Les résultats de ce dernier Major de la saison posent une question de fond : le calendrier est-il devenu excessif pour les joueurs de haut niveau ?

La nuit dernière a offert un enchaînement de surprises comme le circuit en a rarement connu en 2025, à l’occasion des huitièmes de finale du Mexico Major.
Chez les femmes, quatre des huit meilleures paires mondiales ont été éliminées prématurément.
Chez les hommes, Coki Nieto et Mike Yanguas (TS3) ont été les seuls à tomber, mais presque toutes les autres paires ont dû livrer des matchs particulièrement accrochés, à l’exception de Galan / Chingotto et Stupa / Di Nenno (et encore…)

Des conditions difficiles, mais pas suffisantes pour tout expliquer

Cette situation reste assez unique dans une saison où les surprises sont généralement rares et se limitent à une ou deux paires issues du top niveau.
Des facteurs ponctuels peuvent en partie expliquer ces résultats : chaleur supérieure à 30 degrés, taux d’humidité très élevé, organismes mis à rude épreuve, sans oublier un vent gênant, particulièrement sur les pistes annexes.

Mais le fait marquant de cette nuit reste ailleurs : un niveau de fatigue physique et mentale extrême chez la majorité des paires de tête.

Il suffisait d’observer la fin de match de Sofia Araujo et Andrea Ustero pour comprendre l’ampleur du problème. Le moindre effort semblait coûteux, les déplacements devenaient pénibles, les passages aux vestiaires et les interventions des kinés se multipliaient.
À l’inverse, Caldera et Goenaga se montraient encore très mobiles, agressives et intenses.

Un constat clair : trop de tournois pour les meilleurs joueurs

Un constat s’impose : la saison est trop longue, et les joueurs, en particulier ceux du haut du classement, disputent trop de tournois.
Aujourd’hui, le classement mondial est basé sur les 22 meilleurs résultats de chaque joueur, alors que le calendrier compte 23 tournois majeurs, P1 et P2.

Cela ne laisse aucune marge de manœuvre. Les joueurs sont pratiquement obligés de participer à l’ensemble des épreuves pour rester compétitifs au classement, sous peine de se retrouver rapidement distancés.

Résultat :

  • des joueurs physiquement éprouvés en fin de saison,
  • une fatigue mentale évidente,
  • et une qualité de jeu parfois en baisse, au détriment du spectacle et des performances.

Les P2 dans le viseur, un mode de calcul du ranking à revoir

Cette problématique figurait déjà parmi les points de tension entre les joueurs et la FIP en début de saison, tensions qui avaient conduit à la grève du P2 de Gijón, puis à celle de Cancún chez les hommes, à l’exception de Lebrón et Stupa.

Les revendications étaient claires : permettre aux joueurs de choisir plus librement leurs tournois, notamment les P2, compétitions moins rémunératrices en points et en prize money, mais pourtant quasi obligatoires.
Un système que certains comparent à celui du tennis, où les ATP 250 et 500 ne sont pas imposés aux meilleurs joueurs.

Pour améliorer la situation, une révision du nombre de tournois pris en compte pour le classement semble également nécessaire. Plusieurs joueurs plaident pour un total autour de 18 résultats, afin d’éviter des fins de saison marquées par l’épuisement, comme on l’observe actuellement au Mexico Major.

Un débat incontournable avant 2026

L’intersaison, qui approche, offrira sans doute l’occasion à l’association des joueurs et aux instances de rouvrir les discussions en vue de 2026.
L’enjeu est clair : la santé des joueurs, la cohérence du calendrier et le niveau de jeu sur l’ensemble de la saison en dépendent directement.

Pierre Guille Sanchez

Joueur amateur du sud de la France et passionné de Padel avec un œil particulier sur le circuit féminin.