Benjamin Tison, responsable du haut niveau padel et l’un des membres décisionnaires pour l’attribution des wild cards du Greenweez Paris Major 2024 revient sur la grosse actualité concernant le choix des WC. Et vous allez voir que cela très loin d’être si simple pour la commission en charge de l’attribution de WC du GPM.

Question : Comment avez-vous envisagé l’attribution des wild cards pour le Greenweez Paris Major cette année, notamment chez les dames ?

Benjamin Tison :
Les joueuses doivent d’abord demander une wild card. Une fois que nous avons la liste des demandes, nous analysons chaque candidature. Avec Arnaud Di Pasquale, Éric Largeron, Robin Haziza, Pablo Ayma et moi-même, nous avons pris les décisions.

Concernant les Françaises, il y avait quatre paires qui ont attiré notre attention : Fiona Ligi / Tiffany Phaysouphanh, Camille Sireix / Louise Bahurel, Carla Touly / Jessica Ginier, et Charlotte Soubrié / Lucile Pothier. Ces paires avaient un niveau suffisant pour mériter une wild card. L’une des discussions concernait le fait de peut-être laisser Carla et Jessica en qualifications pour permettre aux autres paires d’accéder au tableau final. Cependant, au vu de leur niveau de jeu actuel, il nous semblait injuste de les priver du tableau principal. Elles ont récemment remporté le FIP Rise de Bandol et perdu de justesse en finale des Championnats de France, donc nous avons jugé qu’elles méritaient leur place dans le tableau principal.

Ensuite, il a fallu trancher entre Charlotte Soubrié / Lucile Pothier et Camille Sireix / Louise Bahurel. Charlotte et Lucile ont montré un très bon niveau en équipe de France, mais n’ont pas un projet très orienté FIP. Quant à Louise Bahurel, qui prépare son bac cette année, elle n’a pas joué beaucoup de tournois internationaux. Finalement, nous avons accordé la wild card pour le tableau principal à Charlotte et Lucile, et laissé Camille et Louise en qualifications. C’était une décision difficile, mais nous avons estimé que c’était le choix le plus logique.

Question : Par rapport à l’année dernière, on a l’impression que l’obtention des WC a évolué…

Benjamin Tison :
L’an dernier, je n’étais pas là. La FFT avait effectivement privilégié un maximum de paires françaises dans le tournoi en fonction des choix qu’elle avait. Cette année, nous avons opté pour une approche différente. Il est important de rappeler que chaque situation est unique. Par exemple, Carla et Jessica ne sont pas protégées dans les qualifications, car elles sont classées 13e sur 16 paires. Elles auraient pu se retrouver face à des têtes de série. En tenant compte de cela, il nous semblait plus juste de les placer directement dans le tableau principal. C’est vraiment du cas par cas.

Question : Concernant les messieurs, vous dites que cela a pris beaucoup de temps. Qu’est-ce qui a été le plus compliqué ?

Benjamin Tison :
Effectivement, cela a été très long et compliqué. La principale difficulté est de savoir dans quelle mesure nous favorisons les paires françaises par rapport aux paires mixtes (Français/étranger). Avant les demandes de wild cards, j’avais informé les joueurs que nous allions avantager les paires françaises, sans pour autant garantir quoi que ce soit.

Thomas Leygue, en tant que numéro 1 français, était assuré d’obtenir une wild card pour le tableau principal avec son partenaire. La question s’est posée pour Dylan Guichard, qui aurait pu être tête de série en qualifications, mais avec la mise à jour des classements, il est finalement mieux placé en tableau principal. En raison de son jeune âge et de ses récentes bonnes performances avec Clément Geens, il a obtenu une wild card pour le tableau principal.

Il n’y a pas eu beaucoup de débats concernant Blanqué / Bergeron et Vanbauce / Joris, deux paires françaises qui ont montré des résultats solides. Elles ont également été récompensées par une wild card pour le tableau principal.

Question : Qu’en est-il de la dernière wild card pour les qualifications ?

Benjamin Tison :
La dernière wild card pour les qualifications a été particulièrement difficile à attribuer. Nous avions le choix entre Adrien Maigret / Jérôme Inzerillo et Manu Vives / Eneko Arija. Finalement, nous avons choisi Maigret / Inzerillo. C’est une paire 100 % française, et ils ont toujours été présents pour l’équipe de France. On pourrait dire que c’est une forme de récompense pour leur investissement. D’un autre côté, Manu Vives joue avec un partenaire étranger, et bien que cela ne soit pas un critère exclusif, cela a peut-être pesé dans la balance. Manu a fait un excellent tournoi récemment, mais au final, nous avons dû faire un choix, et cela s’est joué à très peu de choses.

En revanche, il n’y a pas eu beaucoup de débats autour de Yoan Boronad et Timéo Fonteny. Leur wild card pour les qualifications était pratiquement garantie. C’est une jeune paire en pleine progression, qui a montré de très bons résultats récemment, malgré quelques pépins physiques. Ils ont su prouver leur potentiel et méritent pleinement cette chance de jouer à Roland-Garros. J’avais d’ailleurs annoncé en amont qu’ils obtiendraient une wild card pour les qualifications. Leur niveau de jeu et leur dynamique récente ont largement justifié cette décision.

Question : Cette non-attribution de wild card à Manu Vives peut-elle avoir un impact sur une éventuelle convocation en équipe de France pour les prochains mondiaux ?

Benjamin Tison :
Non, les deux décisions sont distinctes. La sélection pour l’équipe de France est décidée par Pablo Ayma et moi pour les hommes, et par Robin Haziza et moi pour les femmes. Ce sont des compétitions différentes avec des critères distincts. Le niveau de jeu est important, mais la sélection repose également sur l’équilibre du groupe. Donc, le fait que Manu Vives n’ait pas obtenu de wild card ne signifie pas qu’il ne sera pas sélectionné en équipe de France. Vous aurez la réponse à ce sujet dans quelques jours.

Franck Binisti

Franck Binisti découvre le padel au Club des Pyramides en 2009 en région parisienne. Depuis, le padel fait partie de sa vie. Vous le voyez souvent faire le tour de France en allant couvrir les grands événements de padel français.