Stéphane Penso teste les Tecnifibre Wall Breaker !

Tecnifibre est une marque française qui, à ses débuts, s’est concentrée sur le squash (2001) et, après avoir fait ses preuves, a pu se lancer 3 ans plus tard sur le marché beaucoup plus prestigieux que représentait le tennis.

Actuellement, la marque qui a été rachetée en 2017 par Lacoste tente de s’imposer dans le padel grâce à la signature en début d’année 2022 de l’actuel numéro 1 français Benjamin Tison. Elle est également spécialisée dans les cordages (les fameux TGV en tennis et 305 en squash) et les machines à corder (ERGO), ainsi que, dans une moindre mesure, les balles, les grips et l’équipement textile, ce qui en fait une entreprise s’impliquant à 360° dans le monde des sports de raquettes.

Après avoir fait un tour d’horizon pour présenter la société, attardons-nous maintenant sur ce que tout le monde attend avec impatience, à savoir les caractéristiques techniques des palas.

Dans le padel, Tecnifibre n’est pas dépositaire de brevets farfelus, de certifications externes et autres licences exclusives. L’usine sait comment fabriquer des raquettes de A à Z et n’a nullement besoin de gonfler l’historique des technologies utilisées afin de tordre le cou aux “plus il y en a, mieux c’est”.

Voici le discours prôné par la marque : “Nous ne sommes pas dans le mass market et nous ne nous intéressons qu’aux vrais besoins des joueurs. C’est la raison pour laquelle nous pensons à la “technologie utile” à travers les raquettes. N’oubliez pas que la haute compétition a des standards qui ne conviennent pas à 99% des joueurs”.

Pour ses raquettes de padel, la firme a donc misé sur une forme en goutte d’eau afin de satisfaire le maximum de joueurs.

Voici les technologies utilisées :

Carbon Shield XTC : cadre et tamis en fibre de carbone combinés à des fibres tressées spéciales TEI permettant une absorption maximale des chocs lors de l’impact de la balle afin de vous apporter une puissance décuplée. De plus, la section tubulaire est renforcée par du graphite pour une meilleure résistance aux chocs et une excellente durée de vie.

– Noyau en gomme 20° Solide pour les 355 et 360, 16° Medium sur les 365 et 375.

– X-TOP : construction de tête de raquette améliorée pour une durabilité et une résistance aux chocs accrues grâce à un mix de fibres d’aramide les plus résistantes sur le marché, recouvertes d’un traitement PTFE afin de limiter au maximum l’abrasion.

Progressive Holes Diameter : modèle de perçage basé sur 3 tailles de trous pour augmenter le sweetspot. Vous aurez donc plus de précision sur les coups centrés, et (normalement) plus de tolérance sur les coups décentrés.

– D-Bridge : pont à 2 bras pour plus de stabilité et de rigidité. Le cœur de la raquette ne se tord pas à l’impact, et la restitution de la puissance n’en sera que plus fidèle.

– Spin Skin 3D : Le tamis est recouvert d’un relief “taillé dans la masse” pour une prise d’effets maximale.

Comme vous le voyez, la cosmétique reste sobre et contemporaine, le noir prédomine et le jaune s’intercale sur les faces, et seule la 375 bénéficie du logo TF rempli d’un gris psychédélique du plus bel effet. La dragonne qui équipe tous les modèles est du plus simple acabit, et la longueur du manche reste dans la moyenne.

J’ai donc eu les 4 modèles à disposition, scindés en 2 séries (joueurs débutants / intermédiaires (355gr et 360gr) & avancés / experts (365gr et 375gr).

Wall Breaker 375

Commençons avec la Wall Breaker 375, raquette choisie par Benjamin Tison.
C’est une pala qui a le poids réparti en tête, exigeante et intraitable. Le moindre coup décentré sera immédiatement sanctionné, c’est pour cela qu’elle est conseillée aux joueurs d’un excellent niveau.

J’ai été assez déconcerté par le bruit à l’impact, enfin, si je peux appeler ça du bruit, car il n’y en a pratiquement pas !

La gomme mid, le D-Bridge et le carbone tressé XTC forment un trio devinable qui procure à cette pala une rudesse que j’ai rarement connue ailleurs. Pour ne pas vous mentir, je pense même que c’est un des modèles les plus rigides que j’ai pu essayer depuis mes débuts !

En jeu, c’est sec, tranchant, et, on peut le dire, hyper efficace pour ceux qui sauront la dompter. A la volée c’est tout bonnement exceptionnel, avec une précision dantesque, on dépose la balle où on veut avec une facilité déconcertante.

Ça se complique dans les phases défensives, car la pala est assez lourde, et les faces étant dures, il faudra oublier de jouer avec le poignet et se concentrer sur le combo avant-bras/épaule et fournir un effort supplémentaire pour faire rejaillir la balle correctement.

Concernant les smashs, j’ai été légèrement désorienté. Ces derniers auraient dû être le fond de commerce de cette pala, mais honnêtement, j’ai été étonné de ne pas avoir réussi à envoyer les sacoches attendues comme j’ai pris l’habitude après plusieurs années de padel intensif et un jeu tourné vers l’ultra offensive.
J’ai l’impression qu’il faille impérativement toucher ce satané “punto dulce”, assez restreint pour une trop grande majorité de joueurs, afin d’espérer un rendement élevé.

N’est pas Benjamin Tison qui veut, et j’ai bien conscience qu’avec ce genre de modèle, je suis limité par mon niveau et, par extension, je ne peux pas m’exprimer convenablement car le moindre faux-pas est immédiatement sanctionné. C’est donc une pala pointilleuse et il faudra “un bras” pour la dompter correctement.

Wall Breaker 365

J’ai plus apprécié la petite sœur Wall Breaker 365, à technologie identique, à un détail près, et pas des moindre, elle est dotée sur les faces, de Carbone à Haut Module (High Modulus), ce qui lui confère une rigidité encore plus éclatante.

Il existe différentes qualités de fibres de carbone :

– Haute résistance / Module standard (HS), la nuance la plus courante
– Module intermédiaire (IM)
– Haut module (HM)
– Ultra haut module (UHM)

HM (Haut Module). Des fibres « haut de gamme » à la rigidité optimale, environ le double de celui des modules standard. Les fibres HM permettent d’ajouter beaucoup de rigidité avec moins de poids pour optimiser la transmission de la puissance.

Voici ce qu’en dit la marque : Les fibres qu’emploient Tecnifibre représentent le grade le plus élevé. Elles sont supérieures aux fibres classiques tout en étant plus légères, grâce à leur résistance supérieure en traction et en compression.

La fibre de carbone est évaluée pour sa résistance à la torsion. Plus le module est élevé, plus il est rigide. Dans le domaine du sport, le High Modulus est le grade le plus haut que l’on puisse trouver (Formule 1, vélo, voile et aujourd’hui padel).

Il existe un grade plus élevé (UHM – Ultra Haut Module), qui est réservé à l’industrie spatiale et militaire).

Mais revenons à notre Wall Breaker 365.

C’est fou comme 10 grammes peuvent faire la différence ! On se sent plus en sécurité, il y a beaucoup moins d’appréhension dans les frappes, et comme la raquette est plus maniable, on est encore plus précis dans nos coups.

C’est un modèle céleste et complet qui ravira le plus large spectre de joueurs, ceux qui recherchent de la maniabilité couplée à de la réactivité sans perdre en puissance. Paradoxalement, par rapport à la 375, je me sentais plus accompli dans les smashs, et j’ai ainsi pu retrouver le feeling et la puissance qui me faisaient défaut.

C’est toujours extrêmement rigide et légèrement moins stable que la 375 quand on doit affronter les missiles adverses.

Elle est également plus manœuvrable en défense, et permettra plus de coups qui nécessiteront de jouer avec le poignet (amis “squasheurs” bonjour). Plus facilement apprivoisable et plus captivante que la pala choisie par notre numéro 1 français, elle est, d’une large tête, mon coup de cœur de la série Wall Breaker.

Wall Breaker 355 et 360

Les 355 et 360 sont quant à eux 2 modèles ultras accessibles, légers et récréatifs, qui permettront à ceux qui sont en phase de découverte, comme aux plus adroits, de jouer avec des palas extrêmement homogènes au niveau de la maniabilité.

Elles ne bénéficient pas des technologies mises en avant sur la gamme supérieure, à savoir Spin Skin 3D, D-Bridge, Progressive Holes, Carbone HM ou XTC et X-Top, ce qui permet de jouer dans des conditions détendues avec des références « qui font le taf ».

Le cadre est en graphite afin d’offrir plus de légèreté, de souplesse et d’agrément. Les faces sont également composées de graphite, matériaux plus léger que la fibre de carbone, qui amènera une puissance plus maitrisable, un meilleur confort de frappe, et une sortie de balle supplémentaire dans vos coups.

La gomme 20° Solide et le poids en tête est un choix audacieux pour des raquettes dont le cœur de cible est les joueurs qui aiment les palas bienveillantes, à savoir les juniors, la majorité des femmes, et ceux souffrant du coude, mais nul doute qu’elles trouveront leur public auprès d’une niche d’irréductibles.
A noter que paradoxalement, la 360 a l’équilibre le plus haut de toute la gamme (275mm).

Conclusion

Après plus d’un mois à éplucher ces 4 modèles, le constat est unanime ; la rigidité à l’impact est extrêmement considérable, ce qui a pour résultat d’avoir des palas très réactives et précises, mais aussi minutieuses et intraitables (365 & 375).

Le département Recherche & Développement de chez Tecnifibre a su harmoniser les différentes technologies employées.

Une gomme medium et 2 familles de carbone extrêmement rigides pour la 365 et 375, avec un équilibre à 270mm. Et une gomme dure dans le cœur et du graphite sur les faces (355/360) afin d’avoir une cohésion optimale (la 355 ayant l’équilibre le plus bas à 265mm).

Les Wall Breaker 355 et 360 sont des modèles plaisants qui seront appréciés par les joueurs débutants à intermédiaires en cours de perfectionnement, à la recherche d’une référence assez maniable et légère pour finir les points avec simplicité, mais qui souhaitent néanmoins jouer avec une gomme compacte et un équilibre élevé pour cette gamme de produits.

Les références 365 et 375 sont des palas qui seront sélectionnées par les joueurs confirmés à professionnels avec un jeu porté sur l’offensive et qui recherchent un modèle puissant pour finir les points avec autorité.

Ces palas font partie des plus stables du marché, en volée/volée elles ne bronchent pas, et sont également dans le trio de tête des raquettes les plus réactives que j’ai pu tester cette année. Les aficionados de la rigidité ainsi que les compétiteurs de haut vol se régaleront avec ces deux produits qui font d’ores-et-déjà références en matière de punch et de justesse.

Un énorme merci à Patrice Chabrel (chef produit) qui a répondu depuis Taïwan à la vingtaine de mails envoyés, ses précisions techniques m’ont été d’une grande utilité !

Et merci également à mon fidèle partenaire French Padel Shop (Ju & Manu), sans qui rien ne serait possible !

Publié par
Stéphane Penso