Le kiné de l’APT Padel Tour, Marcello Mariani, nous parle des “bobos” sur le circuit professionnel de padel.
Comment les prévenir et que faire en cas de blessure ? Vous verrez que Marcello a également quelques anecdotes qui en disent long sur les différences entre joueuses et joueurs.
“Quand on est professionnel, il n’y a pas vraiment le choix : les joueurs viennent régulièrement nous consulter pour prévenir une éventuelle blessure, mais aussi atténuer quelques douleurs.
La vie du sportif de haut niveau n’est pas si évidente. Le corps est très exposé. Et il est rare de voir un corps parfaitement équilibré. Et justement notre rôle est celui d’aider le joueur lors des fluctuations de sa charge physique et faire en sorte que son corps s’y adapte continuellement.
Dans les périodes de travail intense, la blessure est toujours une éventualité à laquelle on doit faire face. Quand cela arrive en plein tournoi, on n’a pas souvent le temps d’aller chercher l’origine du problème, il faut mettre l’athlète en condition de jouer coûte que coûte. C’est une partie du travail très excitante pour un kiné du sport mais aussi celle où l’on a le plus de responsabilités.”
“Je pense que si on fait attention à soi, si on s’échauffe avant de jouer, en tant que joueur amateur on n’est pas obligé d’aller voir un kiné. En revanche, le joueur qui joue beaucoup, qui sollicite beaucoup les articulations doit aller voir le kiné, même si il croit que tout va bien.
Parfois, les prémices de futures douleurs démarrent parce qu’on a laissé traîner des petites blessures ou que l’on n’a pas correctement préparé son activité physique. Et le temps peut faire ensuite des dégâts qu’il sera plus difficile de réparer. C’est pourquoi les professionnels nous sollicitent beaucoup, surtout après un match. Ils sont soumis à de très forts stress physiques, psychiques. Pour prévenir des blessures chroniques et aiguës, pas le choix, il va falloir passer entre nos mains.
Il faut essayer de passer régulièrement chez le kiné, faire un check-up.”
“Aujourd’hui, la préparation physique est devenue un élément très important pour devenir professionnel et aller le plus loin possible. La concurrence est rude et le niveau est tel qu’à un moment donné, ce qui peut faire la différence, c’est justement la préparation physique. Les joueurs en ont parfaitement conscience.
D’ailleurs, j’aime bien prendre l’exemple du golf. A une certaine époque, chez les professionnels, la préparation physique n’était pas forcément la première des préoccupations. Aujourd’hui, pour être un champion, il faut être affûté physiquement.
Dans le padel, c’est la même chose : je pense que ces dernières années, le physique a pris de plus en plus d’importance. Il y a beaucoup de tournois, des matchs toujours plus compliqués, et il faut être prêt à pouvoir encaisser cette charge physique en réduisant au maximum les risques de se blesser. Et c’est ce qu’on essaie justement de faire.”
“L’échauffement est très important. Et le padel ne fait pas exception à la règle. On le voit toute la semaine, les joueurs s’échauffent jusqu’à une heure avant leur match. Ils prennent très au sérieux cette partie-là car ils savent que l’échauffement peut avoir une incidence directe sur leur match.
D’abord, l’échauffement permet de préparer son corps à la charge physique qu’il y aura sur le terrain. Il permet de délier les muscles, de préparer aussi à certains gestes durs pour le corps.”
“Par exemple, l’un des conseils que je peux donner à un joueur et ce quelque soit son niveau, ce sont les mimes, le “air padel”. On peut en rire entre nous lorsque l’on voit un joueur taper dans le vide et pourtant, si vous le faites correctement, c’est une très bonne chose. Essayez de varier le plus possible et de mimer des gestes que vous pourriez faire lors d’un match.”
Mimer vous permet justement de préparer, sur un plan neuromoteur tous les gestes que vous allez réaliser à haute intensité sur le court de padel. Vous aurez donc des gestes plus fluides; avec moins de risque de blessure et de faux mouvements.
D’ailleurs, les joueurs amateurs devraient justement s’inspirer des professionnels à ce niveau-là. C’est assez simple et ça permettrait d’éviter une bonne partie des blessures chez certains qui attaquent directement.
Vous serez ainsi totalement opérationnel avant de débuter la rencontre.”
“Les joueurs ont chacun leur méthode. Et c’est une bonne chose. Ils se connaissent et ils savent comment démarrer un match. Certains vont vouloir aller chez le kiné pour régler des derniers petits détails, d’autres au contraire, vont avoir besoin d’un échauffement plus sportif. Mais au final, le plus important, c’est au moins de passer par ce parcours de l’échauffement et que cela devienne un vrai rituel. On a beaucoup à apprendre de ces professionnels sur le circuit.”
“Les joueuses, lorsqu’elles viennent nous voir, on sait qu’elles ont quelque chose de sérieux.
C’est vrai que chez les messieurs, certains peuvent venir chez le kiné, parce qu’ils avaient gagné la fois précédente après nous avoir vu… Et du coup, ils nous prennent un peu pour leur porte-bonheur. Alors que chez les filles, je pense qu’elles ne vont pas chez les kinés sans une bonne raison. C’est difficile de dire pourquoi.
D’abord, je pense que les filles sont peut-être plus dures au mal. Oui messieurs ! Et puis elles ont aussi des habitudes. En général, elles ont un kiné. Elles ne sont pas toutes prêtes à aller voir un autre kiné qu’elles ne connaissent pas pendant une compétition. Et je comprends parfaitement la logique de ces championnes.
L’intensité des échanges est proportionnelle aux capacités physiques de chacun. Donc, il y a de nombreux paramètres à prendre en considération. Mais c’est vrai qu’on ressent une différence dans le besoin et l’utilisation d’un kiné sur une compétition entre les joueuses et les joueurs.”
Marcello Mariani et Beatriz Jimenez ont leur cabinet à Monaco : boulevard des Moulins.
L’interview au complet avec d’autres anecdotes amusantes :