Amélie Feaugas et  Mai Vo ont récemment réalisé un très beau tournoi lors de l’Open de Tennis Padel Soleil. Si Mai Vo est connue pour son jeu atypique et comme membre de l’équipe de France en 2018, Amélie Feaugas est inconnue au bataillon. Une nouvelle paire qui pourrait bien chambouler l’hégémonie du top 3 sur le circuit féminin.

Focus sur ces deux  joueuses au tempérament “fracassant”!

  • Votre parcours dans le tennis et le padel ?

Mai : J’ai commencé à fracasser des raquettes de tennis assez jeune. J’ai été jusque -4/6, mais j’ai bien joué assez tard quand je me suis légèrement assagie et que j’ai commencé à réfléchir sur le terrain.

Je me suis mise au padel en 2015 quand j’ai atterri à Perpignan pour les études. Dans les Pyrénées Orientales, tout le monde avait commencé à changer de tailles de raquettes. Du coup, comme il fallait bien faire quelque chose, je me suis faite embarquer par Emmelien Lambregts et Alain Henry dans le padel sans trop de résistance.

Je pense que si je n’avais pas été à Perpignan je ne me serais jamais mise aussi tôt dans le padel car j’adore toujours le tennis. Mais le tennis demande beaucoup de temps et un investissement physique important alors le padel c’est une bonne issue pour recycler des jeunes tennismen usés, et fainéants !

Du coup, après un an de padel débuté en 2015, je me suis rompue le croisé antérieur du genou. Donc j’ai pu reprendre au bout de 11 mois, j’ai fait une expérience à droite en 2017 avant de repasser logiquement à gauche, avec mon gabarit de taille, la saison dernière.

Amélie : beaucoup de tennis de 8 à 25 ans, âge de l’apogée avec un classement à -15. J’ai débuté le padel au sein d’un groupe de passionnés (et dingues) présidé par Frédéric Auru  (la FAPO), qui est également  membre de mon club de tennis.

C’est en remportant la Setteo Cup avec ce groupe en octobre dernier à Malaga que j’ai commencé à contracter le virus padel. Tout était réuni : l’ambiance, les résultats, la météo, les cocktails… 

  • Mai / Amélie, vous allez jouer ensemble en 2019 ? 

Mai : Si Amélie ne nous fait pas rater les avions ou autres pour aller sur les tournois, on devrait nous voir râler ensemble sur les terrains!

Amélie : aussi longtemps que je jouerai à droite .

  • Mai, le fait de changer de partenaire, il y a une raison particulière initialement ? 

Mai : Oui, Audrey Casanova est bien trop sympa. Du coup, à côté d’elle je passais tellement pour un petit dragon, que mon ego en a pris un coup et que j’ai préféré demander un divorce à l’amiable.

Plus sérieusement, la raison principale c’est surtout la distance. Les relations à distances sont compliquées et même dans le padel ! Etant à Bordeaux et Audrey sur Aix, on a joué ensemble seulement en tournois donc pas facile pour s’entraîner. De plus, pour la programmation des tournois, il est plus simple de les choisir en fonction de la distance. Audrey préfère aller jouer sous le soleil d’Aix en débardeur alors que j’ai un petit coup de coeur pour jouer en doudoune sous les couverts d’Angers.

Avant de jouer avec Audrey, je m’étais dit qu’après avoir joué un an avec une joueuse de Nice, j’arrêtais les relations à distance. Mais quand Audrey Casanova te propose de faire un tournoi voire la saison, tu ne peux pas refuser. Elle est adorable et padelistiquement, j’en parle même pas!
  • Racontez-nous votre histoire toutes les deux ?  

Mai : J’ai vu Amélie pour la 1ere fois à Malaga en octobre 2018 pour la setteo. Elle jouait pour un club bordelais (4PADEL Bordeaux) en catégorie cookies. J’ai aperçu une grande gigue postée au filet qui frappait tout de volée avec une massue en guise de raquette.

Et en novembre, il y a un P250 à Bordeaux que je n’avais pas spécialement prévu. Comme il y a avait pas mal d’équipes engagées, je me suis dit que j’allais le faire pour que ça fasse une paire de plus pour une fois qu’il y a autre chose qu’un P100 sur Bordeaux.

J’ai demandé à une pote qui était déjà inscrite et puis du coup j’ai fait du social en demandant à Amélie.

Résultat : un tournoi sympa avec une défaite en demi sur Léa (Godallier) et Nada (Majdoubi) en ayant quelques balles de match je crois…  La suite logique c’est l’addiction padelistique montante pour Amélie. Du coup, étant toutes les 2 sur Bordeaux avec l’envie d’envoyer des marmites sur le terrain, on s’est dit qu’on pouvait faire des tournois… 

Amélie : J’ai eu la chance d’être le second choix de Mai sur ce P250 à Bordeaux. Avec une telle partenaire, j’étais obligé de devenir accroc à ce sport. Depuis, on enchaîne  les tournois.

  • Des débuts très prometteurs… Vos résultats et surtout les plus récents avec cette finale à Beausoleil.

Mai : Oui déjà le 1er tournoi était plus que prometteur à Bordeaux en accrochant Léa et Nada avec si peu de padel pour Amélie. Ensuite on gagne un P250 sur Toulouse en battant Marianne et Charlotte Soubrié,  puis le P500 d’Angers en jouant quelques nanas aux alentours du top 20 je crois, à Lyon on fait super tie-break sur Jess (Ginier) et Fiona (Ligi)… 
Et là, en effet à Beausoleil on fait un très bon tournoi. On gagne 7/5 7/6 sur Léa (Godallier) et Melissa (Martin) en étant menées 5/2 au 1er. On s’éclate et on fait un très bon match de notre côté. De leur côté, ne les ayant jamais vu jouer ensemble, je ne peux pas dire si elles étaient en-dessous de leur niveau ou non. 
On passe très largement en demi (rire), 7/6 7/5 sur Line (Meites) et Géraldine (Sorel) qui ont très bien joué, on arrive à mieux jouer dans les moments importants.
Et en finale… défaite en 2 petits sets 6/3 6/3 sur Alix et Jess avec un milieu de match intéressant en terme d’intensité.
Je ne pensais pas qu’on arriverait si vite à ce niveau quand Amélie a commencé à comprendre mi janvier qu’il y avait des vitres autour d’un terrain de padel.
  • Après avoir jouée face à la paire 1 française… Vous vous dites, c’est prenable ?

Mai : Après avoir joué Alix et Jess, déjà Amélie se rend compte du niveau. Evidemment que je me dis que c’est prenable, mais bon je sais aussi qu’on peut prendre une raclée ou perdre sur des paires qu’on a déjà battues. 

L’an dernier, en les jouant avec Audrey, on se régale en finale des Championnats de France en faisant un super match assez accroché. A Beausoleil, on s’éclate aussi avec Amélie sur le milieu du match. Je n’ai aucun regrets sur ces matchs, on verra si ça passe ou non à un moment !

On sera sûrement attendues au tournant, mais sachant qu’Amélie a l’air d’être au moins aussi, voire plus, perfectionniste que moi, on sait qu il y a encore beaucoup d’heures d’entrainements à programmer avec le grand coach Gregory Monge et le petit Jorge! (Coachs à Bordeaux)

Amélie : Ce tournoi de Beausoleil m’a permis d’être confrontée à des jeux très différents et de me rendre compte du niveau à atteindre. Mai, sans surprise, est déjà au top. J’ai encore beaucoup de leçons à prendre avant de pronostiquer quoi que ce soit. La motivation est là en tout cas pour progresser. 

  • Au vu de ce début d’année, on a la sélection dans le viseur ? 

Mai : La sélection est encore loin et difficile. Il y a de plus en plus de nanas qui jouent et qui jouent de mieux en mieux. C est génial.

Mais en effet, une sélection supplémentaire en équipe de France, et d’autant plus avec Amélie, est un beau challenge. On va s’entrainer, s’éclater, envoyer des briques et on verra où ça nous mènera.

Amélie: pour l’instant, ce sont les vitres que j’ai dans le viseur !

Franck Binisti

Franck Binisti découvre le padel au Club des Pyramides en 2009 en région parisienne. Depuis, le padel fait partie de sa vie. Vous le voyez souvent faire le tour de France en allant couvrir les grands événements de padel français.