Dans le cadre du Greenweez Paris Major 2024, Dylan Guichard, jeunes espoirs du padel français, n°2 français, a vécu une expérience unique en jouant pour la première fois sur le mythique court Philippe Chatrier. Aux côtés de Clément Geens, Dylan a montré un gros niveau de jeu face à une équipe du top 50 mondial. Dans cette interview, il revient sur la complicité naissante avec son nouveau partenaire, et ses ambitions pour les championnats du monde à venir. Entre fierté et détermination, le 119e mondial partage aussi son ressenti sur l’évolution de sa carrière, sa vie à Madrid, ainsi que ses réflexions sur les récents débats concernant les qualifications internationales.
Une balle de set face à une paire des joueurs du top 50
Dylan, première fois pour toi ici sur le central, sur le Philippe Chatrier avec Clément Geens. Comment ça s’est passé pour toi ?
C’est vrai que comme tu le dis, c’était ma troisième année ici, mais ma première fois sur le Philippe Chatrier. Même si j’avais déjà joué dans l’enceinte de Roland-Garros, c’est quand même une sensation différente de rentrer sur ce court, surtout avec pas mal de monde dans les tribunes, mes proches notamment. Forcément, il y avait beaucoup de fierté, mais aussi un peu de tension au début, ce qui a fait que le début de match n’était pas en notre faveur. Après, on a réussi à se remettre dans le match. On a très bien joué et, comme tu l’as dit, on a rivalisé avec une équipe très solide. On savait que le tirage allait être compliqué, et on finit par avoir une balle de set dans le tie-break. Forcément, quand on perd le premier set après avoir été si près de le remporter, c’est difficile. On a le coach qui essaie de trouver les bons mots pour nous remettre dedans. Mais après ça, on se fait breaker en menant 40-0 dès le début du deuxième set, et ça nous a mis un coup de massue. À partir de là, c’est devenu compliqué de continuer à rivaliser.
Comment tu vois les choses ?
Je retiens vraiment l’expérience incroyable de jouer sur ce terrain-là, et le niveau de jeu que nous avons eu pendant quasiment une heure dans le premier set. Même si le deuxième set a été plus difficile, je pense que c’est une bonne chose pour la suite.
Clément Geens, on déteste l’affronter
Parlons maintenant de cette nouvelle association avec Clément Geens…
De mon point de vue, Clément est un joueur qui a énormément progressé ces dernières années. C’est un peu comparable à ce qu’on dit de Benjamin Tison, un joueur que les adversaires détestent affronter. Clément a fait de très bons résultats, notamment en Amérique du Sud, et pour moi, c’était un choix logique de jouer avec lui après mon expérience avec Bastien Blanqué. On est très amis en dehors des courts, et on se croise souvent sur les tournois. J’avais besoin de renouveau, et l’opportunité de jouer avec quelqu’un comme Clément, qui est un peu mieux classé que moi et qui progresse constamment, était super. On s’entend très bien en dehors du terrain, et on s’améliore de plus en plus sur le terrain. Même si on a encore quelques ajustements à faire, je suis très optimiste pour l’avenir.
Vous avez déjà joué trois tournois ensemble ici à Roland-Garros. Quels sont les axes d’amélioration pour vous deux ?
Oui, c’était notre troisième tournoi ensemble. Il y a encore quelques petites choses à améliorer, notamment au niveau de l’entente sur le terrain, comprendre ce qui convient à l’autre mentalement et dans notre jeu. Mais je suis très confiant en notre équipe et en Clément. Il joue très bien et je pense qu’il y a de bonnes choses à venir pour nous.
Qu’est-ce qui se profile pour toi dans les prochaines semaines ? Est-ce que vous avez déjà prévu des tournois avec Clément ?
Oui, on est engagés ensemble jusqu’à la fin de l’année. Notre prochaine échéance, c’est le FIP Gold de Lyon. Ensuite, nous partons pour Doha avec l’équipe de France pour les championnats du monde. J’ai vraiment hâte, car ce seront mes premiers championnats du monde, et je suis très heureux d’avoir été sélectionné pour la deuxième fois cette année. C’est une échéance très importante, et je veux bien me préparer pour être le plus compétitif possible.
On perd de l’expérience, on gagne en fraîcheur
Parlons justement de la sélection pour les championnats de France. On a vu quelques changements avec l’arrivée de Manuel Vives et Timéo Fonteny…
C’est vrai qu’il y a eu des changements. On perd un peu d’expérience avec la non-sélection d’Adrien Maigret et Maxime Moreau, qui sont là depuis très longtemps. Ils apportaient du calme, de la sérénité et beaucoup d’expérience, alors que pour moi, c’est seulement ma deuxième sélection. Mais ces changements apportent aussi un vent de fraîcheur. Timéo est un jeune joueur très prometteur, et je pense que c’est une très bonne chose de lui donner cette opportunité. Quant à Manuel, c’est un très bon ami à moi. Nous sommes en colocation depuis presque trois ans, donc je suis très content pour lui aussi. Je pense qu’ils méritent tous les deux leur place au vu de leurs performances récentes.
Cela fait presque un an que tu es à Madrid. Comment cela se passe pour toi ?
Oui, je suis à Madrid depuis janvier, en colocation avec Manuel Vives. J’aime beaucoup la ville, mais c’est vrai que les nombreux tournois ne nous permettent pas de profiter pleinement. La vie semble incroyable sur les réseaux sociaux, car on voyage tout le temps, mais parfois, c’est un peu trop. On a envie de rentrer chez soi. À Madrid, je me sens vraiment chez moi, même plus qu’à Barcelone, où nous étions plus nombreux. Mais ces derniers temps, avec tous les tournois, il est difficile de trouver des moments pour se poser.
Cela déséquilibre les compétitions
Tu parlais des voyages. Comment gères-tu le rythme intense des compétitions, physiquement et mentalement ?
Ce qui est le plus difficile pour moi, c’est de rester rigoureux sur l’entraînement physique et l’alimentation, surtout en déplacement. Quand je suis à Madrid, je peux suivre une routine stricte. Mais quand nous sommes en tournoi, ce n’est pas toujours évident de maintenir cette rigueur. L’autre difficulté, c’est d’être loin de chez soi, surtout après une défaite. Après un match difficile, on a envie de rentrer, mais ce n’est pas toujours possible.
Dernière question, sur un sujet un peu polémique. On a vu récemment les Émirats arabes unis se qualifier avec quatre joueurs espagnols.
Pour moi, cela ne devrait pas être autorisé. Si on peut recruter des joueurs de n’importe quel pays, ce ne sont plus vraiment des championnats du monde par nation, mais plutôt des matchs par équipe. Cela déséquilibre les compétitions. Je comprends pourquoi certains pays le font si c’est autorisé, mais je trouve que ce n’est pas très éthique. Personnellement, je ne pourrais jamais jouer pour une autre nation, même pour beaucoup d’argent. Je pense que la FIP devrait réguler cela, ou même l’interdire, sinon cela va devenir une tendance. Si on ne l’interdisait pas, il faudrait au moins limiter le nombre de joueurs étrangers dans une équipe.
Franck Binisti découvre le padel au Club des Pyramides en 2009 en région parisienne. Depuis, le padel fait partie de sa vie. Vous le voyez souvent faire le tour de France en allant couvrir les grands événements de padel français.