C’est un article troublant et très documenté qu’ont publié le 11 janvier dernier nos confrères espagnols de PadelInside. Son titre : “Le tennis prendra le contrôle du padel en 2023 : Luigi Carraro et le cheval de Troie” (El tenis tomará el control del pádel en 2023: Luigi Carraro y el Caballo de Troya). L’article est illustré par un dessin représentant un petit poisson, la FIP (Fédération internationale de padel), sur le point d’être avalé par un gros poisson, l’ITF (Fédération international de tennis).
Tout cela fait suite à la tentative avortée, en novembre dernier, de prise de contrôle du padel mondial par l’ITF, au détriment de la fédération qui gère ce sport depuis 31 ans, la FIP. Mais après une levée de boucliers du monde du padel, l’Assemblée générale de l’ITF avait vu les fédérations de tennis rejeter la proposition du président David Haggerty. Après cette issue favorable, le président de la FIP Luigi Carraro s’était réjoui de cette “défaite cinglante” de l’ITF et de son président, saluant “une victoire pour l’indépendance et l’intégrité du sport”.
Une simple bataille dans une guerre incertaine
Mais aujourd’hui, PadelInside remet les choses en perspective, laissant penser que l’épisode de novembre n’est qu’une bataille dans une guerre qui pourrait bien se poursuivre et dont l’issue est incertaine.
Tout d’abord PadelInside révèle que le rejet de la tentative de David Haggerty n’était pas aussi net qu’on a pu le croire : “Pour que la résolution soit approuvée, il fallait atteindre 66% des votes de l’Assemblée… Et le résultat a été de 57,48% en faveur du changement de statuts et de l’inclusion du padel et de 42,52% contre”, souligne le site espagnol. En clair, une majorité de fédérations de tennis étaient prêtes à croquer le padel, qui n’a dû son salut qu’au fait qu’une majorité qualifiée des deux tiers est nécessaire, selon les statuts de l’ITF.
Outre le padel, l’ITF voulait également s’accaparer la gouvernance d’un autre sport de raquettes, le pickleball. A la prochaine tentative, ce dernier ne sera peut-être plus dans la mire de l’ITF, ce qui pourrait changer la donne… Sans parler d’un improbable changement des règles de l’ITF qui rendrait suffisante une majorité simple et condamnerait l’indépendance du padel.
Un autre enjeu de taille, de nature à remettre en cause l’actuelle gouvernance du padel, est la perspective que ce sport devienne olympique dès que possible. Mais pour cela, la FIP doit nécessairement devenir membre à part entière de l’Association mondiale des fédérations sportives internationales (GAISF), dont elle n’est pour l’heure que membre associé.
Pour ce faire, PadelInside cite plusieurs conditions, et notamment le changement de nom de la FIP : en effet, le sigle FIP est déjà pris par la Fédération internationale de polo, tandis que la Fédération internationale de pelote basque se nomme FIPV… Autre condition très importante : que le padel et le tennis soient deux sports clairement différenciés, ce qui ne peut être établi que via une collaboration entre la FIP et… l’ITF.
Des eaux particulièrement troubles
Une telle collaboration aurait été entamée dès 2019, croit savoir PadelInside, et un accord trouvé, selon le président de la FIP. Mais le document signé par la FIP et l’ITF n’aurait jamais été rendu public, et ce malgré la demande de plusieurs fédérations nationales de padel. En attendant, on sait que le padel ne sera pas olympique en 2024 et probablement pas non plus en 2028.
Bien que promis à une belle croissance, notre sport est encore un petit poisson qui nage, aujourd’hui encore, dans des eaux particulièrement troubles. Il a échappé fin 2022 au requin ITF, mais ce dernier a les dents longues et pourrait bien repartir en chasse rapidement.
La Fédération internationale de padel pense avoir trouvé un port d’accueil dans les eaux du Golfe Persique, où règne en maître un autre gros poisson du sport mondial : le Qatar. Pêche miraculeuse ou jeu dangereux ?
Plus de détails dans l’article de PadelInside
Après 40 ans de tennis, Jérôme tombe dans la marmite du padel en 2018. Depuis, il y pense tous les matins en se rasant… mais ne se rase jamais pala en main ! Journaliste en Alsace, il n’a d’autre ambition que de partager sa passion avec vous, que vous parliez français, italien, espagnol ou anglais.