’agissait en réalité d’un tournoi qualificatif pour l’équipe de France de padel et les championnats du monde de padel….
J’ai aimé l’ambiance et l’accueil des filles à cette époque.
Quelques temps après, c’est le club du Mas à Perpignan qui se lance dans le padel avec son fameux terrain central. Depuis j’y joue dès que je peux.
En 2014, j’ai eu la chance de participer aux 1er championnats de France organisés par la FFT. On finit 3ème avec ma partenaire de l’époque (Emmelien Lambregts)… et on se qualifie pour l’équipe de France ! Un rêve pour moi. Pouvoir porter le maillot et jouer pour son pays a toujours fait parti de mes rêves. Grâce au Padel j’ai connu ces émotions immenses (et j’espère pouvoir les revivre encore) ! Une super équipe, une ambiance au top… et une médaille d’argent autour de cou, c’était le bonheur total !
- Tu as finalement été rapidement opérationnelle dans le padel…
Je viens, comme la plupart d’entre nous, du tennis. J’ai appris le tennis jeune puis me suis arrêtée très tôt… pendant plus de 10 ans.
A la fin de mes études universitaires j’ai, par un concours de circonstances, repris la raquette pour aider un prof les mercredis dans un club de Grenoble. Il m’a poussé à passer le brevet d’état…
Ce que j’ai fais en étant non classée 🙂 (mais j’avais été 2ème série jeune)… ça a été une révélation pour moi, et après une dérogation obtenue j’ai enchaîné avec le 2ème degré.
J’ai enseigné pendant presque 15 ans (oui suis une vieille:) dans divers clubs en France. Forcément le tennis, mon esprit de compétitrice, mes compétences en pédagogie et mon amour de tous les sports, m’ont grandement aidé quand j’ai commencé à jouer au Padel…
- Depuis quelques temps, la concurrence semble cependant plus rude chez les filles…
Il y a clairement d’énormes différences depuis mes matchs ! Le niveau a énormément évolué, grâce à l’arrivée de plus en plus de joueurs et joueuses. C’est top pour l’émulation, pour se motiver !
On a gagné en « professionnalisme », de plus en plus de tournois sont organisés… Même si, chez les filles, nous avons encore peu de P1000…
Si l’ambiance était extra auparavant, peut-être que le côté individualiste de certains tennismen / tenniswomen est en train d’influencer notre sport si convivial et chaleureux. Je viens du tennis et certains et certaines fuient le tennis à cause d’une mentalité que l’on reproche parfois à ce sport. (C’est peut-être le sport qui veut ça d’ailleurs).
Bref, on voit arriver certains comportements pas forcément tops… Il faut garder à l’esprit qu’on n’est pas grand chose dans ce sport, qu’on a une bonne génération de retard par rapport à l’Espagne par exemple… j’espère qu’on arrivera, tous, à garder le côté ludique, convivial, collectif, festif de ce sport, même si sur le terrain on est tous là pour gagner.
- Objectif la Team France ?
Aujourd’hui, pour faire partie de la team, il faut faire des choix et se professionnaliser. Perso je suis hyper motivée pour progresser encore, pour partager, pour apprendre.
C’est super de voir des filles comme Laura (Clergue) ou Alix (Collombon) tenter leur chance en Espagne et revenir partager avec nous leurs expériences et nous montrer le chemin pour progresser encore. Ce sont de belles ambassadrices pour notre sport, et ça booste !
- Tu as un programme d’entraînement ?
Avec le métier de prof de tennis c’était compliqué de pouvoir s’entraîner et surtout participer à des tournois régulièrement. Mais j’ai eu la chance pendant des mois, d’être entraînée par Bastien à Toulouse et j’ai adoré cette période, même si ce fut assez court au final. J’ai énormément appris, et il m’a beaucoup apporté… encore merci Blanquette 🙂 (Surnom de Bastien Blanqué)
L’année dernière en bossant à Padel Central Lyon je pensais pouvoir m’entraîner… mais non, l’année a été très compliquée pour moi.
Cette année j’ai enfin du temps, pour la 1ère fois de ma vie, et j’ai pensé et planifié un programme d’entraînement avec un prof… j’espère commencer en mai, mais je n’ai pas de partenaire attitrée pour l’instant. Je ne baisse pas les bras, j’ai envie 🙂
- On te voit souvent changer de côté. Finalement tu te sens plutôt à gauche ou à droite ?
Je préfère jouer à droite d’une manière générale car j’aime défendre, préparer le point et surtout varier mes coups. Je me sens plus créative et en même temps plus rigoureuse en étant à droite. Mais je peux jouer des 2 côtés… tant que je me sens bien avec ma partenaire et qu’elle me fait confiance.
- Pour ces championnats de France de padel, avec qui joueras-tu ?
Je jouerai avec Magalie Girard ! Une joueuse au fort potentiel, même si aujourd’hui, elle est plus dans la découverte de ce sport. Si elle s’y met sérieusement, elle pourrait très bien jouer.
- Un p’tit coup de gueule ?
Aïe ! Là, ça peut déraper 🙂
Je pense que nous sommes plusieurs filles et gars également à penser cela et en parler en off. Mais on ne l’ébruite finalement pas suffisamment.
D’abord, le problème de la hauteur de service. Il serait bien que les JA (Juges-arbitres) prennent leurs responsabilités avant que des tensions se créent… et fassent respecter cette règle… il y encore plusieurs joueuses, dans les 30 premières en tout cas, qui prennent la balle trop haute au moment de servir. Chez les messieurs, en analysant certains matchs, on voit clairement dans le top 20 français qu’il en a également qui sont très limites et ça fait parfois des services que l’on ne voit même pas sur le circuit pro (Le World Padel Tour).
Allez, je me sens d’humeur titilleuse, vous avez de la chance. Petit coup de gueule sur la différence qu’on voit we après we sur les tournois entre les hommes et les femmes.
Il est vrai qu’on est, de nature, moins compétitrices et donc moins nombreuses dans les tableaux sur les tournois. Mais il est dommage de constater systématiquement une vraie différence d’intérêt de la part des organisateurs envers les filles. On ne peut attendre, de nous, d’être aussi spectaculaires que les hommes, ou aussi “fortes”.
En revanche, jouer au padel nous demande autant d’investissement, on a les même frais pour se loger, pour manger, pour s’entraîner… et toujours le même montant demandé à l’inscription…
En “échange”, on joue sur les terrains toujours excentrés (ou on nous cale pendant les temps de repos du tableau hommes), on change les heures de nos matchs au dernier moment pour arranger le tableau et/ou l’organisation… et les catégories proposées sont toujours inférieures à celles des hommes… dommage car tout cela ne motive pas les filles à se déplacer à force…
Je pense qu’il serait bon de réunir les acteurs du padel pour pouvoir discuter des solutions possibles et surtout échanger nos points de vues.
Franck Binisti découvre le padel au Club des Pyramides en 2009 en région parisienne. Depuis, le padel fait partie de sa vie. Vous le voyez souvent faire le tour de France en allant couvrir les grands événements de padel français.
Je rejoins tout à fait ce coup de gueule pour les services. Il y aura des superviseurs sur les régionaux Nouvelle Aquitaine pour vérifier cet aspect du jeux.
Pour la différence entre les hommes et les femmes ,il faut se rendre compte qu’il y a moins de femmes inscrites , donc les prizes money et les formules sont en conséquences.
Par contre , il faut encourager les joueuses françaises qui s’en sortent beaucoup mieux que les hommes à l’international.