La Fédération Française de Tennis a déjà réalisé un énorme travail pour cadrer l’explosion du padel en France. Mais que pourrions-nous faire encore pour améliorer les conditions, la réglementation de ce sport et l’aider à se développer?
Nous allons essayer d’énumérer les différentes idées des clubs et joueurs avec les avantages et inconvénients.
1/ Homologuer les tournois mixtes
Il s’agit de LA règle plébiscitée par de très nombreux joueurs et clubs de padel.
Avantages :
D’abord, le padel est un sport parfaitement adapté pour ce type de compétitions. De nombreux couples d’ailleurs participent déjà aux tournois internes mixtes des clubs. Mais il n’y a pas que les couples. Bien au contraire. La National Padel Cup, le Padel Infinity Tour ont montré qu’il y avait une énorme demande, un énorme potentiel. L’Open de France proposera en outre en septembre prochain une grande compétition européenne de padel mixte.
Par ailleurs, les dames, qui sont malheureusement moins nombreuses à pratiquer le padel pour l’instant, pourraient faire des compétitions avec les messieurs de manière plus cadrée avec des tournois homologués.
L’autre avantage, notamment pour les grands clubs de padel, c’est la possibilité de proposer 2 compétitions homologuées en même temps, dames ou messieurs, et de participer en plus à un tournoi mixte.
Les joueurs jouent plus, les clubs ont des recettes supplémentaires et la FFT continue d’engranger des licenciés supplémentaires.
La mesure pourrait être mise en place de manière très simple en utilisant déjà les outils mis en place par la FFT.
Une mesure qui ne coûte par un euro et qui pourrait bénéficier à tout le monde.
Inconvénients :
Les paires seront par moment déséquilibrées, mais est-ce un véritable argument contre la possibilité d’homologuer les tournois mixtes ?
Nous ne voyons pas véritablement de raisons de refuser la possibilité aux clubs d’homologuer des tournois mixtes.
2/ Intégrer les paires dames aux tournois messieurs
Intégrer des paires dames dans les tournois messieurs, une idée qui est en train de germer positivement, mais qui est bien plus compliquée que ce qu’il paraît dans sa mise en application.
Constat de départ : 3 gros problèmes
=> D’abord, il y a très peu de tournois de padel dames. Et quand les tournois dames sont annoncés, il arrive que ces tournois soient reportés et même parfois annulés car pas assez de joueuses.
=> Puis, quand il y a des tournois dames, on revoit souvent les mêmes joueuses. Il n’y a pas de renouvellement, d’émulation et de nouvelles confrontations. Bref, difficile pour ces paires dames de se motiver en permanence.
=> Enfin, les écarts de niveaux sont très importants entre le top 10 français et les autres paires dames. Mais il y a aussi des fossés très importants parmi les 220 licenciées dames (contre 1610 licenciés chez les messieurs)
Comment ?
Utilisons ce qui fonctionne ailleurs. Dans le squash, la Fédération Française de Squash s’est retrouvée confrontée au même problème que la FFT concernant les dames.
Comment faire quand les niveaux et les rankings ne sont pas les mêmes entre dames et messieurs ?
1/ Intégrer un coefficient multiplicateur pour les paires féminines et ainsi les classer dans le tableau messieurs.
Par exemple : 1 paire dames de 100 points équivaudrait à 300 points chez les messieurs. (Rappelons que plus une paire a de points, moins bien elle est classée). Les points qu’elles gagneront, compteront bien évidemment pour le ranking dames.
2/ Mettre en place un système de quotas.
En gros, il ne pourrait y avoir par exemple plus d’un 1/4 de paires dames dans un tableau messieurs. Par exemple, dans un tableau messieurs de 16 paires, on ne pourrait avoir du coup que 4 paires dames maximum.
Une solution qui ne coûte là aussi pas un euro et dont la mise en place serait très bien accueillie.
Inconvénients :
Est-ce que jouer avec les messieurs est dangereux pour les dames ? Il est vrai que le jeu est plus rapide chez les hommes quelque soit le niveau. Si les dames seront libres de participer aux tournois messieurs et par ce fait d’accepter un jeu plus rapide, il ne faudrait pas qu’il y ait des blessures à cause de ce système…
L’autre inconvénient ou grande complication, c’est le classement de ces paires dames dans un tableau messieurs. Car malgré le coefficient, il pourrait y avoir des aberrations. La solution n’est donc pas si évidente.
Exemple : Audrey Casanova et Laura Clergue, la première paire française serait alors considérée comme la 6e paire chez les messieurs avec ce fameux coefficient multiplicateur.
L’idée alors serait d’appliquer un coefficient multiplicateur différent en fonction des tranches de classement. Ou encore de donner un classement prédéfini pour chacune des paires françaises.
On l’a bien compris, la FFT aura donc un gros travail à faire pour imaginer la bonne méthode de pondération pour les classements féminins.
Il faudra évidemment parler de « poids d’équipe » pour éviter les confusions.
3/ Assouplir davantage la réglementation concernant les formules tournois
L’objectif est de laisser au juge arbitre quelques libertés supplémentaires pour accélérer les matchs ou les ralentir en rallongeant le format de jeu. Est-ce une si bonne idée que ça ?
Avantages :
Au squash, on peut faire jusqu’à 4 matchs / jour pour un tournoi de squash homologué.
Or, au padel, qu’on peut estimer un peu moins physique que le squash, on ne peut faire que 3 matchs max avec la formule dite traditionnelle ou classique (Format 1), cad, 2 sets gagnants (avec le ad et le 3e set classique). Sachant qu’au passage, on sait qu’il y a souvent des matchs éclairs, notamment dans les phases de poule, à cause des différences de niveaux qu’il peut y avoir.
Peut-être que rajouter un match en plus dans la journée avec la formule traditionnelle serait intéressant pour tout le monde.
Une autre variante : Si les joueurs et juges arbitres sont d’accords, il faudrait peut-être leur laisser la possibilité de choisir le format pour faire leurs matchs.
Inconvénients :
Rallonger les matchs pourrait être difficile pour les joueurs, notamment si de longs matchs se succèdent. On a pu le voir encore dernièrement à l’Open de Lyon où Gaël Monfils expliquait lui-même qu’enchaîner les matchs étaient compliqués physiquement.
Ce serait également une barrière difficile à franchir pour les personnes moins bien préparées physiquement ou encore plus âgées.
Et puis, cela signifierait que les juges arbitres et joueurs auraient un gros pouvoir. Est-ce la porte ouverte à des abus ? Il pourrait y en avoir.
Enfin, la FFT est là pour offrir un cadre avec un règlement précis. Une même règle pour tout le monde, c’est certainement plus juste.
L’équilibre a-t-il été trouvé par la FFT avec les formules de matchs actuels ? Peut-être.
A vous de le dire.
4/ Traitement des structures privées et municipales à égalité
Les clubs de padel privés qui sont ensuite habilités FFT doivent pouvoir profiter des mêmes aides que le club municipal.
En effet, on observe que certains privés se disent être confrontés à une concurrence déloyale.
D’abord parce que les clubs municipaux sont souvent aidés financièrement par les municipalités et parfois les régions. Et ensuite, la ligue FFT aide par moment davantage le club municipal que le club privé.
Lorsqu’une ligue propose d’aider financièrement un projet padel, elle ne peut pas distinguer le club municipal à un club privé qui s’habilitera par la suite. Il doit y avoir une égalité parfaite.
A noter cependant que beaucoup de ligues jouent le jeu de l’égalité des traitements, à commencer par la ligue lyonnaise qui compte aujourd’hui d’ailleurs 7 clubs de padel.
5/ Autoriser l’arbitre à participer au tournoi
De manière assez étrange, le règlement interdit au juge arbitre de participer à son tournoi. On voit bien l’objectif. Mais n’est-ce pas un peu sévère ? Surtout qu’il arrive souvent que le juge arbitre soit lui-même joueur et donc le premier postulant à son propre tournoi.
Et puis, cela implique indirectement que le partenaire du juge arbitre doit chercher un autre partenaire. (Ce qui n’est pas grave évidemment). Mais cette réglementation peut agacer les premiers concernés : Les juges arbitres / joueurs.
Pourquoi ne pas assouplir cette partie du règlement ?
6/ Un diplôme de padel
Nous proposerons très prochainement, l’interview de Jean WALLACH, Président de la ligue du lyonnais et vice président de la FFT en charge de la formation et du dossier épineux de la formation padel.
Aujourd’hui, il faut en effet avoir le brevet d’Etat de tennis pour être prof de padel… Or, de nombreux joueurs de padel ont toutes les qualités requises pour former.
Bien-entendu, il ne s’agit pas d’un problème FFT, mais d’un problème bien plus général, puisque c’est le ministère des sports qui certifie les diplômes.
Les équivalences, une solution ?
Depuis le 1er septembre 2009, le centre ENIC-NARIC France a adopté une approche comparative pour le traitement des demandes de reconnaissance des titulaires de diplômes étrangers et délivre, lorsque l’étude du dossier le permet, une attestation de comparabilité pour un diplôme obtenu à l’étranger qui évalue le diplôme soumis par rapport au système français.
En Europe, les équivalences sont légions. La France doit accepter et autoriser qu’un français ayant acquis un diplôme en Espagne puisse enseigner en France.
Mais là aussi, la FFT n’a pas toutes les cartes encore plus sur ce dossier qui dépasse le simple cadre du tennis.
La FFT travaille le CQP animateur
Cependant, la FFT travaille sur une autre manière de contourner ce problème franco-français :
Le CQP animateur. Cet animateur là animerait tous les sports (Tennis, Padel, Beach tennis). Ce diplôme serait également plus souple que l’actuel AMT. Mais on reviendra sur ce sujet prochainement.
7/ Prize money des catégories de tournois de padel
Il existe 4 types de tournois : le P100, P250 P500 et P1000.
A partir des p250, prize money obligatoire à hauteur minimale de la numérotation de la catégorie choisie.
Est-ce une bonne chose ?
Avantages :
La formule semble prendre un peu partout en France.
De nombreux clubs proposent déjà des P1000. On peut même dire que la France est ambitieuse avec ses dotations financières. Les gros tournois ramènent des bons joueurs dont des joueurs espagnols.
Pour les joueurs, c’est une formule évidemment très intéressante, notamment pour les meilleurs qui du coup se déplacent.
Inconvénients :
Observons que les prize money (Les P500 et P1000) profitent davantage aux espagnols qu’aux joueurs français. Si cela a le mérite d’augmenter le niveau du tournoi, on pourrait se demander si cette règle de prize money ne serait pas à double tranchant.
Qui plus est les vainqueurs sont souvent des joueurs qui ne font pas parties de la vie économique du padel français. Bien-entendu, il s’agit d’une tendance. Devons-nous laisser les choses ainsi ?
Ensuite, ces tournois (P500 et P1000) sont coûteux pour les clubs. Est-ce si intéressant pour eux ?
Un peu tôt peut-être pour faire un bilan de ces catégories de tournois.
8/ Des championnats de France en outdoor possible ?
Les championnats de France de padel ont toujours lieu en indoor. Sur ces deux dernières années, les championnats ont eu lieu au Padel Club de Lyon (Padel Central) et à Padel Attitude. Les prochains auront lieu au BIG IV. 3 clubs indoors.
Pourquoi les championnats de France de padel sont toujours en indoor ?
Avantages :
Pour des raisons certainement d’organisation. En cas de pluie, on fait quoi ? La France est dotée d’un parc indoor de plus en plus important.
Inconvénients :
Pourtant il existe bien des étapes du World Padel Tour en outdoor. Et puis pour les clubs outdoor et les joueurs spécialisés en outdoor, ce n’est pas forcément juste. Car jouer en indoor et en outdoor, ce n’est pas du tout la même chose. Les joueurs d’outdoor seraient donc toujours désavantagés ?
9/ Augmenter la hauteur minimum pour homologuer un club ?
Aujourd’hui, il suffit d’avoir 6 mètres de hauteur pour qu’un club indoor puisse habiliter ou affilier son club de padel. Est-ce suffisant ?
Avantages :
Tous les clubs de padel sont quasiment certains d’être homologables et pourront ainsi proposer des tournois de padel, licencier des joueurs de padel, etc. Pour la démocratisation du sport, c’est une très bonne chose certainement.
Inconvénients :
Pour faire de la compétition, les 6 mètres de hauteur limitent le jeu padel et on peut même estimer que cette hauteur privilégie les joueurs de tennis… Vu l’explosion du padel, ne devrions-nous pas repousser cette hauteur à 7,5 mètres. ? Cela obligerait les nouveaux projets à être au-delà de cette hauteur.
Les clubs ayant déjà été habilités ou affiliés et ayant une hauteur de moins de 7,5 mètres ne devront pas être touchés par ces éventuelles nouvelles dispositions.
Franck Binisti – Padel Magazine
Franck Binisti découvre le padel au Club des Pyramides en 2009 en région parisienne. Depuis, le padel fait partie de sa vie. Vous le voyez souvent faire le tour de France en allant couvrir les grands événements de padel français.
Je pense qu’il faudrait diminuer le coût de l’inscription en tournoi pour les jeunes, 20 ou 25€ c’est beaucoup quand on est scolaire ou encore étudiant…
Excellent article avec de très bonnes pistes de réflexion…
La FFT sera-t-elle réceptive et quelle est sa volonté réelle de développer le padel ?
A titre personnel je regrette par exemple que les joueurs de squash soient aussi peu considérés par le monde du padel.
Au padel un première série de squash, encore actif ou même ancien, vaut un très bon classé au tennis mais ne bénéficie pas de la même considération…cf. la question du diplôme et du B.E. de tennis.
Et Franck tu le sais aussi bien que moi, le padel n’est pas un peu moins physique que le squash, il est BEAUCOUP moins physique 🙂
Bonjour Jeff, beaucoup de joueurs de squash pratiquent le padel. Par exemple, au Club des Pyramides à Port Marly, une très grande partie des joueurs de padel proviennent du squash. Etonnament, ce sont les joueurs de tennis qui manquent à l’appel pour le moment dans ce club. On voit également des clubs mixtes Padel / squash se développer de plus en plus. Le Club parisien Padel Horizon, le toulouse Padel Club, le club du Mas à Perpignan et de puis peu le Complexe du Roussillon (à Perpignan également) proposent du padel et du squash.
Physiquement, on est d’accord, le squash est très dur physiquement En revanche les matchs durent moins qu’un match de padel. 🙂