Jesús Moya : “Je ne savais pas si je pourrais rejouer au padel un jour”

Padel Magazine part à la rencontre de l’un des joueurs les plus prometteurs du World Padel Tour, Jesús Moya Sos. Originaire de Melilla, ce personnage très attachant est déjà 29ème au ranking du WPT malgré ses 21 ans ! Et ce en ayant été écarté des pistes pendant plus d’un an à cause de problèmes de santé, il nous raconte son histoire.

A seulement 16 ans, il bat deux stars du World Padel Tour

Padel Magazine : Jesús, pour commencer, peux-tu nous raconter un peu tes débuts dans le padel ? A quel moment as-tu compris que tu pourrais devenir professionnel ?

Jesús Moya : J’ai commencé à jouer au padel quand j’avais 5 ans. A ce moment là je jouais déjà au tennis et au football, et j’adorais ces deux sports. Mais mes parents ont toujours joué au padel, donc c’était naturel de m’y mettre. Mais au final je crois que je préférais le tennis et le foot ! Du coup je me suis mis à faire ces trois sports en même temps. J’avais tellement d’énergie que ce n’était pas un problème de faire trois activités à la fois !

Très tôt, Christian Volpe, un coach de padel bien connu, qui travaille aujourd’hui pour le World Padel Tour, m’a proposé de m’entraîner car il pensait que j’avais du potentiel. Je me souviens d’un tournoi à Melilla où jouaient plusieurs professionnels, et j’ai gagné le titre avec Uri Botello. Nous avons battu Juan Martin Diaz/ Sebastian Nerone, et Alvaro Cepero/Maxi Grabiel le jour suivant ! C’était fou ! J’avais 16 ans à ce moment là, et c’est là que j’ai vraiment compris que j’avais une chance de devenir professionnel. Je venais juste de partir vivre à Malaga pour m’entrainer et je me suis dit que j’avais fait le bon choix !

Padel Magazine : Aujourd’hui tu fais déjà partie du Top 30 avec ton coéquipier Francisco Gil. Quel sont tes objectifs à court et long terme ? Tu te vois dans le Top 20 prochainement ?

Jesús Moya : Aujourd’hui mon objectif c’est de m’améliorer petit-à-petit. Le ranking ce n’est pas si important que ça, ça s’actualise toutes les semaines et ça ne reflète pas forcément le niveau de jeu. Pour moi ce qui compte vraiment actuellement c’est de progresser, de bien jouer. Finalement, parfois tu peux mal jouer et gagner des matchs, et bien jouer et perdre. Par exemple, j’ai mal joué pendant le Challenger d’Alfafar mais nous avons quand même fait une demi-finale, ce qui est un bon résultat ! Et une fois que tu es dans le tableau principal, ça dépend forcément un peu du tirage au sort. Donc pour le moment, l’objectif premier c’est de m’améliorer jour après jour.

Ensuite, oui, mon objectif, à très long terme disons, c’est d’être un jour numéro 1. C’est ce qui motive à s’entraîner à fond tous les jours !”

“J’aurais pu y rester”

Padel Magazine : Alors que tu étais sur une pente ascendante, tu t’es retrouvé en 2019 à faire une saison blanche à cause de problèmes de santé. Peux-tu nous en dire plus ?

Jesús Moya : “En 2019, je suis parti sur Madrid pour m’entrainer. On commençait tôt le matin, il faisait froid, et j’avais l’impression d’avoir perdu de la force dans la main, j’avais mal aux doigts. Mes collègues me chambraient ils disaient que c’était parce que je venais de Melilla et que je n’étais pas habitué au froid ! Je suis allé chez le kiné, il m’a dit que j’avais certainement une tendinite au niveau du poignet. Je continuais à m’entrainer tout en faisant des séances pour traiter la tendinite mais c’était de plus en plus dur, les douleurs ne passaient pas. Ça a tellement empiré que je suis arrivé à un moment où je ne pouvais même plus couper une tomate !

Finalement j’ai passé des examens plus approfondis qui ont révélé que j’avais une thrombose au niveau du poignet. J’ai dû rentrer à Melilla pour me soigner. Les médecins m’ont dit que je ne pouvais plus continuer à m’entraîner. Je prenais de l’héparine mais ça ne passait pas vraiment. Ce n’était pas facile, j’étais habitué à faire du sport sans arrêt et là je tournais en rond, et j’étais préoccupé pour ma santé. J’ai dû aller dans plusieurs hôpitaux différents pour consulter des spécialistes, faire des tests, essayer de comprendre pourquoi ça ne passait pas.

Puis un jour, lors d’une échographie, on s’est rendu compte que j’avais en fait deux autres thromboses plus haut dans l’avant-bras. On a fini par voir que j’avais un anévrisme au niveau d’une artère plus haut qui provoquait toutes ces thromboses. Heureusement qu’on s’en est rendu compte suffisamment tôt car j’aurais pu y rester, vraiment. J’ai dû me faire opérer mais ce n’était pas sans risque, mes parents étaient très inquiets. Ça été une année vraiment difficile pour tout la famille.

L’opération s’est bien passée et ensuite j’ai passé deux mois à faire des séances de récupération deux fois par jour. J’avais mal, je n’avais plus de force dans le bras droit, mais je voulais absolument pouvoir rejouer au padel. J’ai passé un temps fou en salle de musculation, et j’ai fini par récupérer la force. J’ai donc pu revenir petit-à-petit au padel !”

“Transmettre ma passion”

Padel Magazine : Tu es un joueur puissant, agressif. D’où te vient ce style de jeu ? Quels sont les joueurs qui t’ont le plus inspiré étant jeune ?

Jesús Moya : “Mon joueur préféré depuis petit c’est Juan Martin Diaz, mais je dirais que le joueur qui m’a le plus inspiré quand j’étais jeune, c’est Lamperti ! Un joueur qui fait le show sur le court, très charismatique, et forcément avec un très gros smash !

Aujourd’hui, j’adore Paquito Navarro, parce qu’il a un truc que les autres n’ont pas. Il met une passion incroyable ; il a une manière de se motiver bien a lui. Et j’adore son jeu forcément, il est très fort, très talentueux.”

Padel Magazine : Tu es forcément un peu jeune pour penser à la retraite, mais as-tu déjà une idée de ce que tu voudras faire après ta carrière de joueur ?

Jesús Moya : “Moi j’aimerais être entraineur, transmettre ma passion pour le sport. Cela va vous paraître fou mais je me vois bien coach de basket. C’est ce que j’adorerais. Je suis la NBA tout le temps. Mais forcément le plus logique ce serait d’être professeur de padel, ce qui me plairait évidemment aussi.”

Jesús au premier plan avec son porte bonheur, un maillot de Kobe Bryant

“De manière générale, je m’intéresse à des tas de choses, la psychologie notamment. Je lis des livres là-dessus, je trouve ça très intéressant de pouvoir comprendre et aider les autres. Pour moi, la vie ce n’est pas faire les choses dans son coin en ne pensant qu’à soi. J’ai besoin d’aider les gens, d’apporter quelque chose aux autres pour pouvoir être heureux. Donc forcément, après le padel je voudrais faire un travail qui me permette de m’épanouir dans ce sens.”

La Starvie Kraken Pro, pour un contrôle exceptionnel

Padel Magazine : Pour finir, on va parler un peu de ta raquette, la StarVie Kraken Pro, qui se distingue par son épaisseur réduite (26mm contre 38mm pour la plupart des modèles). Que t’apporte cette pala particulière ?

Jesús Moya : Cela fait bientôt 2 ans que je suis avec StarVie . L’an dernier on m’a donné plusieurs palas à essayer. J’aime bien tester des nouvelles choses, je ne reste pas dans la routine. Et là j’ai vu cette pala plus fine…

“J’ai joué au beach-tennis quand j’étais adolescent, et la Kraken m’a vraiment fait penser à une raquette de beach, donc j’ai tout de suite voulu l’essayer…et j’ai directement accroché ! En étant plus légère, elle m’offre un maximum de précision. Je ressens vraiment un contrôle excellent. J’aime bien pouvoir tenter des choses depuis le fond de la piste et la maniabilité de cette pala est vraiment parfaite pour ça !”

Publié par
Xan Tafernaberry