La crise que vit le tennis depuis plusieurs années, peut-elle servir le padel dans son développement et permettre à la Fédération Française de Tennis de ne pas commettre les mêmes erreurs que par le passé ?

C’est en tout cas une question posée ouvertement par des clubs de padel à la FFT. Alors que nous vivons une crise sanitaire inédite, les clubs de padel privés notamment, craignent de voir la politique de la FFT se poursuivre mettant en péril leur structure. Ils veulent profiter de cette “pause” pour parler des sujets concernant les clubs.

  • L’histoire du padel prend-elle la même direction que celle du tennis ?

Philippe Brossard, l’auteur de « Halte au tennis triste » nous aide à comprendre ce qu’il ne faudrait surtout pas faire dans le padel pour éviter de prendre la même direction que celle qui a été prise concernant le développement du tennis. En effet selon ce spécialiste du tennis, l’opération des 5000 courts de la FFT a eu un impact terrible dans le milieu du tennis français : “la désertification des clubs (…) en créant des micro-clubs composés d’un ou deux terrains sans réelle structure d’accueil“. (Wikipedia)

Or, dans le padel, de nombreux acteurs et spécialistes du padel  dénoncent depuis quelques temps “cette multiplication de petits clubs où pas âmes ne vivent” ou encore ” ce conglomérat de tous petits clubs de padel dans une zone restreinte”.

On se rappelle également les mots du candidat à la présidence de la Fédération Française de Tennis, Gilles Moretton qui dénonçait justement ce risque.

A cela, la FFT ne reste pas indifférente et elle a déjà annoncé qu’elle proposerait un colloque des clubs de padel privés.

Et “les clubs de padel qui construisent 1 ou 2 terrains de padel dans des zones déjà très fournies en padel sont en réalité des victimes de la politique de la FFT”.

  • Clubs privés et municipaux : Même combat

Il ne faut pas croire que ce sont les clubs privés d’un côté et les clubs municipaux de l’autre, nous parlons d’une même voix. Il faut que la distribution financière de la FFT se fasse avec un minimum de cohérence et d’intelligence.

Dans certaines régions, comme en Île-de-France, on peut retrouver 4 ou 5 clubs de padel dans une même zone.

Cela aurait donc 2 impacts directs :

1. Créer une sur-offre dans une zone géographique

2. Diluer les joueurs sur plusieurs structures (et donc ambiance en berne, problèmes économiques, etc.)

Les clubs de padel privés et municipaux sonnent l’alarme :

La FFT doit se rappeler sa politique suicidaire dans le tennis dans les années 80 dont nous payons encore la facture aujourd’hui.

la FFT doit nous entendre au plus vite. La crise dans le tennis doit servir au padel. On ne doit pas commettre les mêmes erreurs. Et à cette allure, on y va tout droit.

Les joueurs eux-mêmes confessent qu’en “multipliant et en éparpillant les clubs de padel sur des tous petits périmètres, on augmente le risque d’avoir des clubs sans ambiance”.

  • “On a besoin de monde pour faire fonctionner un club de padel”

Pour jouer au padel, il faut être 4. Et ce sport a besoin d’un vivier de joueurs :

C’est pourquoi cette politique à tout prix de mettre des terrains de padel à chaque rue est une fausse bonne idée.

Et si encore la demande suivait, mais en général, on ne crée pas tant de joueurs que ça lorsqu’on construit un terrain de padel dans un club.

Si il ne faut pas caricaturer ou faire de généralité, les clubs privés sont le plus souvent les pourvoyeurs de joueurs des clubs de tennis municipaux. Les joueurs profitent des tarifs et parfois même d’une quasi-gratuité de la structure padel.

L’investissement de la FFT doit être plus équilibré : les privés ne doivent pas être oubliés.

Si la FFT ne peut pas aider les clubs privés, qu’elle ne le fasse pas alors pour les clubs municipaux car elle crée ainsi une trop grande distorsion concurrentielle et au final tout le monde y perd.

Ces propos qui reviennent régulièrement ne doivent pas diviser les clubs et le monde du padel. “Surtout pas, bien au contraire”.

Ne pas subventionner les clubs municipaux serait vraiment une solution extrême. Mais aujourd’hui, nous sommes dans une autre extrême. Ce qu’il faut, c’est plus d’équilibre.

  • Existe-t-il des solutions ?

La Fédération Française de Tennis ne peut légalement pas subventionner les clubs privés. C’est ce que nous a bien fait comprendre à plusieurs reprises la FFT par l’intermédiaire de l’élu en charge du padel, Hubert Picquier. Elle investit énormément dans le padel, mais il lui est reproché en réalité de “mal investir“.

Voici quelques questions que nous nous permettons de poser :

1- Les associations sportives créées par les clubs privés, peuvent-elles obtenir ces subventions mais postérieurement à la création du club ?

Si les clubs de padel privés remplissent le cahier des charges ou partenariats avec la FFT, alors les associations des clubs privés pourraient obtenir une aide financière.

Est-ce une solution pour contourner une réglementation difficilement acceptable pour les clubs privés qui estiment qu’il y a pour l’instant “une différence de traitement” ? Si les associations sportives dans les structures privées répondent au cahier des charges de la FFT, pourquoi ne pourraient-elles pas obtenir une subvention postérieurement à la création du club ?

2- Et en même temps, ne peut-on pas trouver, justement un cahier des charges moins contraignant pour les clubs pour le FFT PADEL TOUR ou lors des différents championnats de padel organisés par la FFT ? Ne peut-on pas les aider financièrement, en leur payant “le juste prix” d’une location de leur structure au lieu de leur “demander des tarifs très particuliers” ?

Là aussi, Hubert Picquier reste à l’écoute, puisque la FFT devrait organiser un colloque des clubs de padel privés. “Mais il faut avancer vite car si des clubs ferment, la FFT aura sa part de responsabilité”. Des mots très forts qui semblent là aussi faire l’unanimité parmi les clubs de padel privés.

3- Au minimum, la FFT ne peut-elle pas mieux gérer géographiquement sa politique de subventions en ciblant notamment les zones où il n’y a pas de padel ?

Le Coronavirus fait très mal à toutes les structures. Et évidemment, les clubs privés rencontrent des difficultés décuplées. L’après-virus sera primordial et de nombreux clubs attendent de la Fédération “un geste financier / un plan pour les aider à retrouver la santé et à préparer le futur plus sereinement“.

L’avenir nous dira si ils ont été entendus. La FFT a d’ores-et-déjà dit qu’elle aiderait à hauteur 35 millions d’euros pour relancer l’écosystème du tennis français et les disciplines associées.

Revenir sur le post du même sujet : https://padelmagazine.fr/la-fft-aura-t-elle-sa-part-de-responsabilite-si-certains-clubs-de-padel-ferment

 

Notez que nous n’avons pas mentionné tous les noms des intervenants dans ce post, à leur demande.

Franck Binisti

Franck Binisti découvre le padel au Club des Pyramides en 2009 en région parisienne. Depuis, le padel fait partie de sa vie. Vous le voyez souvent faire le tour de France en allant couvrir les grands événements de padel français.