Dans le sport en général, il arrive souvent qu’on oppose le privé au public. Le padel n’échappe pas à la règle. Sauf que dans cette opposition, un acteur peut faire pencher la balance : La Fédération Française de Tennis.

Son rôle est central, et certainement encore plus, dans un sport jeune comme l’est le padel. On va essayer prendre le pouls sur ces différents acteurs du padel.

Les clubs de padel privés, des précurseurs ?

Le club privé, c’est le club de padel qui développe sa structure avec des moyens financiers dont la provenance est privée ou en très grande partie. Ces investisseurs croient en ce sport et mobilisent donc leur propre fond pour espérer avoir un retour sur investissement à terme.

L’autre point à ne pas négliger : Les charges. Forcément, lorsqu’on est un club privé, il va falloir supporter le foncier ou encore une mensualité, un loyer qui vient le plus souvent prendre un poids très important à la fin de l’année au moment de faire les comptes.

John Berenbaum, l’un des co-fondateurs du club de padel de Bois d’Arcu, le Padel Club, nous explique que “créer un club, gérer un club, c’est une aventure humaine, mais c’est aussi un grand risque pour tous les investisseurs, car nous partons de presque 0 en France. On fait un pari sur l’avenir tout en assumant tous les coûts

Thibault Nollet, l’un des fondateurs de Padel Attitude, a lui aussi son avis sur la question : “Nous sommes aujourd’hui des précurseurs. Nous investissons beaucoup dans le club, pour bien accueillir les joueurs, mais nous nous investissons également énormément dans la communication de ce sport. Aujourd’hui, il y a une seconde vague de clubs qui viennent profiter de notre travail et c’est tant mieux. Mais il reste encore beaucoup à faire.

Le gérant de All In Padel Sports à Aix-en-Provence, Stéphane Massot, explique également qu’il “ne faut pas sous-estimer le temps pris pour organiser toute la semaine des parties pour ses joueurs. Car un club de padel, ce sont des personnes qui vont se concentrer à 100% sur la vie du club.

Les clubs municipaux, un atout pour le développement du padel ?

Depuis 1 ans, on voit de plus en plus de clubs de tennis municipaux rattachés à la FFT se lancer dans le padel. Forcément, on est ravi de voir tous ces clubs y croire. Et on va voir que  de nombreuses questions et prérogatives peuvent s’imposer (pas tout le temps, il est vrai) aux clubs municipaux.

D’abord, certains clubs sont obligés d’attendre très longtemps pour obtenir les budgets. Parfois même, c’est le club qui s’endette, au même titre qu’un club privé. Catherine Lefèvre, la Présidente de l’US le Pecq, nous le dit sans détour : “Je comprends parfaitement la tension qu’il peut y avoir chez les privés. Mais dans notre club, il y a également beaucoup d’investissements de toute l’équipe. Et il faut aussi animer, donner des cours pour faire vivre le padel. Il y a aussi des investissements ou des emprunts consentis pour faire développer le club sportif. Et ce n’est pas facile“.

Ce qui est évident : Rien n’est simple. En revanche, “le point qui peut effrayer“, ce sont les clubs municipaux qui vont proposer des tarifs  “cassés” à l’année. Parfois même, “les joueurs du club se voient automatiquement inclure du padel en illimité grâce à leur abonnement annuel de moins de 300€”.

Ces tarifs bas proposés par certains clubs, sont-ils des freins au développement du padel ?

Alain Henri, l’un des gérants au célèbre club du Mas à Perpignan, nous explique que “l’objectif est de créer du joueur et non d’en prendre aux autres clubs. Nous investissons beaucoup sur place dans la communication et la promotion du padel. Cela fait des années. Perpignan est une région où le padel s’est fortement développée. Mais est-ce que la demande padel s’est développée  autant que l’offre ? Est-ce que les joueurs qui débarquent dans ces clubs dont le prix est cassé est bon pour notre sport ? Je ne le crois pas. “

La Fédération Française de Tennis s’adresse à tous les clubs

Hubert Picquier, l’élu en charge du padel, est revenu sur ce sujet qui ne date pas d’hier :

Il peut y avoir une forme d’oppositions privés / municipaux. Mais la FFT met tout en oeuvre pour que les clubs dans sa globalité puissent vivre ensemble et surtout développer le padel dans une bonne intelligence. Le rôle de la FFT entre autre est de coordonner et de maîtriser ce développement du padel pour que tout le monde soit gagnant.

Les clubs privés ont la possibilité parfois d’accueillir des événements d’envergure. Mais le développement du padel dans les clubs municipaux permet aussi de démocratiser ce sport sur toute la France.

Un thème qui n’a pas fini de faire débat.

Encore une fois, il ne faut surtout pas tomber dans la caricature. Surtout qu’en fonction des zones géographiques, les expériences sont souvent différentes. En revanche, on peut admettre d’abord que les clubs privés ont investi massivement depuis plusieurs années maintenant dans le padel.

On a vu aussi des clubs privés se griller les ailes, mais on doit admettre que grâce à ces précurseurs, le padel en est là en grande partie pour ne pas dire exclusivement que grâce à eux.

Les choses ont ces dernières années, énormément évolué en France comme en Europe. Le phénomène padel est loin de se limiter qu’ à nos frontières.

L’un des atouts du développement du padel dans les clubs municipaux, c’est la démocratisation de ce sport et le maillage du padel sur toute la France. Aujourd’hui, c’est devenu difficile d’éviter des régions où il n’y a pas de padel. Et on ne peut que dire merci à tous ces clubs qui se lancent dans le padel.

Franck Binisti

Franck Binisti découvre le padel au Club des Pyramides en 2009 en région parisienne. Depuis, le padel fait partie de sa vie. Vous le voyez souvent faire le tour de France en allant couvrir les grands événements de padel français.