Thierry Pham est le responsable du haut niveau padel pour la Fédération Française de Tennis. Il revient sur la grande actualité du padel français et la nomination des récents capitaines des équipes de France de padel.
La Fédération Française de Tennis poursuit son investissement dans le padel. “L’équipe de France de padel sera encore plus forte en 2020“.
Padel Magazine – L’actualité nous rattrape et la FFT doit faire face à une grande crise sanitaire
Thierry Pham – La Fédération Française de Tennis doit faire face à une situation inédite. Nous n’avons jamais vu ça. Jeudi, le Président de la République Française, a été très clair sur le message qu’il a voulu faire passer avec la fermeture des crèches, des écoles, des lycées et des universités…
La FFT se doit donc de prendre des décisions fortes pour éviter que le Coronavirus frappe chez nos pratiquants, nos clubs et nos ligues.
La FFT applique le principe de précaution (Interview réalisée le 13 mars. L’actualité peut avoir évoluée…)
Vous et moi ne connaissons pas la gravité du danger. Le Président de la République en a appelé à la responsabilité de chacun. La FFT a une délégation du Ministère des sports et elle se doit d’être exemplaire. Le principe de précaution doit prévaloir. Ce n’est pas de gaité de cœur que la décision de suspendre l’ensemble des compétitions a été prise. On sait que nos décisions auront un impact négatif sur l’économie du tennis, du padel et du beach tennis. Le problème est bien plus large que notre sphère sportive. Il s’agit d’une pandémie, nous parlons de santé publique et le problème économique est mondial.
Quel est le réel degré de la dangerosité du Coronavirus ? Aujourd’hui, nous sommes dans l’inconnu et nous devons faire confiance à notre gouvernance. La communauté du padel doit faire front et oui, l’actualité sportive sera très chamboulée, comme toutes les autres.
L’étape du FFT PADEL TOUR à El Padel Club et le rassemblement des sélectionnables en équipe de France sont annulés
Après le discours du Président Macron, le message du Président de la FFT est très clair : la FFT prend décline les consignes à son échelle et prend, en responsabilité, des mesures fortes. Elle ne peut pas cautionner des évènements qui pourraient augmenter un risque pour le public et les joueurs. Ces deux évènements sont sous le coup de la suspension de l’ensemble des compétitions et des rassemblements.
Si on croit les médias, le pic de l’épidémie devrait intervenir fin mars. D’autres institutions sportives comme l’ITF, l’ATP et la WTA ont suspendu toutes leurs compétitions jusqu’à la mi-avril. La FFT fera vraisemblablement un point général à cette période pour envisager la suite des évènements selon l’évolution de la situation.
Concernant les équipes de France, nous avons de nouveaux capitaines ?
Le vendredi 13 mars, le COMEX a validé officiellement mes propositions concernant les capitanats des équipes de France de padel en 2020.
Alexis Salles est donc reconduit comme capitaine de l’équipe messieurs sénior.
Robin Haziza remplace Patrick Fouquet et devient donc le capitaine chez les dames.
Du côté des jeunes, Laurent Imbert devient le capitaine de l’équipe garçons. Il sera épaulé par Sandy Godard. Enfin chez les filles, c’est Géraldine Sorel qui devient la capitaine avec Eric Quillet en appui.
Je tenais à mettre en place des binômes mixtes pour encadrer les équipes de France jeunes. Je suis convaincu de l’intérêt pour des adolescents des deux sexes d’être sous la responsabilité d’un homme et d’une femme. On ne s’adresse pas de la même façon à un homme ou à une femme. Cela offrira plus de richesse dans les relations humaines et dans la communication interne.
Patrick Fouquet remplacé par Robin Haziza. Une décision confirmée.
La décision n’a pas été facile à prendre. J’ai beaucoup de respect pour Patrick Fouquet qui a réalisé un excellent travail au sein de l’équipe de France dames. C’est quelqu’un de passionné qui a beaucoup donné au padel. En arrivant, mon travail a été de faire un état des lieux et d’écouter tout le monde. Manifestement, dans l’équipe féminine, il y avait une volonté de changement et un consensus unanime sur la personne de Robin Haziza. J’ai pris mes responsabilités. Ce n’était pas contre Patrick Fouquet mais pour une autre personne qui était plébiscitée par l’ensemble des joueuses.
Robin Haziza est l’un des meilleurs joueurs de padel en France. Il aurait eu certainement sa place dans la team France messieurs en 2020. En devenant capitaine, n’affaiblit-on pas la team France messieurs ?
Robin Haziza cochait beaucoup de cases pour être le capitaine de l’équipe de France féminine de padel. D’abord, il avait déjà exprimé le vœu de le devenir un jour. Ensuite, son parcours et son expérience sont des atouts indiscutables. Enfin, les joueuses le réclamaient.
Lorsque je lui ai proposé cette mission, il savait qu’en l’acceptant, il se coupait d’une éventuelle sélection en équipes de France masculine. De même, pour éviter tout conflit d’intérêt, je lui ai demandé de mettre un terme à son rôle d’agent d’Alix Collombon. C’était une autre condition sine qua non. Robin a pris sa décision en toute connaissance de cause.
Il ne se sentait plus un incontournable de l’équipe de France masculine à moyen terme et y gagner sa place aurait nécessité qu’il s’investisse énormément sur le circuit français.
Alors oui, il est possible que cette décision affaiblisse un peu l’équipe de France masculine cette année. La bonne nouvelle, c’est qu’il y a une place à prendre pour d’autres joueurs, pourquoi pas des jeunes que l’on souhaite voir sur le devant de la scène.
A sa passion et son amour du drapeau, Robin a aujourd’hui plus à apporter en tant que capitaine de l’équipe de France féminine qu’en éventuel membre de l’équipe de France masculine pour le mondial.
Chez les messieurs, Alexis Salles est reconduit.
Là aussi, le choix m’a demandé de la réflexion. Il n’y avait pas d’unanimité sur Alexis Salles chez les joueurs que j’ai interrogés. Pas d’hostilité non plus. Il n’avait pas démérité par le passé. J’ai abordé tous ces aspects avec lui. La France regorge de personnes qualifiées. D’autres noms ont été cités ; j’ai reçu également des candidatures mais aucune ne se détachait vraiment. Il m’a semblé plus cohérent de garder cette continuité avec Alexis Salles.
Chez les jeunes, on voit donc des binômes se former…
Absolument ! C’est un choix logique. Avec un budget contraint, la FFT donne la priorité aux jeunes dont nous avons la responsabilité en renforçant l’encadrement des équipes de France avec un capitaine et un accompagnateur.
Ces jeunes auront la chance d’être accompagnés par de grandes figures du padel français. Là aussi, ce ne fut pas simple de choisir les meilleures combinaisons. On ne se rend pas compte à quel point nous sommes entourés de gens compétents. J’ai donc essayé de construire les meilleurs binômes, en fonction des disponibilités des uns et des autres.
Chez les filles, Géraldine Sorel et Eric Quillet ont une grande expérience dans le padel et dans l’enseignement. Tout comme Sandy Godard. Quant à Laurent Imbert, tout le monde sait ce qu’il représente dans l’univers du padel français.
Comment avez-vous procédé pour l’organisation du haut niveau du padel français ?
J’ai fait un état des lieux du haut niveau du padel français. J’ai beaucoup écouté et beaucoup appris. J’étais extérieur au monde du padel. C’était un atout. Cela me donnait le recul nécessaire pour prendre des décisions équilibrées.
Les deux premiers chantiers sur lesquels je me suis concentré étaient l’encadrement des équipes de France et la politique 2020 d’accompagnement de l’élite.
Dès qu’on parle de l’équipe de France, il y a beaucoup de passions chez les joueurs. C’est bien normal. J’étais attendu sur ce volet et j’ai pris mes responsabilités en faisant ces propositions au Comité Exécutif de la FFT, avec l’appui d’Hubert Picquier et du DTN, Pierre Cherret.
Parallèlement, j’ai travaillé sur des règles d’attribution d’aides financières pour les joueurs et les joueuses de l’élite française en déclinant pour le padel le dispositif des Projets Internationaux qui existe au tennis. Pour cette première année, les critères d’éligibilité étaient basés sur deux prérequis : un classement FIP-WPT minimum et un projet sportif résolument orienté vers la progression au classement international. C’est comme ça qu’en 2020, la FFT accompagnera six joueurs et cinq joueuses sous convention.
Je travaille déjà sur la grille des aides 2021. En effet, j’aimerais pouvoir présenter à nos athlètes les règles d’attribution des aides 2021 dès le début de la saison 2020. Ainsi, chacun saura en toute transparence quel objectif atteindre pour bénéficier de l’aide fédérale. Naturellement, je m’appuie sur les capitaines des équipes de France seniors pour déterminer les règles 2021.
Vous qui venez du tennis, quel est votre premier sentiment sur le monde du padel ?
Dans le haut niveau, je découvre un univers de jeunes gens formidables. Ils sont passionnés par leur sport, acteurs de leur projet, ils prennent des initiatives, vont chercher des partenaires ; ils n’ont pas attendus la fédération pour avancer. Ils ont un état d’esprit exceptionnel. Ils sont plein de fraîcheur. On a envie de les aider.
Je ne peux m’empêcher de penser qu’on aimerait retrouver cette énergie plus souvent chez certains joueurs de tennis. L’accession vers le haut niveau en tennis demande beaucoup d’exigences dès le plus jeune âge. Dans cette course contre le temps, la fédération accompagne beaucoup les jeunes joueurs. Le revers de la médaille, c’est qu’il arrive parfois que certains d’entre eux rentrent dans une forme d’assistanat et perdent le sens de l’initiative. Or, sur le terrain, on est seul à tenir la raquette…
Dans le padel, on peut dire que nos joueurs sont exemplaires. Ils vivent leur passion à fond sans calculer. Ils n’ont pas peur de prendre des risques. Je m’emploierai à ce que la FFT les accompagne tout en préservant cet état d’esprit qui fait leur force.
Franck Binisti découvre le padel au Club des Pyramides en 2009 en région parisienne. Depuis, le padel fait partie de sa vie. Vous le voyez souvent faire le tour de France en allant couvrir les grands événements de padel français.