Il ne pensait jamais devenir juge-arbitre. Encore moins faire du padel son quotidien. Et pourtant, à 24 ans, Quentin Rollet a tout plaqué pour vivre de sa passion. De ses débuts inattendus à Narbonne jusqu’à son envie d’arbitrer à l’international, il raconte son parcours, son engagement et les coulisses d’un rôle trop souvent méconnu. Désistements à répétition, tensions sur les pistes, règles mal comprises : il partage ses constats sans détour… et ses idées pour améliorer les tournois et l’expérience des joueurs.
Interview lors du FIP Silver Côte du Midi au Set Padel Narbonne
Un parcours inattendu, du tennis à la tour arbitrale
Originaire de Montauban, Quentin a d’abord consacré son temps au tennis jusqu’à l’âge de 19 ans. C’est en descendant à Narbonne pour ses études en 2019 qu’il découvre le padel, un peu par contrainte :
« Ici, il y a 300 jours de vent par an. Le tennis en extérieur, c’était compliqué. Un jour, le club m’a proposé une initiation au padel… et je n’ai plus jamais décroché. »
Ses premiers pas se font à l’AREA, l’un des clubs de la ville. Très vite, une opportunité s’offre à lui : on lui propose de passer le JAP1, pour arbitrer des tournois qui manquent d’officiels.
« J’y suis allé un peu par hasard, mais je me suis vite pris au jeu. »
C’est finalement au Set Padel, structure montée par Théo Barthe, que Quentin trouve un véritable terrain d’expression.
« Il m’a laissé une grande place dans le club, pour organiser les plannings et arbitrer beaucoup de tournois. Ça a été un tremplin. »
De la compta… au padel
Parallèlement à ses débuts d’arbitre, Quentin poursuit ses études en DCG (comptabilité) et travaille chez Burger King, puis dans un centre de formation.
« En avril dernier, j’ai quitté mon poste pour me consacrer à fond au padel. J’ai obtenu le JAP2 et je veux en faire mon métier. »
Une reconversion peu banale, mais pleinement assumée :
« On reste un peu dans l’Excel, mais c’est bien plus sympa ! »
Une page Instagram pour vulgariser les règles
Avec du temps devant lui, Quentin lance une page Instagram : Le JA du Padel. Objectif : expliquer les règles du jeu, souvent mal connues, y compris à haut niveau.
« Je vois encore des erreurs sur les services, ou sur la prise de balle avant qu’elle ne franchisse le filet. Même chez les pros, il y a débat. »
Top 3 des règles mal comprises :
La balle jouée de l’autre côté du filet (avant qu’elle ne le franchisse).
Le service non réglementaire (lancer de balle, hauteur, position des pieds).
Le rebond à l’intersection vitre/sol, souvent source d’incompréhension.
Arbitrer, c’est aussi désamorcer les tensions
Quentin assume également un rôle de médiateur :
« J’ai déjà dû séparer deux joueurs front contre front. Il y avait eu une intervention extérieure, ça a dégénéré. Je suis intervenu fermement. »
Mais l’objectif reste toujours de maintenir une ambiance sereine :
« Je parle doucement, je reste calme. C’est comme ça qu’on évite que les choses s’enveniment. »
Désistements : « un fléau pour les tournois »
S’il y a bien un sujet qui fait réagir Quentin, ce sont les désistements de dernière minute, fréquents sur les P25 à P250 :
« Des joueurs s’inscrivent tôt, bloquent des places, puis annulent sans prévenir. Résultat : des tableaux incomplets, des matchs annulés, des convocations modifiées. »
Et il enchaîne :
« Le prépaiement est une solution, mais pas idéale. Ce fléau pourrit les tournois, pénalise les clubs, les joueurs et rend l’organisation très compliquée. »
Même constat sur les matchs de classement non joués :
« Certains perdent au premier tour et partent sans jouer la suite. Pourtant, ces matchs sont prévus. Il faudrait des sanctions plus dissuasives, comme une perte de points. »
Le rôle du juge-arbitre : entre officiel fédéral et “commercial” du club
Le métier de juge-arbitre a profondément évolué :
« On est d’abord un officiel FFT, mais aussi un vecteur de satisfaction pour les clubs. Si les joueurs vivent une mauvaise expérience, ils ne reviennent pas. »
Son objectif : faire en sorte que chaque participant reparte satisfait, avec une organisation fluide et des temps de jeu respectés.
Des idées pour améliorer l’expérience joueur
Quentin teste de nouvelles formules :
« J’organise des tournois en parallèle pour hommes et femmes, ce qui permet à des couples de venir ensemble sans forcément jouer en mixte. »
Il pense aussi à des tombolas, des lots originaux, ou des formats plus souples pour valoriser tous les participants, même ceux éliminés tôt.
Le débat du tournoi mixte : faut-il encadrer davantage ?
Quentin le reconnaît : les tournois mixtes sont parfois sources de conflits.
« Il y a un écart de niveau, des visions différentes du jeu… Certains veulent gagner, d’autres s’amuser. Et parfois, des joueurs s’acharnent sur la joueuse. »
Il appelle à plus de responsabilité :
« Il faut être prêt à jouer dans ces conditions. Sinon, mieux vaut choisir un autre format. »
Franck Binisti découvre le padel au Club des Pyramides en 2009 en région parisienne. Depuis, le padel fait partie de sa vie. Vous le voyez souvent faire le tour de France en allant couvrir les grands événements de padel français.