Le jeune et talentueux Andoni Bardasco, ancien top 20 mondial, revient sur ses mésaventures et nous donne son avis sur le padel mondial et bien évidemment sur ses ambitions maintenant qu’il est opérationnel.
Jean-Marc Heard : La saison 2016 est déjà bien entamée, tu reviens de blessure petit rappel sur tes objectifs sportifs pour 2016?
Andoni Bardasco – J´attaque 2016 sans réel objectif puisque ma blessure au poignet me plonge dans l´inconnu. Côté blessure et récupération, tout est allé mieux que prévu, par contre, j´estime avoir manqué de chance au moment de conserver mon ranking protégé (qui permet de ne pas passer par les pré-qualifs lors des 6 premiers tournois). Lors de mon retour, 3 de mes partenaires se blessent et je dois successivement affronter les maîtres F. Belasteguin à Valence et JM Diaz à Barcelona.
Pour une reprise, ce fut très difficile, les résultats n´ont pas suivi, et je me retrouve classé au delà du top 100, devant jouer les pre-qualif.
Tout n´est pas négatif, puisque j´ai rencontré un partenaire (Diogo Rocha) qui m’a donné envie de me battre à chaque entrainement et de gagner toutes les rencontres menant au tableau final WPT.
Lorsqu´on revient de blessure, les choses sont elles obligatoirement plus compliquées qu´en temps normal ? Cela a-t-il une influence sur les programmes d´entrainement?
Dans mon cas, cela a eu une influence énorme. Je suis habitué a avoir un très bon niveau physique, et à la reprise de l´entrainement, j’avais le bras d’un gamin de 10 ans! Cela m’a obligé à reprendre la partie technique très calmement, et à travailler en salle de musculation pour retrouver ma force physique sans altérer les parties saínes de mon corps (coude, épaule, dos).
On imagine que si les résultats ne suivent pas, les changements de partenaires sont quasi immédiats… depuis 2015, le circuit pro est en pleine effervescence !
Ça dépend des cas et des joueurs… je pense qu’une paire est une équipe, et que si les résultats n’arrivent pas, la seule solution pour corriger les défauts passe par le travail.
Beaucoup de joueurs pros de padel craignent de jouer les qualifs, changent de partenaire dès qu’ils perdent quelques points pour assurer le maintien dans le tableau final. Cela dépend aussi du moment de la carrière du joueur et de son but personnel: le joueur aux grandes ambitions va plus s´intéresser à la qualité du parternaire plutôt qu´à son capital points; et à l´inverse… le joueur qui essaye de ne pas dégringoler au ranking va faire des calculs pour pas perdre de places et choisir le partenaire adéquat.
Notes-tu une évolution, des changements sur le circuit WPT?
Le circuit WPT s´est progressivement professionalisé et ceci est une excellente nouvelle.
Du côté des médias, la croissance du circuit ne passe pas inaperçue, et je dirais que le padel y occupe une place de plus en plus importante.
… en tant qu´observateur et joueur du dimanche, j´observe que le niveau présent sur les previas et Challengers est très élevé…avec des matchs très disputés et une intensité presque plus élevée que dans le tableau…
Eh oui, même si l´on parle des paires “pas top” du circuit, il est certain que de nombreux joueurs habitués au tableau final n´arriveraient pas à passer systématiquement les qualifs.
J’ai pu le vérifier puisque c’est la troisième fois que je commence une saison en dehors du top 100 (la première a été en 2009 quand j’avais 16 ans): tout est plus facile lorsque l´on est dans le tableau final. Les matchs de qualif et pre-qualif sont toujours très serrés, il faut en jouer 2 par jour etc.
Tu es originaire du Pays Basque, parles nous du/ des contraste(s) que tu observes entre le padel à la française et le padel, véritable sport pour tous en Espagne.
En France, vous ne jouez pas au padel (rire)… mais parlez plutôt de tennis dans un petit terrain. Pas d´inquiétude, la situation du padel en Espagne était comparable il y a quelques années.
Notre grande chance est d’avoir pu compter sur la venue de joueurs et coachs argentins: la barrière du langage n´existait pas et les choses se sont faites assez facilement.
J’imagine que petit à petit, en France, les pratiquants vont s´inspirer des joueurs de padel, et que les jeunes auront la possibilité d’apprendre le padel en école-strucuture spécialisée.
En France, le padel sport en phase d´éclosion, récemment intégré par la FFTennis qui compte ses figures et quelques accomplissements (H titre Euro FIP + HF qualification mondiaux 2016) … la FFT semble enfin promouvoir la compétition (tournois dotés €, révsion du format de jeu) … ainsi que l´approche loisir …
Je ne sais pas si c’est un bonne idée de laisser le loup prendre soin des moutons…
En Espagne, oui le padel a “volé” quelques joueurs amateurs au tennis, mais c’est aussi un sport qui a permi aux personnes qui n’avaient aucune envie de bouger de commencer une nouvelle activité physique!
La FFT possède sans aucun doute des moyens pour développer padel… reste à répondre aux questions cruciales: comment la FFT va envisager l’avenir du padel? Quelle importance va-t-elle lui donner? Etc.
Alors que manque-t-il pour que la France comble son retard?
Je pense pas que ce soit une question de retard, la France dans son ensemble est toujours en phase de découverte, le niveau augmentera progressivement.
La génération qui apprend actuellement, transmettra ses acquis aux jeunes, et ces derniers eux joueront vraiment au padel.
De mon point de vue, c’est très compliqué de faire jouer des joueurs de tennis au padel, et ne parlons pas de l’inverse!
Il faut donner envie aux jeunes de se lancer dans le padel, et de se fixer des objectifs. Dans mon cas, très jeune, je tire ma motivation de la présence du WPT à Bilbao, et vois évoluer de bons joueurs régionnaux, je m´identifie et cela me pousse à progresser.
La formation des jeunes générations n´est elle pas un point essentiel?
Bien sûr, encore faut-il disposer des moyens et des connaissances pour pouvoir former!
… le passage “formation” en Espagne est obligatoire?
Quelques joueurs français qui sont venus (sont) en Espagne.
Deux solutions: soit les joueurs viennent ici, soit les clubs où la FFT déplacent des techniciens capables de transmettre leurs connaissances, en France.
Quelle serait l´alternative (au passage par la case formation en Espagne)?
Voici une façon qui a fonctionné au Portugal ou la fédération (FPP) a organisé un groupe de compétition regroupant les meilleurs joueurs (dont Diogo Rocha, mon partenaire): en plus d´aides économiques pour assurer leur présence sur le circuit WPT, les tops joueurs comptent sur l´entraineur Juan Manuel Rodriguez (ex top 30 WPT) comme capitaine, référent qui officie aussi comme formateur pour les coachs locaux.
Est-ce que tous les joueurs de padel espagnols / portugais / Argentins sont aussi compétiteurs, même pour un carambar ?
Je ne peux pas parler des autres puisque je ne connais pas tout le monde.
Pour moi, dès qu’on parie un petit Coca, ma fierté m´oblige à gagner!
Enfin, pour conclure, un club, une personne en particulier, une marque que tu souhaites remercier?
Ma famille est très importante pour moi, et j’ai les meilleurs amis qu’on puisse avoir… c’est eux qui me soutiennent et qui ont été a côté de moi dans les moments compliqués. Et bien sûr, les marques qui ont maintenu leur confiance en moi après 3 années de galère et 2 opérations au poignet: Star Vie, Danagas et Infisport.
A partir du Challenger de Madrid, je commencerai à représenter 1 nouveau sponsor, Angola Invest.
Propos recueilli par Jean Marc Herard / Padel Buzz
Crédits photos : Paco Valdivia
Jean-Marc Herard est le chroniqueur Padel Magazine à l’international. Le barcelonais nous propose une vision plus internationale du padel avec notamment sa chronique Padel Buzz. JMH est le scanner du padel mondial.