Les juges-arbitres de padel qui pensaient pouvoir continuer à participer à quelques tournois loisirs vont devoir ranger leur raquette. La FFT vient de rappeler une règle stricte : un JA ne peut ni jouer, ni coacher dans une compétition où il officie… même s’il s’agit d’un petit tournoi de club. Une décision qui fait grincer des dents, notamment chez ceux qui s’investissent bénévolement au quotidien pour faire vivre le padel dans leur région.

La Fédération Française de Tennis est très claire dans sa dernière communication :
« Le JAP ne peut pas être ni coach, ni joueur, lors des tournois ou championnats de padel, par paires ou par équipes, qu’il juge-arbitre, et ce quelle que soit la catégorie de l’épreuve. »

Dans l’esprit, beaucoup pensaient qu’un juge-arbitre (JA) pouvait, bien évidemment, participer à des tournois. Mais ce qui semblait une évidence se heurte à une réalité : celle d’un règlement pensé pour éviter les dérives, même marginales, qui finissent par nuire à l’ensemble.

En effet, il est déjà arrivé que des joueurs – à tort ou à raison – estiment qu’un JA, également joueur dans son propre tournoi, ait pu orienter les tableaux à son avantage. Si dans l’immense majorité des cas, tout se passe bien, l’explosion du nombre de tournois de padel a probablement poussé la FFT à trancher fermement : interdire toute participation du JA à son propre tournoi.

Une décision dommageable pour l’esprit des petits tournois

La conséquence directe – et collatérale – de cette mesure, c’est que le juge-arbitre du club ne pourra plus jouer dans “son” petit tournoi, souvent un P25 ou un P100. C’est évidemment regrettable, et cela va à l’encontre de l’esprit même de ces épreuves conviviales, souvent organisées sur une demi-journée, parfois moins, et conclues dans une ambiance de 3e mi-temps bien sympathique.

Certes, c’est notre point de vue, mais on se dit que pour les tournois P25 à P250, un juste milieu aurait pu être trouvé. Par exemple : autoriser le JA à désigner un suppléant pendant ses matchs. Et surtout permettre aux JA de continuer à jouer pour le plaisir, tout en restant dans une démarche pédagogique et formatrice. Car jouer en compétition peut également améliorer leur vision du jeu et leur compréhension des attentes des joueurs.

Les juges-arbitres râlent : ils espéraient plus de souplesse… ils ont eu l’inverse juge arbitre joueur padel

Des pistes d’assouplissement ?

Pourquoi ne pas avoir envisagé un compromis, comme limiter à deux le nombre de tournois par mois dans lesquels un JA peut aussi être joueur ? Cela lui permettrait de choisir les épreuves qui lui tiennent à cœur, notamment dans son propre club, sans compromettre l’éthique.

Double peine pour les JA classés dans le top 500

Autre effet pervers du règlement : un JA bien classé (top 500 français) ne peut plus participer aux P250 et, dans le même temps, ne peut pas non plus jouer les P500 dans lesquels il officie comme juge-arbitre. Résultat : il se retrouve bloqué sur les deux tableaux. Une situation d’autant plus frustrante qu’elle risque de démotiver certains passionnés, investis à la fois dans l’arbitrage et dans la pratique du padel.

Est-ce que la FFT avait vraiment le choix ? On imagine qu’elle n’a pas pris cette décision de gaieté de cœur, mais plutôt en réponse à certaines remontées du terrain. Avec l’explosion du nombre de tournois de padel en France, elle a sans doute préféré jouer la carte de la prudence en posant une règle simple, claire… et radicale. Peut-être reviendra-t-elle un jour sur cette position. Car des solutions intermédiaires existent, et pourraient permettre de concilier esprit sportif, équité et convivialité dans les petits tournois.


Le témoignage de “Max”, un lecteur sur le site qui a souhaité compléter / répondre à cet article :

“Un JA Padel n’avait pas le droit, à la base, de jouer en P500. C’était strictement interdit.

Dans des catégories inférieures, oui, à condition d’être remplacé par un adjoint (un véritable JA Padel, et non un professeur ou un autre responsable du club).

Un juge-arbitre padel se doit d’être présent au bord des terrains, pour lancer et superviser les parties, recueillir les résultats, intervenir en cas de litige, anticiper ou réorganiser en cas de problème, etc. Il doit donc être disponible à tout moment.

S’il est joueur pendant son tournoi, et qu’un incident survient sur un autre terrain, il ne peut pas intervenir. Et si cela arrive pendant l’un de ses propres matchs, hum…

Pour protéger l’intégrité de la compétition, éviter tout abus, toute influence ou arrangement possible, et garantir une impartialité a priori, il a été clairement décidé qu’un JA ne peut être ni joueur ni capitaine d’équipe dans un tournoi qu’il organise.

On peut comprendre la frustration de certains JA, qui souhaiteraient jouer dans les tournois de leur propre club, où ils sont parfois animateurs ou enseignants, où ils participent à la dynamique, attirent du public… Il peut aussi y avoir un challenge sportif, notamment pour remplacer un désistement et sauver un tableau, dans un bon esprit…

Mais dans tous les cas, il est vraiment préférable de garantir à tous une règle simple, éthique et claire.

Franck Binisti

Franck Binisti découvre le padel au Club des Pyramides en 2009 en région parisienne. Depuis, le padel fait partie de sa vie. Vous le voyez souvent faire le tour de France en allant couvrir les grands événements de padel français.