Audrey Casanova est une joueuse extraordinaire par sa modestie et son dynamisme dans le monde du padel. Multiple championne de France, vice-championne d’Europe de padel, elle nous raconte ses changements, ses ambitions.

On parle de celles et ceux qui partent en Espagne mais pas de celles qui restent en France…

Partir en Espagne est un beau projet, mais ce n’est pas donné à tout le monde. Au-delà de la motivation, du courage, de l’envie, il faut avoir les moyens financiers d’y aller. Je ne sais pas si vous avez déjà chiffré une saison sportive en Espagne en jouant le jeu à fond… Je souhaite bonne chance à Laura Clergue, ma partenaire qui bataille à Madrid pour tenter de faire partie des joueuses du World Padel Tour. Il en faut du cran pour quitter sa famille, ses amis, sa vie professionnelle mais le paramètre financier est très important selon moi dans ce projet.

Il est possible de trouver d’autres moyens de progresser avant d’envisager rejoindre le meilleur niveau mondial, surtout pour une femme, à mon sens.

Qu’as-tu changé dans tes entraînements ? Quel est ton programme en France ?

Depuis que Laura est partie (janvier 2017), j’ai changé ma façon de m’entraîner. Je faisais avant énormément de parties avec des joueurs masculins, peu d’entraînements à 2, sans véritable entraîneur fixe. Désormais, je prends des cours avec José Luis Salines, un entraîneur espagnol, je m’organise du travail de répétition, de gammes, avec des joueurs du club motivés. J’ose taper la balle de temps en temps  avec des joueurs de très bon niveau français comme Laurent Boulade.  Je m’entraîne assidûment sur le plan physique, avec un préparateur physique (Julien Leroy). Je travaille la tactique à l’aide de vidéos. Enfin, j’ai changé ma façon de m’alimenter et consulte un kiné en prévention. Le petit bémol se trouve dans les compétitions en France, un peu restreintes chez les femmes…

Aimerais-tu avoir la possibilité d’intégrer des tournois messieurs homologués ?

J’aimerais beaucoup avoir la possibilité de participer aux compétitions masculines homologuées. Les tournois féminins sont rares, les tableaux sont peu étoffés (difficile de réunir plus d’une douzaine de paires même pour un P1000), et les participantes sont les mêmes. Rencontrer des adversaires différents en compétitions officielles contribue grandement à la progression du joueur. En Espagne, les filles ne rencontrent pas ce problème, elles sont vraiment avantagées par rapport aux Françaises.

Le padel féminin progresse, mais y trouves-tu ton compte ?

Je suis heureuse de voir que le padel évolue en France. Des Espagnol(e)s viennent d’ailleurs de plus en plus jouer en France les compétitions. Ces 2 dernières années, je trouve qu’il y a une énorme progression (depuis l’ère FFT). Il y a, je pense, toujours un déséquilibre Nord/Sud au niveau du développement de ce sport qu’il faudrait parvenir à corriger. De plus en plus de circuits se créent avec des étapes sur toute la France. Très prochainement, il va y avoir de grands projets de padel qui vont voir le jour notamment avec la nouvelle équipe à la tête de la FFT et je m’en réjouis d’avance. Le padel féminin reste cependant encore à développer.

Propos recueillis par Franck Binisti
Franck Binisti

Franck Binisti découvre le padel au Club des Pyramides en 2009 en région parisienne. Depuis, le padel fait partie de sa vie. Vous le voyez souvent faire le tour de France en allant couvrir les grands événements de padel français.