Devant l’affluence actuelle d’offres de terrains de padel, il est difficile pour un profane de déterminer les critères de différenciation entre les propositions. On va essayer de vous donner quelques indications qui vous permettront de ne pas uniquement vous focaliser sur le chiffre en bas à droite. Dites-vous bien toutefois qu’une différence de prix est « normalement » due à une différence de qualité.

Demander le prix d’un court c’est comme demander le prix d’une voiture ! Que voulez-vous ? Un 4*4, un SUV, une citadine, diesel, essence… ? Et pourtant rien ne ressemble plus à un court de padel qu’un autre court de padel, mais en s’y penchant de plus près, vous allez voir qu’il existe des différences fondamentales !

André Lafenetre du journal Sports région tente de répondre à nos questions :

Qu’est-ce qu’un « bon » court de padel ? Quels sont les critères de choix ? On va essayer de vous aiguiller.

Quelles sont les premières questions à se poser ?

Le premier paramètre à considérer est le lieu d’implantation de votre court et particulièrement s’il sera en indoor ou en outdoor. Il est évident qu’un court intérieur ne subit pas les mêmes contraintes notamment en termes d’exposition au vent ou d’intempéries.

La base des deux modèles est toutefois similaire : c’est donc l’assemblage d’une structure métallique avec des parois de verre.

Parlons de la structure métallique…

Les courts sont très majoritairement réalisés en acier qui doit être, en premier lieu traité contre la corrosion. La première grande « confusion » actuelle tient en ce point puisque la très très grande majorité des courts implantés ne sont pas traités correctement. Il existe plusieurs types de traitements nommés galvanisation. Il y a la galvanisation très bas de gamme, que je vois beaucoup, qui consiste à « peindre » « à chaud » une couche de zinc destinée à protéger l’acier… C’est une fourberie qui n’a une durée de vie que de quelques mois… Cela fait cher l’investissement !

La vraie galvanisation dite à chaud consiste à tremper l’acier dans un bain de zinc à des températures très élevées et à générer une réaction chimique qui fixe une couche protectrice. Même dans la galvanisation à chaud il y a notamment deux méthodes, l’une, moins onéreuse, consistant à traiter l’acier en amont de la fabrication des pièces ce qui génère des dégradations de la protection lorsqu’on usine, l’autre, l’idéale qui consiste à tremper toutes les pièces fabriquées dans ce fameux bain qui présente la meilleure garantie de longévité du métal. Malheureusement, la très grande majorité des courts actuels ne bénéficient pas de cette méthode, le parc actuel notamment outdoor va vieillir à la vitesse grand V, on le voit déjà malheureusement. Pour être transparent, une galvanisation à chaud c’est environ 3500 € pour un court, c’est un budget, mais sur un investissement de plus de 20 000 € ne pensez-vous pas que la durée de vie de votre court est une donnée essentielle ?

La problématique est similaire pour la coloration du métal, même si l’idéal serait de le laisser « métal galvanisé ». La tendance aujourd’hui est d’avoir des courts de couleur. La peinture doit consister en un thermolaquage cuit au four, mais, j’insiste, la peinture ne protège pas des affres du temps.

C’est le seul critère pour la structure ?

Non, bien sûr, un court de padel doit être étudié par un bureau d’étude, des notes de calculs sont nécessaires à sa conception, vous êtes en droit de les demander ! Vous risquez d’avoir des surprises… Ils doivent résister aux chocs, à la charge, et pour les courts outdoor notamment aux vents. Il existe une carte des vents qui découpe la France en régions et impose des normes différentes. Ces études déterminent : les éléments de fixation au sol, (mais c’est un autre débat dont nous parlerons une autre fois), la conception du court et la section des poteaux et traverses. Vous devez obtenir ces notes de calcul pour les présenter au bureau de contrôle et à votre assureur.

L’épaisseur de l’acier est bien sûr importante, on voit du 2 mm (ou moins), c’est de la folie; la bonne épaisseur sera de 3 mm. La section des poteaux peut être différente en fonction des emplacements, 120*60 pour les plus importants notamment en support des verres, 80*40 pour les autres. Encore une fois, le court outdoor est plus sensible à ces données puisqu’exposé aux intempéries. On constate actuellement de nombreuses casses de verres, cela est dû à la structure du court qui n’est pas correcte.

Je tiens également à préciser que les verres de 3 m* 2m sont une mode et que d’autres solutions apportant de nombreux avantages, en termes de sécurité et de facilité de pose, existent.

Vous soulevez souvent un point grave concernant la sécurité pour les joueurs ?

Le point le plus épineux reste la résistance aux chocs. Il existe actuellement un flou non pas juridique, mais contextuel, dont la FFT ne semble pas se soucier encore, mais qui un jour ou l’autre va exploser à la figure d’un club. En effet, la loi française est claire, tout environnement de verre et de métal accueillant du public doit faire l’objet d’un test de résistance, cela parait logique, cela l’est pour la fédération de squash ou le bâtiment qui l’imposent, cela ne l’est pas dans le padel ! Mais le plus inquiétant c’est que les usines espagnoles visitées affirment que leurs courts (panoramiques) ne résisteraient pas à ce test et que le court « exploserait ». Je dis donc que, sciemment, constructeurs et autres institutions ferment les yeux sur un danger qui pourrait blesser grièvement un joueur adulte ou enfant… Que chaque constructeur fasse ce test sur ses courts afin de prouver qu’ils sont conformes à la loi !

Et pour ce qui concerne les verres ?

Le cahier des charges de la FFT est clair, il doit être trempé et d’une épaisseur de 10 mm pour un court classique. On parle de 12 mm pour un panoramique, mais personne ne prouve que ce type de court soit conforme à la législation française.

Il existe divers types de verres, attention aux provenances… mais beaucoup des constructeurs présents sur notre territoire travaillent avec les leaders que sont AGC ou StGobain. Un point important toutefois, il existe une qualité de verre qui subit un test dit HST qui élimine tous les verres ayant une anomalie (et il y en a !). Encore une fois, c’est plus cher, mais l’écart de prix s’en trouve vite réduit en cas de casse.

Parlons prix et alertes !

On ne parle aujourd’hui que des composantes métal et verre, ni des fondations et du sol, pourtant essentiels pour un bon court, ni du revêtement de jeu, ni de l’éclairage, sur lequel il y a beaucoup à dire également, nous en parlerons une autre fois.

Il y a quelques éléments que nous n’avons pas évoqués, les éléments de sécurité pour les joueurs, notamment les grillages treillis soudés, mais surtout la visserie et la pose.

Pour la visserie, il y a comme pour les autres points, du mauvais et du bon. Or, c’est un élément essentiel et fragile du court. Je vois là des différences conséquentes entre les constructeurs, sachez qu’un lot de visserie et joints de qualité coûte plus de 1500 € pour un court, je vois souvent des produits à moitié prix ! Un exemple tout bête, les cornières qui constituent le support des verres sont malheureusement souvent de la tôle pliée de moins de 3 mm, cela fait peur, vous pourriez la tordre à la main s’il n’y avait pas le verre ! La règle de l’art conseille vivement de travailler avec des pièces usinées et destinées à cette fonction !

Enfin, la pose est un des éléments les plus importants de votre acquisition, qui pèse dans le budget, mais qui sera la garantie de votre quiétude à venir. Outre les points de légalité concernant le chantier et ses intervenants… la pose nécessite minutie afin de rattraper les décalages de niveaux du sol, la bonne mise en place des verres et de leurs fixations. C’est environ 20 % du budget d’un court.

D’autres alertes ?

Pour bien comprendre comment est déterminé le prix d’une enceinte de métal et de verre, si on occulte la valeur de l’étude précédant la construction, il y a le métal qui a un coût à la tonne, son usinage et son traitement, ses accessoires, le verre, le transport et la pose.

En économisant sur la section des poteaux ou l’épaisseur de l’acier, on gagne en poids donc en coût, mais on perd lourdement en qualité et pérennité… idem pour les autres postes, le prix est donc souvent corrélé à la qualité de votre achat, il n’y a pas de secret ! La bonne affaire c’est lorsqu’on achète un court de qualité, au bon prix. Ramenez la différence qu’il peut y avoir aux années d’exploitation supplémentaires, à l’image de votre club, aux pertes d’exploitation en cas de casse et pire aux accidents potentiels en cas de court défaillant.

Attention également à une pratique frauduleuse (vue) si vous êtes une association, non soumise à TVA et donc sans numéro intracommunautaire, la facturation ne peut être réalisée en hors taxe ! Vous êtes solidairement responsable du vendeur vis-à-vis du fisc et cela peut vous coûter très cher !

Les offres chinoises ou exotiques, faut il s’en méfier ?

En principe grandement. Oui, les prix sont souvent très bas. Mais la qualité l’est tout autant. Êtes vous prêt à sacrifier votre club pour avoir un outil de travail de qualité médiocre ? Les Kits de terrains de padel qui sont proposés ici ou là ne sont pas conseillés. D’abord parce que là aussi la qualité n’est pas forcément là. D’autre part, il est rappelé que la pose des terrains de padel fait partie des prérogatives et d’un savoir-faire d’un VRAI constructeur.

André Lafenetre – Article publié dans le prochain journal Sports région

Franck Binisti

Franck Binisti découvre le padel au Club des Pyramides en 2009 en région parisienne. Depuis, le padel fait partie de sa vie. Vous le voyez souvent faire le tour de France en allant couvrir les grands événements de padel français.