Lors de l’APT Padel Tour Oeiras Open, nous avons pu nous entretenir avec la jeune joueuse argentine Nerea Derbis. Du haut de ses 19 ans, elle nous fait part de son histoire et de son parcours dans le padel.
Padel Magazine : Parle nous un peu de ton histoire.
Nerea Derbis : J’ai commencé quand j’avais environ 12/13 ans et j’étais une fille qui avait toujours fait beaucoup de sport : je faisais tout ce que je pouvais faire. J’ai commencé par le tennis, puis mes parents ont créé un club. Mais je ne me suis pas dit « bon, je vais me consacrer au padel et puis je vais jouer chez les professionnels ».
J’ai fait ça parce que j’aime beaucoup ce sport, tout simplement. Et un jour, une fille m’a appelée pour savoir si je voulais jouer avec elle pour les qualifications pour le championnat du monde. J’ai dit oui, sans savoir dans quoi je m’engageais.
Et à la fin de cette année, en 2015, nous nous sommes retrouvées deuxièmes et nous avons été appelées pour aller à la Coupe du Monde avec l’équipe nationale. Je suis allée au Championnat du Monde au Mexique et je me suis dit « eh bien, peut-être que j’aime ce monde ».
J’ai rencontré beaucoup plus de gens là-bas et quand je suis rentrée du Mexique, j’ai dit à mes parents que je voulais commencer à m’entraîner avec un coach et c’est comme ça que tout a commencé.
Des sacrifices inévitables
PM : Comment as-tu décidé de partir pour tenter de vivre de ta passion qu’est le padel ?
ND : Au fil des années, de 2015 à 2018, j’ai joué avec l’équipe nationale. Au fur et à mesure que je progressais, je me suis rendu compte que si je voulais essayer de vivre du padel, je devais aller en Espagne. En Argentine, en raison de circonstances différentes, on ne peut pas vivre du padel. Vous pouvez faire de la compétition, mais vous ne pouvez pas vraiment gagner votre vie.
Donc nous nous préparions avec mes parents au jour où j’allais atteindre ma majorité et partir. Je suis d’abord allée à Malaga. Ma dernière année en tant que mineure était 2020, quand le COVID a commencé. Donc j’ai raté ma dernière année de mineur, j’ai raté ma dernière année d’école… mais bon, ça m’a donné la possibilité de pouvoir m’entraîner plus. J’ai donc essayé de venir en 2020, mais comme la frontière était fermée, je n’ai pas pu. Mes parents étaient heureux parce qu’ils ne voulaient pas trop que je parte ! Alors, j’ai dit « bon, il ne se passe rien, on continue à s’entraîner et quand je pourrai y aller, j’irai ».
Ce n’est qu’en 2021, en mars, que j’ai réussi à obtenir un accord pour pouvoir faire les millions de papiers qu’il fallait faire pour pouvoir partir. À ce moment-là, j’étais déjà avec Cartri, une marque qui m’a dit « on va te trouver une place à l’Académie de Malaga ».
Je suis partie, je suis allée à Malaga et j’y ai étudié pendant un mois. Et d’un coup, je me suis dit « bon, je ne suis pas bien ici, je veux aller à Madrid ». Et je suis partie à Madrid parce que j’avais de la famille et plus d’amis là-bas. Et c’est là que tout a commencé.
PM : Tu as commencé à jouer le World Padel Tour, puis l’APT Padel Tour…
ND : E’était quelque chose que j’avais toujours vu à la télévision. C’était un rêve pour moi ! Et quand j’ai participé à mon premier World Padel Tour, c’était une révolution parce que c’est quelque chose dont beaucoup de gens rêvent mais que très peu réalisent. Venant d’une si petite ville, cela a eu beaucoup de répercussions.
PM : De quel village viens-tu ?
ND : Je viens d’une petite ville de l’intérieur, située à 500 kilomètres de la capitale et nous sommes 5 000 en comptant les vaches (rires), c’est tout petit. Ça s’appelle Casbas. Je ne sais pas si quelqu’un connaît, c’est entre Bahía Blanca et Trenque Lauquen.
Un mal pour un bien
PM : Parle-moi de ce que tu as ressenti lorsque tu as dû annoncer ton départ à ta famille.
ND : Ce n’est pas si dur de partir. Pendant la préparation je me sentais très bien, pareil que quand je suis arrivée ici. Je me sentais prête et je voulais venir ici. Maintenant, la nuit précédente quand j’ai su que je partais le lendemain, ça m’a stressée. Mais je voulais vraiment ça et je voulais laisser ma famille pour aller faire ça. La vie est remplie de doutes, mais il faut se dire « je veux y aller et essayer parce que je pense que ce serait pire si je ne le faisais pas ».
C’est difficile parce que nous sommes loin et ma famille ne peut pas venir me rendre visite, et je ne peux pas aller les voir non plus, mais je suis heureuse de la vie que j’ai ici.
PM : Que dirais-tu à une fille qui veut être comme toi ?
ND : Je lui dirais que si elle le veut vraiment de tout son cœur, elle devrait essayer. Je pense que la chose la plus importante est le soutien de la famille. Si vous avez derrière vous des personnes qui vous ont toujours soutenue et qui continuent à vous soutenir dans les bons et les mauvais moments, vous devez essayer. Vous devez vous battre si vous devez venir ici.
J’ai dû m’adapter, j’allais m’entraîner toute la matinée pour travailler l’après-midi. C’est dur parce que c’est beaucoup de sacrifices et beaucoup de fatigue. Mais finalement, je pense que la fatigue mentale supplémentaire due à l’éloignement, si on sait en tirer l’énergie positive, on peut l’exprimer sur le terrain.
Son profil en tant que joueuse
PM : Comment tu définirais ton jeu ? Quel genre de joueuse es-tu ?
ND : Je jouais à droite et très récemment, j’ai commencé à jouer davantage à gauche et en réalité je me sens à l’aise de ce côté. L’une des raisons pour lesquelles j’ai changé pour le côté gauche était que je commençais à me sentir très en forme physiquement. Et je pense que je suis caractérisée par le fait d’avoir beaucoup de patience, de ne jamais laisser une seule balle comme perdue.
Quant aux autres joueuses, une petite anecdote : mes cheveux étaient un peu plus courts et on m’a dit que de dos je ressemblais à Gonzalez. Quand je jouais à droite, j’aimais beaucoup Delfi Brea. Et maintenant que je vis mes premières aventures à gauche, j’ai vraiment aimé Ari Sanchez.
PM : Quel est ton rêve ?
ND : Mon rêve est de toujours pouvoir donner le meilleur de moi-même à chaque match, et d’être toujours compétitive. L’un de mes rêves pour cette année, lorsque j’ai commencé à écrire, était de pouvoir disposer d’une équipe avec laquelle travailler.
J’y suis parvenue parce que j’ai un kiné, un préparateur physique, un entraîneur de padel et un entourage qui me soutienent à Madrid. C’était déjà un rêve qui se réalisait. Et le fait de faire les choses correctement, de prendre soin de moi avec mes repas et de me donner autant à l’entraînement et ainsi de suite, cela me donne confiance.
Si les résultats ne viennent pas pour le moment, ils viendront à un moment donné, mais je sais très bien qu’à la fin de chaque semaine je suis convaincue que j’ai tout fait correctement et que je me suis battue sur chaque balle.
Retrouvez l’interview intégrale ci-dessous:
Initialement attirée par le tennis, j’ai pour volonté de m’intéresser au padel afin de découvrir les différentes faces cachées de ce sport. C’est pourquoi j’ai décidé d’intégrer l’équipe de Padel Magazine. A très vite sur les terrains !